Dans une interview accordée à une chaîne télé, l’influent imam, Mahmoud Dicko, à la tête d’un mouvement hétéroclite ayant conduit au coup d’État contre IBK, s’est prononcé sur l’idée d’une prolongation de la transition dirigée par les militaires. Il est soutenu par le Chérif de Nioro, une autre figure religieuse très influente du pays.
La question de la prolongation ou non de la transition militaire au Mali continue de faire débat. Même si l’idée portée par Bouyé Haïdara, le Chérif de Nioro, l’une des grandes figures religieuses du pays, semble désormais acquise au sein de l’exécutif malien, l’imam Mahmoud Dicko pense qu’il faut laisser ce choix au peuple. “La décision de prolonger ou pas émanera du peuple souverain du Mali, qui doit se concerter de façon consensuelle pour que ce débat ne nous mène pas à des contradictions internes’’, avait-il défendu dans une interview publiée par l’hebdomadaire Journal du Mali, le 16 septembre.
L’imam de la mosquée du quartier de Badalabougou, à Bamako, rappelle qu’au moment où se discutait la durée de la transition, il était de ceux qui avaient proposé dix-huit mois. “J’en ai même discuté avec certains chefs d’État qui proposaient douze mois. Je leur ai dit que douze mois étaient peu et qu’à la limite, ils nous donnent dix-huit mois. Il y a des chefs d’État qui m’ont appelé pour me dire qu’ils étaient d’accord avec ces dix-huit mois, à condition que ce délai soit respecté’’.
Depuis le mois de juillet dernier, le Chérif de Nioro exige la prorogation de la durée de la transition au Mali à deux ou trois ans. Ainsi, le patriarche multiplie depuis des manifestations de soutien. “Si vous voulez qu’on avance, donnons-nous du temps, explique-t-il dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux où il apporte son soutien au président malien, victime, mardi 20 juillet, d’une tentative d’assassinat. Nous Maliens, devons œuvrer à ce que cette transition soit prolongée si nous avons l’espoir et l’intime conviction que les autorités actuelles de la transition peuvent mieux faire’’, a-t-il dit.
Fin août, les disciples du guide religieux de 83 ans ont organisé une grande marche pour soutenir son idée. Samedi 25 et lundi 27 septembre, ils ont encore manifesté dans les rues pour demander la prolongation de la transition.
L’exécutif malien est favorable à cette proposition du Chérif de Nioro. Dans une interview accordée à des médias français dimanche 26 septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations-Unies, le Premier ministre malien, Choguel Maïga, a évoqué un éventuel report “de quelques semaines ou quelques mois’’ alors que des élections censées acter le retour des civils au pouvoir ne semblent pas à l’ordre du jour. Selon le PM, il faut un calendrier qui permette de “minimiser les risques de contestation des résultats’’ des futures élections.
Mais en plus de la communauté internationale qui ne soutient pas un tel projet, dans le pays, une partie de la classe politique est contre une prorogation et a même boycotté la dernière table ronde sur les préparatifs des assises nationales de la refondation et la mise en place de l’organe unique de gestion des élections.
Pour Amadou Koïta, le Premier ministre de transition ne peut pas trahir ses engagements auprès des Maliens et de la communauté internationale concernant le calendrier des élections :
“Nous avons les compétences, les expertises nécessaires pour faire des élections dans cinq mois si la volonté politique y est […] Si le Premier ministre pense qu’il est incapable d’organiser des élections, dans ce cas, qu’il rende le tablier’’. Et à l’ancien ministre et porte-parole du gouvernement sous IBK de clarifier : «Nous avons l’impression qu’on est dans une phase de confiscation du pouvoir».
Bourama Keïta LE COMBAT