Les fêtes de fin d’année sont des moments propices pour des couples mariés ou non mariés de renouveler leurs vœux de fidélité. Le couple s’offre des soirées inoubliables pour commencer la nouvelle année dans la joie et la délicatesse. Mais aujourd’hui, avec la jeune génération, les choses tournent en rond et la trahison au bout du compte.
Qui n’a pas vu une fois un homme maltraitant sa copine quelque part à une heure tardive dans un petit coin de la rue la nuit de nouvel an ? Pour un oui ou un non, les filles sont violentées aux fêtes de fin d’année. Les raisons varient.
Pour l’interlocutrice, la trentaine entamée, ce sont les hommes qui poussent les femmes à adopter un certain comportement visant à les tromper. « Comment proposer à une fille que tu viens à peine de connaitre ou que tu courtises de sortir avec toi à quelques jours de la fête et compter sur elle pour sortir ». Et d’enchaîner avec sa propre histoire. « Il y a deux ans, j’ai fait la connaissance d’un monsieur un 27 décembre. Il m’a draguée et je lui ai dit que j’ai un copain que j’aime bien, mais cela ne l’a pas empêché de me donner 100 000 F CFA le 29 décembre pour me faire belle. Ainsi, deux jours après le 31 décembre, l’homme est venu un soir faire un scandale vespéral devant notre porte. Il a crié sur tous les toits que j’ai pris son argent avant de le plaquer. Tout le quartier me regarde d’un autre œil depuis et j’ai cette honte qui me poursuit depuis des années ».
Oumou Touré, la trentaine également dépassée, pointe aussi un doigt accusateur sur les hommes qui viennent à la dernière minute et qui veulent coûte que coûte sortir avec une fille. Son histoire est plus que drôle. « Il y a 5 ans un homme me draguait. Il a fini par dire qu’il préférait mon amitié, car il avait compris que j’aimais mon copain (ils sont maintenant mariés, Ndlr). Mais je fus surprise de le voir la nuit du réveillon devant ma porte. Au moment où je m’apprêtais à sortir avec mon copain pour le diner, il a tenté de s’opposer et d’ailleurs un combat s’en est suivi entre mon copain et lui. J’avoue qu’à présent à chaque fois que je pense à cet acte, j’ai du mal à regarder mon mari dans les yeux. C’est pourquoi je donne des conseils à mes petites sœurs à ne laisser s’approcher aucun homme qui ne les intéresse pas, surtout quand elles sortent déjà avec quelqu’un ».
L. S., un jeune de trente ans ne partage pas cette accusation contre les hommes. Pour lui, les femmes veulent tout avoir sur un plateau d’or. Son histoire est pathétique. En effet, il sortait avec une fille depuis deux ans. Il y avait même des promesses de mariage. « Mais lors du dernier réveillon quelque chose s’est passée. Elle m’avait demandé de lui trouver 100 000 F CFA pour se faire belle. Malheureusement, je n’ai pu lui trouver que la moitié, car la fête coïncidait avec la maladie de ma mère. Je ne sais pas si c’est la cause de sa trahison mais la nuit du 31 vers 22 h je suis allé la chercher. Une de ses sœurs m’a dit qu’elle est allée à une commission de sa mère. Ce fut alors parti pour une attente qui a duré toute une soirée. Ma copine qui allait devenir ma femme dans quelques mois est revenue ver 6 h du matin, accompagnée d’un jeune de son âge. Je n’ai pas pu retenir ma colère, j’ai frappé la petite malgré l’intervention de celui qui l’accompagnait. Depuis ce jour-là, il y a une crise de confiance entre moi et les filles de Bamako ».
Pedro est Franco-malien. Il est en congé au Mali. Il n’a pas pu comprendre comment une femme peut laisser son copain pour sortir avec un autre homme pour une raison ou une autre. Pour lui, les femmes doivent changer de mentalité, car tout est de leur faute. « Les Maliennes veulent imiter l’Occident, mais de la plus mauvaise manière. Aucun homme n’est obligé de donner de l’argent à sa copine uniquement pour se faire belle. Que tu sois bien habillée ou pas, l’essentiel c’est d’être avec celle ou celui qu’on aime ».
Une chose est sûre : les fêtes de fin d’année pour des couples mariés ou pas n’est pas facile. Fatim, une Ivoirienne qui vit présentement au Mali dit connaitre beaucoup de jeunes filles qui, d’ores et déjà, ne savent pas où mettre de la tête. La raison, la voici ! « Elles ont tellement de copains qu’elles ne savent plus avec lequel sortir ce jour-là. Et la solution, pour elles, consiste à tomber malade ou à annoncer un voyage chez une tante ou un oncle dans un pays de Cocagne. Il en est de même pour certains hommes qui ont aussi choisi de faire dans l’infidélité. Quand ils ne changent pas de numéros, ils choisissent d’éteindre leurs portables. Toutes ces pratiques, on les connaît, au point qu’elles ne convainquent plus personne. C’est du déjà vu et entendu, ici au Mali. C’est pourquoi je pense que les uns et les autres gagneraient à faire comme moi, en restant sages. Je pense, pour ma part, que c’est la seule manière de vivre digne et responsable. Je sais que ce n’est pas facile, mais ce n’est pas non plus impossible. Car pour paraphraser un écrivain français, je dirais qu’il n’y a rien de plus ridicule que de revoir des gens qui se sont aimés au moment où ils ne s’aiment plus. Donc, restons nous-mêmes. Quant à moi, j’irai chez mon oncle, car je sais qu’à l’occasion, il y aura à manger et à boire à gogo ».
« Maladie d’amour, maladie de la jeunesse… »
Abdourahmane DOUCOURE LA SIRENE ||| lecombat.fr