C’est demain 30 novembre que ce tiendra, dans la capitale du Kénédougou, le procès tant attendu du Capitaine Amadou Haya Sanogo et 17 autres compagnons accusés pour crimes d’enlèvements, d’assassinats et pour de complicité de meurtre.
Après avoir boudé les interpellations du Juge d’instruction Yaya Karembé par rapport à la disparition des 21 bérets rouges, Amadou Haya Sanogo a été cueilli froidement à l’ex base aérienne par le Colonel Abass Dembélé et ses hommes pour le présenter manu militari devant les autorités judiciaires de l’époque. C’était le 27 novembre 2013. D’où, depuis lors, le Capitaine terrible de Kati est inculpé avec des compagnons dont les plus connus sont le numéro 2 de la junte, le Capitaine Amadou Konaré et le Général Yamoussa Camara, ex-ministre de la Défense. Près de deux ans d’instructions, ce qui a fallu pour ficeler le dossier, même si les Avocats de la défense demandent une simple annulation ou un report du procès en question. En fait, tout porte à croire que Dame justice est décidée à tirer une bonne fois au clair cette affaire qui n’a que trop duré. Les familles des victimes, depuis plus d’une année, manifestent pour que justice soit faite. Si l’issue du procès pour beaucoup sera défavorable à Haya Sanogo et ses compagnons, la bataille des hommes en robes noires sera âpre et acharnée. Un de nos confrères de la place, LE PRETOIRE, titrait à juste titre dans sa parution d’hier : «De belles empoignades en perspectives».
Du côté de l’accusation, nous avons des Avocats de la trempe d’un Me Dioama N’Diaye du Sénégal et Me Mouctar Mariko de l’Association Malienne des Droits de l’Homme qui useront de leurs connaissances des arcanes judiciaires et pour faire porter le chapeau à la bande Sanogo et à ses hommes. En même temps, la riposte sera de taille avec Me Harouna Touré et Cheick Oumar Konaré qui ne sont plus à présenter. Comme leur rôle le veut, ils tenteront de laver à grande eau leurs clients. Ils sont déjà à la manœuvre. Pour preuve, lors d’une conférence de presse, ils ont affirmé que leur client (Capitaine Sanogo) n’a jamais été l’auteur des crimes qui lui sont reprochés et tentent de mettre l’opinion publique en doute sur l’affaire du charnier de Diago.
La tactique de Sanogo ?
Outre la posture des Avocats, déjà connue par les populations, la question à mille inconnus est la tactique que va adopter le Général Amadou Haya Sanogo au cours de ce procès. De cette posture que jaillira ou ne jaillira pas la lumière. S’il opte pour la technique de la pie, nous en saurons davantage sur cette fameuse nuit du 30 avril 2012. Chose qui aidera à la compréhension et à l’éclatement de la vérité.
Par contre, la technique de la carpe que bon nombre d’accusés de sa trempe adoptent souvent rendra plus compliqué le procès qui risque de s’étendre en longueur avec à la fin un verdict qui laissera plus d’un sur sa faim. Dans l’un ou dans l’autre des cas, il reviendra à ses conseillers de lui dicter la technique à adopter en fonction de sa culpabilité ou de son innocence. Mais, avec le ressentiment de Sanogo contre ceux qu’il estime l’avoir «trahi», l’on peut s’attendre à ce qu’il parle, mieux à ce qu’il balance. Tous les regards sont tournés vers la paisible et fraîche cité du Kénédougou qui abritera, pour l’instant, les assises du procès le plus célèbre après celui dit «Crime de Sang» des années 1990. Bref, Sikasso sera le centre de toutes les attentions durant ce procès.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT