Donald Trump a signé ce mardi un décret détruisant l’héritage de Barack Obama en matière de lutte contre changement climatique. Comme il l’avait promis durant la campagne électorale, le nouveau président a allégé la plupart des contraintes du Plan Energie Propre (Clean Power Plan) et espère ainsi relancer l’économie américaine. Il promet aussi l’indépendance énergétique du pays, notamment grâce au retour de l’exploitation de charbon, qui compte toujours pour près d’un tiers de la consommation américaine, mais qui a été dépassé par le gaz naturel.
« C’est le début d’une nouvelle ère », a claironné Donald Trump en remettant pourtant à l’honneur de vieilles énergies et une vision que l’on pensait dépassée.
Lors de son allocution, il a réussi la performance de ne jamais évoquer nommément le changement climatique, alors que sa décision d’abroger une série de réglementations édictées par Barack Obama aura sans aucun doute des conséquences à long terme, avec l’augmentation assumée des émissions de carbone – en contradiction avec l’Accord de Paris sur le climat que les Etats-Unis ont pourtant ratifié en septembre.
Le nouveau président américain dit vouloir favoriser l’emploi davantage que l’environnement, alors que l’ouverture, ou la réouverture de mines de charbon ne devrait pas bouleverser le marché du travail américain, qui ne se porte d’ailleurs pas si mal, fait remarquer notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier.
Depuis son entrée à la Maison Blanche, Trump avait déjà pris une série de mesures allant dans le même sens : relance de la construction d’oléoducs, libéralisation de la fracturation hydraulique des gaz de schiste, révision des standards d’émission de carbone pour les voitures…
Rien de surprenant puisqu’il a placé un climato-sceptique convaincu à la tête de l’Agence de protection de l’environnement. Mais, tout comme Obama avait dû faire face à de nombreux recours juridiques – son Plan Energie Propre n’avait par exemple pas encore pu être mis en œuvre – la « nouvelle ère » promise désormais suscite déjà une levée de bouclier et ne sera pas applicable du jour au lendemain.
La Californie mène la fronde
Dans un communiqué commun avec son homologue de New York, le gouverneur démocrate de Californie Jerry Brown a critiqué ce démantèlement, « mal inspiré et ignorant de façon choquante les fondamentaux scientifiques », relate notre correspondant à Los Angeles, Loïc Pialat.
L’environnement est une priorité pour le gouverneur Brown, qui a le soutien de 70% de sa population et de la classe politique. « Le retour en arrière tenté par l’administration Trump ne réussira pas en Californie », prévient un élu du Congrès. La presse locale appelle quant à elle à dresser un « mur vert » autour de l’Etat.
Le « Golden State » n’a pas attendu hier pour défier Trump. La semaine dernière, il a voté le renforcement de ses mesures contre la pollution automobile. L’Etat le plus peuplé et le plus riche de l’Union représente un marché que les constructeurs ne peuvent pas négliger.
Une loi de 1970 l’autorise à imposer des restrictions plus strictes que celles du gouvernement fédéral. L’affrontement entre la Californie et la Maison Blanche pourrait bien se terminer devant les tribunaux.
rfi