samedi 23 novembre 2024
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Alphonse Tchami, footballeur camerounais, se souvient que « Diego » l’appelait « El Negro »

En 1995, l’attaquant alors âgé de 23 ans devient le premier joueur africain à évoluer en Argentine, à Boca Juniors, et y côtoie un certain Diego Maradona.

Alphonse Tchami (49 ans) était fait pour parcourir le monde. Après ses débuts en tant que professionnel à Unisport Bafang, l’attaquant international (57 sélections, 21 buts) a été le premier joueur africain à traverser l’Atlantique pour participer au championnat argentin.

Pendant deux ans, de 1995 à 1997, il a eu Diego Maradona comme coéquipier, à Boca Juniors, l’un des plus grands clubs du monde, situé à Buenos Aires. La capitale de l’Argentine est aussi la ville qui a vu naître le « Pibe de Oro » (« gamin en or »), décédé le 25 novembre à l’âge de 60 ans.

Alphonse Tchami, qui a participé à deux Coupes du monde avec les Lions indomptables en 1994 et 1998, a ensuite assouvi sa soif de découvertes en jouant dans sept autres pays jusqu’à sa retraite, en 2005 (Allemagne, Emirats arabes unis, Ecosse, France, Russie, Chine et Liban). Pour Le Monde Afrique, il se souvient de son extraordinaire coéquipier.

Vous avez joué pendant presque deux ans avec Diego Maradona. Quels souvenirs conservez-vous du joueur et de l’homme ?

Quand j’étais en Afrique, je l’adorais déjà. C’était mon idole et jamais je n’aurais pensé jouer un jour à ses côtés. En 1991, j’étais encore dans mon pays, à Unisport Bafang, en 1992 en Europe, et trois ans plus tard, j’étais dans son équipe !

Ce joueur était un génie, un artiste. Il avait 35 ans quand il a signé à Boca Juniors, un club où il avait déjà joué (1980-1982) et où il avait laissé son empreinte. Il avait toujours cette technique extraordinaire qu’on lui connaît, ne se mettait pas en avant, parce qu’il cultivait un esprit très collectif. Diego lui aussi m’appelait « El Negro ». On s’entendait bien et il m’invitait souvent à ses soirées, avec les autres joueurs de l’équipe. Il ne prenait jamais de drogue devant nous.

Tout le monde savait qu’il faisait des excès. Parce que Diego aimait faire la fête. Il brûlait la vie par les deux bouts. Mais il était excessif, attachant. Et on n’a pas le droit de le juger. Gardons de lui cette image d’un joueur génial, l’un des meilleurs de l’histoire du football. Sa disparition me fait beaucoup de peine.

Comment vous, le joueur camerounais, arrivé en Europe en 1992, passe-t-il du Danemark à Boca Juniors, l’une des meilleures équipes d’Amérique du Sud ?

Je faisais une bonne saison et nous avions éliminé le Real Madrid en huitièmes de finale de la Coupe de l’UEFA (2-3, 2-0), en gagnant le match retour en Espagne. Le match avait été diffusé en Argentine et Boca Juniors voulait un remplaçant à Gabriel Batistuta, transféré à la Fiorentina. J’ai été contacté. On m’a présenté le club, avec ses supporteurs parmi les plus chauds du monde, la ville de Buenos Aires, l’Argentine. On m’a proposé un salaire, primes comprises, cinq à six fois supérieur à celui que je touchais au Danemark. Je suis passé de 3 000 à 15 000 euros minimum par mois.

J’ai hésité évidemment, car l’Argentine, pour un Subsaharien, c’est un plongeon dans l’inconnu. Tout allait changer. Avec Odense début 1995, nous étions en stage à Rio de Janeiro. Là, les dirigeants argentins sont venus et ils m’ont convaincu. Et à l’aéroport de Buenos Aires, déjà, il y avait des milliers de supporteurs. J’ai tout de suite aimé la folle effervescence autour de ce club.

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Djibril Coulibaly

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