Seules 515 524 voix séparent le président sortant, réélu pour un second mandat, et le leader de l’opposition, qui dénonce des « résultats frauduleux ».
John Mahama, le candidat de l’opposition au Ghana, a annoncé jeudi 10 décembre qu’il contestait sa défaite à la présidentielle face à Nana Akufo-Addo, réélu pour un second mandat selon les données officielles, et qu’il rejetait aussi les résultats provisoires des législatives. Selon la commission électorale, le chef de l’Etat sortant, dirigeant du Nouveau Parti patriotique (NPP), a remporté 51,59 % des voix, contre 47,36 % pour John Mahama, candidat du Congrès national démocratique (NDC).
« Il est clair, au vu des résultats légalement exprimés, que le NDC a remporté les élections présidentielle et législatives, a déclaré M. Mahama. Nous n’accepterons pas les résultats frauduleux de ces élections et nous prendrons toutes les mesures légitimes pour inverser cette injustice. » Seules 515 524 voix séparent le président Akufo-Addo (76 ans) de son prédécesseur, M. Mahama (62 ans), qui était devenu chef de l’opposition en 2016.
« De nombreuses mesures ont été prises pour manipuler les résultats de l’élection en faveur du président sortant », a déclaré M. Mahama, dénonçant notamment une forte présence militaire déployée lors du dépouillement pour « intimider » et « inverser les résultats ». Plus tôt dans la journée, la victoire de M. Akufo-Addo avait été jugée régulière par la Coalition des observateurs ghanéens des élections (Codeo), qui a surveillé 4 000 des 38 000 bureaux de vote à travers le pays.
Les résultats définitifs des législatives n’ont pas encore été annoncés par la commission électorale. Mais selon les résultats provisoires, très serrés, sur les 275 députés, 137 appartiennent à la majorité présidentielle, 136 au parti de M. Mahama et un est indépendant. Un poste de député, dans la région de Bono Est, n’a pas encore été officialisé. Selon M. Mahama, le NDC « a remporté une majorité de 140 sièges ».
Cinq morts lors de violences électorales
Les élections se sont globalement déroulées dans le calme, selon les observateurs internationaux, et le scrutin a été salué comme un exemple en Afrique de l’Ouest, en proie cette année à plusieurs scrutins violents et contestés, notamment en Côte d’Ivoire. Mais selon la police, cinq personnes ont été tuées dans des violences électorales lundi et mardi. « Il s’agissait d’incidents isolés, même si certains sont tragiques », a affirmé mercredi le chef de la mission d’observation de l’Union européenne, Javier Nart. « Les Ghanéens ont voté lundi librement », a-t-il insisté.
Au lendemain du vote, l’entente cordiale entre les deux candidats, qui avaient signé un « pacte de paix » les engageant à ne cautionner aucune violence lors du vote et à la proclamation des résultats, s’est effritée et le ton s’est durci. Ces deux vieux adversaires politiques s’affrontaient pour la troisième fois, avec lors des deux précédents scrutins des résultats également serrés.
En 2016, M. Akufo-Addo l’avait emporté avec 53,8 %. Quatre ans plus tôt, en 2012, cela avait été M. Mahama, avec 50,7 % des voix. A l’époque, M. Akufo-Addo avait contesté la victoire de M. Mahama et déposé un recours devant la justice pour invalider les résultats. Huit mois plus tard, après d’intenses débats diffusés en direct à la radio et à la télévision, la Cour suprême avait confirmé la victoire de M. Mahama. Peu après l’annonce du verdict, M. Akufo-Addo avait alors reconnu sa défaite.
Jeudi, quelques réactions officielles ont commencé à affluer : le président nigérian, Muhammadu Buhari, a « félicité » sur Twitter la « réélection pour un second mandat » de M. Akufo-Addo. « Je félicite également le peuple ghanéen pour le succès des élections présidentielle et parlementaires – une preuve supplémentaire que la démocratie constitutionnelle s’enracine en Afrique de l’Ouest », a-t-il ajouté. Le président kényan, Uhuru Kenyatta, a également félicité le chef de l’Etat sortant.