Coup de tonnerre ! Issa Kaou Djim a été chassé de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’lmam Mahmoud Dicko (CMAS) par les coordinateurs adjoints qui l’ont annoncé lors d’un point de presse lundi dernier (25 janvier 2021). Et sans doute avec le consentement de l’Imam Dicko dont il a servi de marionnette dans sa quête de déstabilisation du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita pour mieux consolider les intérêts politiques et socioéconomiques. Kaou va-t-il se laisser faire ? Va-t-il surtout divulguer ce qu’il est supposé savoir sur les méthodes et les ambitions de son ex parrain et beau-père ? La rupture est visiblement consommée entre les deux hommes. Et plus tôt que ne pouvait l’envisager les observateurs. Mais, qui est le grand perdant ?
Coup d’état au sein de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’lmam Mahmoud Dicko (CMAS). Le Coordinateur général du mouvement, Issa Kaou Djim, a été destitué de son poste lundi dernier (25 janvier 2021). Dans la déclaration lue lors du point de presse organisé à cet effet, Kalil Cissé (coordinateur de la Commune VI) a égrené un chapelet de griefs reprochés à M. Djim.
Le bouillant coordinateur général a été victime de «ses déclarations improvisées, incessantes, immatures et irrespectueuses de nature à scandaliser, désavouer et à discréditer la Cmas et son parrain, l’Imam Mahmoud Dicko». Il lui est reproché également «ses agissements incongrus, ses maladresses, ses négligences» et surtout «ses désintérêts vis-à-vis de l’Imam Mahmoud Dicko». Pour les coordinateurs adjoints «le préambule du statut et règlement n’est plus adapté à l’orientation actuelle de la Cmas sous l’égide du Coordinateur général Issa Koua Djim» a qui il est aussi reproché de n’avoir «aucune veille ni aucune réaction sur la dérive et la dégradation des valeurs sociétales».
Sans compter «son parrainage d’une nouvelle plateforme» aux dépens des intérêts de la Cmas, «l’accaparement de tous les privilèges» à son seul profit… Les présidents des différentes coordinations tiennent aussi Kaou Djim comme seul responsable de «la débandade de milliers de militants voués corps et âmes aux activités» de la coordination générale.
Le successeur d’Issa Kaou Djim sera sans doute désigné lors de l’assemblée générale convoquée vendredi prochain (29 janvier 2021) au siège de l’organisation. Pour le conférencier, «les griefs contre Kaou Djim sont justifiés». L’orientation de la CMAS est contraire aux statuts et règlements intérieurs du mouvement.
Une rupture précipitée, mais loin d’être surprenante
Cette rupture ne surprend pas les observateurs avertis qui savaient que le feu couvait entre l’Iman et son disciple ou du moins son pion sur l’échiquier politique depuis des mois. La preuve est l’absence de Kaou Djim à l’accueil populaire réservé à l’autorité morale du M5-Rpf lors de son retour d’Arabie Saoudite le 22 janvier dernier. Et ces derniers jours, le coordinateur éjecté était mal à l’aise chaque fois qu’on évoquait le nom de l’Imam lors de ses interviews.
Si le malaise était perceptible, ils sont nombreux ceux qui ne s’attendaient pas à une si brutale rupture entre deux hommes dont la complicité a fait vaciller le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita finalement renversé le 18 août 2020 par une junte militaire. Ce limogeage prouve-t-il la volonté de l’Imam de se débarrasser d’une marionnette devenue plus encombrante, et surtout très gourmande et mégalomane ? Il est clair que la complicité entre Dicko et son gendre s’est progressivement détériorée depuis la chute d’IBK. Nourrissant d’autres ambitions, Kaou Djim s’est beaucoup trop rapproché (au goût de son beau-père) des «Colonels» du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) que l’imam n’adouberait désormais que du bout des lèvres. Visiblement, l’imam a une ambition politique alors que son gendre roule déjà pour la junte !
Après le 18 août dernier, l’Imam avait promis de retourner dans sa mosquée et, le croyant sur parole, le gendre a sauté sur cette opportunité pour visiblement faire un deal avec les nouveaux maîtres du pays. Mais, comme nous l’avions dit à l’époque, Mahmoud ne retournera pas de si tôt dans la mosquée parce qu’il ne veut plus sombrer dans l’anonymat après avoir goûté à la popularité. C’est comme l’histoire de l’âne qui goûte au miel et qui refuse de manger autre chose. L’incompréhension entre les deux hommes vient en partie de là.
Le guide à toujours 2 coups d’avance sur les autres et Kaou Djim pense sans doute que l’imam est sa création. L’imam peut légitiment penser que Kaou Djim lui doit tout, y compris son fauteuil de 4e vice-président du Conseil national de la Transition (CNT). Il a plus raison de le croire que Kaou Djim le contraire. Il s’est fait une popularité à l’ombre de l’imam qui l’utilisait pour ne pas se mouiller ou compromettre sa réputation.
Kaou Djim a-t-il des cartes en main pour nuire à l’Imam ?
Que risquent l’un et l’autre avec cette rupture ? Au premier regard, c’est Issa Djim qui est le grand perdant d’autant plus qu’il devait son aura à la Cmas. Et on le voit mal conserver son «influence» sans cette organisation.
N’empêche qu’il a encore des cartes en main s’il n’est pas réellement ce tonneau vide souvent décrit par ses détracteurs au sein même du M5-Rfp. On peut espérer qu’il ne s’est pas contenté de surfer sur sa vague populiste en se contentant des dividendes financiers et matériels au lieu de rassembler des dossiers compromettants pouvant écorcher l’image de l’Ayatollah malien. Mais, comme l’a dit un activiste engagé, qu’on aime Issa Kaou Djim ou pas, il faut admettre qu’il communique très bien et que son image était devenue presque indissociable de la Cmas. Et si ce que nous entendons ici et là est avéré, on peut dire que les partisans de l’Imam viennent de dégoupiller une grenade qui risque de faire très mal à leur idole.
On sait que Kaou Djim n’est pas capable de faire preuve de retenue dans ses déclarations alors que, logiquement, il en sait énormément sur l’imam. Ce populiste entré dans la politique par effraction est capable du pire pour sauvegarder ses intérêts. Et l’Imam doit faire extrêmement attention parce son ex-protégé, s’il n’est pas vraiment naïf, doit en savoir trop pour mettre un terme à ses ambitions politiques. Et le hic, c’est qu’on aura tendance à croire à «chaos Djim» même s’il ment sur son ex mentor parce que leur complicité sautait à l’œil un moment. Mais, en vieux roublard récemment béni par les autorités religieuses de la Mecque, l’Imam de la Place de l’Indépendance a aussi plus d’un tour sous son turban !
Alors asseyez-vous bien : le spectacle ne fait que commencer !
Naby