L’ancien président de la République du Burundi, non moins Représentant de l’Union Africaine (MISAHEL) au Mali, Pierre Buyoya a animé un point de presse, au cours de laquelle, il a tenu à porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale sa dénonciation au procès politique et rejette cette condamnation. Il annonce l’introduction d’un recours dans son pays. C’était vendredi 23 octobre 2020, au siège de la MISAHEL.
À l’entame de son intervention, l’ancien Président du Burundi a affirmé qu’en novembre 2018, le gouvernement du Burundi avait lancé contre lui, un mandat d’arrêt international l’accusant d’avoir trempé dans l’assassinat du président Melchior Ndadaye en 1993.
Avant de rappeler que ce procès sur l’assassinat du Président Melchior Ndadaye en cours depuis bientôt deux ans par la Cour suprême du Burundi vient de condamner vingt-trois anciennes personnalités à des peines allant de vingt ans de servitude pénale à la prison à perpétuité et, à une amende de 102 milliards de francs burundais. Parmi eux, 19 personnalités à perpétuité et trois autres prévenus ont été condamnés à 20 ans de prison et un (1) acquitté en la personne d’Antoine Nduwayo, ancien Premier ministre (février 1995-juillet 1996) et membre de l’Union pour le progrès national (UPRONA).
Selon le conférencier, il s’agit d’une mascarade de procès. « Du jamais vu dans les annales en Afrique et même au Burundi. Au cours de ce procès, toutes les lois de la République du Burundi ont été violées. Jugée en 1995, cette réouverture n’a respecté aucune règle, et a été pour des raisons purement politiques, au moment où, le régime Nkurunziza en 2015, a violé la constitution avec l’histoire de son troisième mandat à la tête de l’État, qui lui a valu des ennemis », a-t-il martelé.
Il dira que cette affaire était frappée de prescription, parce que : « le Code pénal de 1981 qui était en vigueur au moment de l’assassinat du président Ndadaye fixe la poursuite à 20 ans ».
À l’en croire, le dossier a été mené de bout en bout, mais surtout des droits des prévenus en procès équitable. « Les avocats étrangers que nous avions choisis pour nous défendre n’ont pas eu droit au visa du Burundi, et ceux du pays n’ont jamais eu accès au dossier non moins au tribunal. La quasi-totalité des prévenus n’ont jamais pris connaissance des accusations qui leur sont reprochées, surtout ceux qui sont à l’étranger. Ils ne savent pas pourquoi ils ont été condamnés. Au moment de ce procès, qui a eu lieu les 16, 17 et 18 septembre dernier à la Cour suprême de Bujumbura, les accusateurs n’ont jamais donné une preuve tangible de notre implication dans cette affaire », a-t-il laissé entendre.
Il a souligné que les quatre (4) emprisonnés dans ce procès sont d’anciens officiers. Ils auraient signé un dossier, qu’ils acceptaient de comploter dans l’assassinat du président Ndadaye, avec des dossiers et signatures fabriqués, avec des témoins qui n’ont accusé personne.
Ainsi, de rappeler que : « ce procès de réouverture sur l’assassinat du président Ndadaye a été en violation avec l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi parce que suivant cet accord, ne devait pas aller devant les tribunaux, mais devant la Commission Vérité et Réconciliation ».
Il a poursuivi que ce procès s’est servi d’un dossier fabriqué à huis clos pour des raisons purement politique, pour condamner des personnalités du régime précédent, celui-là qui avait initié la réconciliation au Burundi
Il a précisé que : « nous rejetons le verdict prononcé ce 19 octobre 2020, dans le dossier Ndadaye, qui est un procès politique, mené de manière scandaleuse, en violation de toutes les règles de droit, et décidons de faire appel devant les juridictions burundaises et, le moment venu, devant des tribunaux extérieurs. »
Rappelons que Pierre Buyoya, auteur de deux coups d’État au Burundi, a par ailleurs affirmé qu’il évoquera cette condamnation avec les autorités de l’Union africaine qu’il représente ici et dans le Sahel.
Aïssétou Cissé