Une plate-forme de quatre syndicats : le Syndicat Autonome des Administrateurs Civils (SYNAC), le Syndicat Libre des Travailleurs du Ministère de l’Administration Territoriale (SYLTMAT), Syndicat National Des Travailleurs Des Collectivités Territoriales (SYNTRACT) et le Comité Syndical des Agences de Développement Régional (CS-ADR) a manifesté ce jeudi 15 octobre 2020. Objectif : dénoncer la « négligence » de l’État malien face à la situation des préfets et sous-préfets retenus par des groupes terroristes. Par ailleurs, il convient de rappeler que les mêmes syndicats ont déposé sur la table du ministre du Travail et de la Fonction publique, un préavis de grève de 15 jours, (360 h reconductibles), allant du 19 au 23 octobre 2020, du 26 au 30 octobre et du 2 au 6 novembre 2020.
Des préfets et sous-préfets pris en otage depuis plus d’un an. « Nous n’avons aucune nouvelle d’eux », regrette Yaya Traoré président d’honneur du syndicat des travailleurs des collectivités territoriales. Il affirme également que le gouvernement ne « fourni aucun effort » pour leur libération. Le secrétaire général du syndicat autonome des administrateurs civils annonce que les ravisseurs ont demandé une somme de 20 millions de francs CFA pour libérer le préfet de Gourma Rharous et 6 millions pour le sous-préfet de Farako. Le syndicaliste déclare aussi que pour obtenir la libération du sous-préfet de Diré, les deux syndicats avaient collecté une somme de 10 millions de francs CFA.
Cette manifestation intervient quelques jours après la libération de quatre otages en échange de plus de 200 présumés terroristes. Une rançon aurait été aussi payée aux ravisseurs de plusieurs millions de francs CFA contre moins d’une traitaine pour les deux administrateurs. Ce qui donne le sentiment que rien n’est fait pour obtenir leur libération. Aussi, les administrateurs civils voient dans la libération de plus de 200 prisonniers présumés terroristes, un acte favorable à la recrudescence des violences dans les zones du nord et du centre du Mali.
L’insécurité et la criminalité sont des fléaux qui ralentissent le développement du pays et impactent de par leur transversalité, toute la vie de la nation. Elles se manifestent notamment par la corruption à grande échelle pour l’obtention des marchés publics. Les trafiquants agissant se cachent souvent derrière des sociétés commerciales.
La puissance financière des narcotrafiquants et des terroristes est telle qu’ils seraient capables de déstabiliser un gouvernement, de renverser un régime, de placer des hommes au sein des institutions, créer un conflit, financer une rébellion, déstructurer l’économie, détruire le tissu social et les valeurs fondamentales d’une société. L’économie criminelle fragilise l’économie nationale et affaiblit les institutions républicaines.
Les conséquences sur la vie sociale et culturelle sont grandioses. Le trafic et la consommation de drogue auxquels s’adonnent certains jeunes sont de nature à déstructurer la société. Des milliers de jeunes gens mal instruits et désœuvrés, peuplent les rues de nos cités, errent sur les sentiers sableux de la traversée du désert. Ils constituent ainsi des proies faciles pour les réseaux mafieux.
Face aux multiples facteurs d’insécurité, les populations maliennes ont besoin d’être informées, sensibilisées, conscientisées, formées pour mieux se protéger. Les jeunes en particulier ont besoin de sortir de leur situation de chômage et de précarité. Plus concrètement, dans ce Mali en proie à l’insécurité résiduelle, il est particulièrement souhaitable :
Le Gouvernement devrait continuer sa dynamique dans la réforme des forces de défense et de sécurité, œuvrer au retour de l’administration et à la réhabilitation des services sociaux de base, réprimer avec la plus grande fermeté les actes terroristes perpétrés, en identifiant non seulement les auteurs mais aussi les commanditaires. Aussi, il devrait renforcer la législation et consolider les forces de sécurité et les autorités judiciaires formées sur les questions antiterroristes.
La Société civile doit s’activer à créer des centres de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et mettre en place des observatoires locaux de lutte contre la criminalité organisée vers lesquels convergeront tous les acteurs du secteur de la sécurité.
Au Mali, la communauté internationale à travers la MINUSMA aux côtés des forces de défense et de sécurité nationales abat un travail fabuleux en matière de lutte contre l’insécurité. Cependant, il faut compter d’abord sur les potentialités maliennes. C’est pourquoi, il faut améliorer les capacités de l’État à répondre aux attentes de leurs populations en matière de sécurité, c’est là un des impératifs pour construire un avenir de paix sociale, de justice et de solidarité.
Mahamadou YATTARA