vendredi 22 novembre 2024
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FOCUS : L’audace de secouer le cocotier

Ils jubilent ! Et ils n’ont pas le triomphe modeste parce que leur champion a retrouvé son bien ! Oui, à les écouter et à les lire, le football malien est une propriété privée de leur «Général», une orange qu’il est libre de partager avec qui il veut et d’exclure ceux sans qui il n’aurait jamais réussi à se hisser sur ce trône.
Sur les réseaux sociaux, certaines attaques contre ceux qui ont soutenu la décision du gouvernement de dissoudre le Comité exécutif sont à la limite de l’injure, de l’indécence.
Pour les partisans du président de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), cet accord est loin d’être un camouflet. C’est une victoire même large. Le fait que ce dernier revient pour 45 jours (au maximum) suffit à leur bonheur. Peu importe à quel prix. Mais, à observer de près, ce retour est un camouflet pour le Général et ses mercenaires, notamment ceux de la plume. Des laudateurs incapables d’une analyse objective.
En effet, avec cet accord, les suspensions sont levées, le collectif des ligues et clubs va retirer sa plainte au TAS, le ministre des Sports annule ses deux décisions (dissolutions du C.E de la Femafoot et création du Conor), Baba organise au plus tard le 12 juin une Assemblée générale extraordinaire pour se démettre et laisser la place à un CONOR sous la supervision de la FIFA…
Sans compter que Cheick Kanté et Mamadou Sow sont maintenus respectivement à la tête des ligues de Kayes et Ségou. Et les élections de la ligue de Bamako vont être reprises. Quant aux clubs illégalement montés en ligue 1 (LCBA, US Kita), leur sort est laissé aux soins du futur Comité de normalisation (CONOR).
A part peut-être le retour de Boubacar Baba Diarra pour 45 jours, y a-t-il ici une disposition pouvant être un motif de démission pour le ministre des Sports ? Et même là le ministre a toujours soutenu, même après la dissolution, que si des garanties sont obtenues pour «le retour de la quiétude et de la stabilité», il n’hésiterait pas à revenir sur sa décision. Ceux qui ont suivi son récent passage dans l’émission de CANAL+ peuvent en témoigner.
Ce que ses partisans ne disent pas à l’opinion, c’est que Baba a accepté aujourd’hui ce que presque toutes les médiations lui avaient proposé (le CNOSM, les religieux et familles fondatrices de Bamako, le CNJ, la CAFO et l’Assemblée nationale…). Mais, il avait toujours refusé et a toujours défendu son maintien jusqu’à la fin de son mandat, en octobre prochain.

La décision courageuse de Poulô a fait bouger les lignes
Et pourquoi il a signé aujourd’hui ? Baba le sait et nous le savons. Secret d’Etat ! Mais, toujours est-il que c’est la décision du ministre des Sports qui a permis de faire bouger les lignes, de contraindre le C.E dissout et les «Frondeurs» (Collectif des clubs et ligues majoritaires) à signer ce compromis. Elle a mis chacune des parties devant sa responsabilité de priver ou non des jeunes de leur passion, le football.
Nous nous refusons de réduire cette crise à un bras de fer entre deux hommes, Housseini Amion Guindo dit Poulô et Boubacar Diarra dit Baba. Et cela d’autant plus que le gouvernement n’est réellement entré dans la danse qu’après avoir constaté que le fossé ne cessait de s’élargir entre les deux parties et que toutes les médiations avaient échoué.
Et si quelqu’un doit jubiler, c’est le ministre des Sports parce que la décision du gouvernement de dissoudre le comité exécutif a quand même permis d’aplanir les différends et de rapprocher les positions pour repartir sur des bases qui, à défaut d’être saines, sont acceptables pour toutes les parties. Celles-ci ont enfin compris qu’elles devaient accepter ce gentlemen agreement ou disparaître toutes les deux à jamais.
La volonté du ministre des Sports n’a jamais donc été d’éjecter le président à tout prix ou de combattre un homme, mais de mettre fin à la chienlit qui s’opérait dans notre football. Et il savait pertinemment que secouer un cocotier dont les noix sont pourries comportent des risques pour la tête de celui qui le secoue.
Mais, il n’a pas hésité à le faire quand il l’a jugé opportun et indispensable. «Après toute tempête, y a le calme», nous a-t-il fréquemment rappelés quand nous attirions son attention sur les conséquences de ce mal nécessaire.
Sa décision, comme l’a souligné sur les réseaux sociaux notre confrère Moustaph Maïga, a obligé les acteurs du football malien à se retrouver autour d’une même table. Et cela malgré la mauvaise foi de certains qui jouaient à la politique de l’autruche en niant qu’une crise secoue notre sport-roi et qu’elle a commencé à hypothéquer nos acquis.
Mieux, Housseini Amion Guindo a courageusement et audacieusement pris une décision légale avec la volonté de restaurer l’autorité de l’État. Certes, cette dissolution était une mesure impopulaire dans un pays où le populisme est la règle.
Un vrai sens du leadership
A écouter certains, tant que les enfants jouent, le reste n’a pas d’importance ! Et dire que nous aspirons à de meilleurs résultats sportifs ! Et ce sont toujours les mêmes qui sont là à toujours indexer le ministère des Sports en bouc émissaire pour n’avoir pas fait ceci ou cela afin que «le Mali remporte une coupe».
Nous en sommes arrivés à cet arrangement aujourd’hui parce que Baba a compris qu’il avait en face un ministre déterminé à amener le calme, la sérénité et surtout la transparence dans l’environnement et le management de notre football !
Et cela même au prix de son fauteuil ministériel ! Ce courage, cette audace et cette volonté de redorer le blason de l’autorité de l’Etat sont les caractéristiques du leadership qui manque généralement à notre classe politique et qui explique, en partie notre descente aux enfers !
Et quoi que l’on dise, la décision du jeune leader politique a abouti à un accord qui satisfait tous avec toutes les garanties qu’il demandait pour faire revenir l’État sur la décision de suspension du C.E de la Femafoot. La preuve est que le protocole d’accord stipule que les deux parties qui ont signé l’accord proposent librement et volontairement au ministre des Sports de revenir sur ses décisions. Des détails importants que les partisans de Baba oublient volontiers dans leurs commentaires haineux, provocateurs et irresponsables !
Mais, tôt ou tard, il va falloir que quelqu’un prenne son courage à deux mains pour assainir la gouvernance de notre football de la base au sommet. Sinon comment un peuple peut-il aspirer au changement sans en accepter le prix ? Comment mettre fin aux résultats en dents de scie de notre football si nous ne pouvons pas accepter l’assainissement d’une pègre qui a pris cette discipline en otage ? Où vont les fonds destinés au développement du football dans notre pays ? L’origine de la gangrène est pourtant connue de tous ! Mais, on a opté pour la politique de l’autruche sous prétexte que la Fifa et la Caf rendent une fédération intouchable ! Et pourtant, la justice est en train de secouer la même Fifa en la débarrassant progressivement de ses noix pourries !

Moussa Bolly LE REFLET

Djibril Coulibaly

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