Pour la première fois au Mali, depuis l’avènement à la démocratie, un couvre-feu n’a jamais fait un objet de protestation comme celui qui vient d’être levé. Il a enregistré un mort et plusieurs blessés.
Instaurer depuis deux mois de cela, le couvre-feu vient d’être levé par décret de la primature. Après avoir connu des jours de protestation contre son instauration, le pays a failli s’assombrir dans l’anarchie. Pour la première fois au Mali, un couvre-feu a été violemment contesté de la sorte avec le bilan d’un mort et plusieurs blessés. Les forces de l’ordre et la population se sont livrées à des combats rudes. Aussi, ce sont les populations de la région de Kayes, qui ont été les premières à se rebeller contre le couvre-feu puisqu’elles étaient délaissées à eux-mêmes, privées d’eau et d’électricité. C’est dans ce contexte que les jeunes de la première Région ont manifesté leur ras-le-bol au gouvernement en brûlant des pneus sur les artères de la ville. Ces mêmes scènes ont ainsi fait le tour du pays. À Sikasso, la manifestation a été la plus ardente, les entrées et sorties de la ville étaient bloquées par les manifestants et les policiers ont répliqué par des tirs de balles réelles. Dans le District de Bamako, les mêmes scènes ont été observées dans la commune III, plus précisément, au Bandjala I où les policiers ont franchi la barrière. Ces derniers ont dépassé les limites en lançant des gaz lacrymogènes dans des concessions où des gens qui dormaient paisiblement furent aspiré de gaz lacrymogènes, ce qui a même coûté la vie d’un vieux. Avant le décret de la levée du couvre-feu, le pays était à chaud, puisque tous les mouvements de protestation n’étaient pas seulement que des mécontentes du couvre-feu, il y avait aussi ceux des élections législatives, notamment à Sikasso, Bougouni et Kati, où ces populations ont constaté le vol de leurs voix exprimées. C’est la conjugaison de ces deux évènements qui ont peut-être bousculé le gouvernement à lever le couvre-feu. Lever brusquement le couvre-feu n’est nullement parce que l’objectif qui était de réduire la multiplication de personnes contaminées, est atteint, loin de là. Le nombre de personnes contaminées ne cesse d’augmenter de jour en jour. Actuellement, nous comptons 357 cas actifs. Ou simplement le gouvernement se met dans la copie collée, c’est-à-dire quand les autres font du déconfinement, nous aussi rentrons dans la danse. Lever le couvre-feu est bien en soi, mais protéger la population en est plus grande. Avec ce mini déconfinement, la majorité de la population n’a pas jusque-là reçu son masque que le gouvernement avait promis de partager, mais paradoxalement il exige son port. En tout cas, ce couvre-feu a été un épisode malencontreux pour pays.
À suivre
Lansine Coulibaly