L’entrée en vigueur du décret anti-immigration, il y a plus d’une semaine aux Etats-Unis, a suscité un tollé mondial. Au pays de l’Oncle Sam, les condamnations se sont enchainées à un rythme effréné. Des hommes politiques démocrates mais aussi républicains, des stars du cinéma, du sport mais aussi de simples citoyens continuent de dénoncer le décret qui selon eux, portent atteinte au ciment et au rêve qui ont fondé l’Amérique, à savoir, un Peuple d’immigration et «melting pot ». Il s’agit de ce décret qui interdit l’accès aux territoires des Etats-Unis d’Amérique pendant 90 jours aux ressortissants de 7 pays musulmans jugés « dangereux » pour la sécurité des USA que sont l’Iran, l’Irak, le Yémen, le Soudan, la Somalie, la Libye et la Syrie. Mais au-delà de cette décision, que nombre d’analystes voient comme un passe-droit offert aux terroristes pour encore recruter afin de frapper l’Occident, c’est son incohérence qui étonne le plus en Amérique.
Durant sa campagne, Donald Trump motivait cette promesse pour, disait-il, combattre le terrorisme islamiste au nom des victimes du 11 Septembre 2001. Sauf que, comble de l’incohérence, ni l’Arabie Saoudite, ni l’Egypte ou encore moins les Emirats Arabes Unis, ne figurent sur la fameuse liste noire des sept. Alors qu’il est de notoriété publique que parmi les 19 pirates de l’air responsables de l’horrible attaque du 11 Septembre 2001, certains des plus redoutables étaient originaires de ces trois pays. Pourquoi donc ?
Si le « muslim ban » est, dans son esprit, motivé par la lutte contre le terrorisme islamiste, la logique aurait voulu que les plus fervents soutiens passifs ou actifs de ce péril soit, en premier lieu, incriminés. Au nombre de ceux-ci, nous pouvons citer l’Arabie Saoudite, berceau du wahabisme et pays d’origine de celui qui fut l’ennemi public N°1 aux USA, Oussama Ben Laden, les Emirats Arabes Unis, le Pakistan, l’Afghanistan ou encore la Turquie qui depuis maintenant près d’une année est frappée par une vague d’attentats sans précédent. L’incohérence est d’autant plus palpable qu’en réalité les pays dont sont originaires les terroristes ayant frappés sur le territoire américain ne figurent pas sur la liste noire.
Mais à croire plusieurs médias sur place, ces omissions ne sont point le fait du hasard. L’homme d’affaires, Donald Trump, resterait toujours un business man même après son installation à la Maison Blanche. Alors qu’il avait déclaré à la mi-janvier qu’il cèderait le contrôle total et complet de son empire immobilier à deux de ses fils pour éviter tout conflit d’intérêts et pour mieux se consacrer à la gestion du pays, Donald Trump ne peut s’empêcher de toujours voire le monde sous le prisme de ses affaires, à en croire le New York post et Bloomberg. Ces deux médias ont listé quelques-uns de ses biens qui se trouveraient dans les pays non visés par le « muslim ban ». Ainsi, il possèderait deux immeubles luxueux à Istanbul en Turquie, un parcours de golf luxueux à Dubai aux Emirats Arabes Unis qui porterait son nom, deux sociétés inactives en Egypte et huit SARL à Djeddah en Arabie Saoudite dont la THC Jeddah Hotel Manager Member Corp mentionnées dans la déclaration du président américain à la commission électorale financière américaine (FEC). Rien qu’en Turquie, ses affaires lui auraient rapportés plus de 5 millions de dollars l’année dernière.
D’autres, par contre, pensent tout simplement que par ce décret, le président Donald Trump ne voulait qu’honorer une promesse de campagne, ne serait-ce que symboliquement. Car, promettre sous fond de populisme est bien facile, mais s’en acquitter une fois dans le bureau ovale est plus compliqué. Trump serait déjà en train de l’apprendre à ses dépens. Le dimanche 5 février 2017, il s’est entretenu au téléphone avec le roi Salman d’Arabie Saoudite et aucune mention n’a été faite du décret présidentiel dans le compte rendu diffusé par la Maison Blanche. Realpolitik quand tu nous tiens !
Ahmed M. Thiam
thiam@journalinfosept.com
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