La plateforme Sauvons la région de Mopti a donné, à travers un communiqué publié le 17 avril dernier, sa position sur la continuité pédagogique dans le cadre de la lutte contre le Covid-2019. Même si elle trouve l’initiative bonne en soi, elle fustige « un apartheid éducatif en privant les enfants des zones d’insécurité de leur droit le plus élémentaire d’accès à l’école ».
L’ opérationnalisation du télé-enseignement initié par le ministre de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieure et de la Recherche Scientifique, Pr Mahamoudou Famanta, dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus a suscité des réactions. En plus de la question de l’accès à l’électricité, la couverture télévisuelle, la question des zones d’insécurité où il n’y a pas eu d’écoles depuis des années a soulevé beaucoup de questionnement. C’est sur ce point que la plateforme « Sauvons la région de Mopti » s’est focalisée, en marge des autres difficultés évoquées.
Dans son document, la plateforme ‘’ Sauvons la région de Mopti ‘’ rappelle que : « l’accès à l’école est un droit inaliénable pour tout citoyen malien en âge d’aller à l’école. Mais il s’interroge sur certaines difficultés qui réduiront la réussite de cette continuité pédagogique. Ces difficultés sont, entre autres : la fracture numérique, le taux d’accès à l’électricité et le taux de couverture télévisuelle sur le territoire national ; l’insécurité résiduelle sur l’ensemble du territoire, principalement dans les régions du centre et du nord, ayant occasionné la fermeture des classes dans plusieurs localités, et ce, depuis 2012 ; l’incapacité du Gouvernement et de ses partenaires à endiguer l’insécurité dans la région de Mopti, qui se mue désormais en conflits intercommunautaires ouverts… Malgré cela, la plateforme affirme prendre acte de la décision gouvernementale d’assurer la continuité de l’école à travers la radio et les télévisions nationales ».
Cependant, selon le communiqué, le Président de la plateforme Mama Samassekou s’interroge : « même si elle salue la sincérité de l’initiative, déplore trop de manquements. Elle regrette d’abord que les autorités nationales n’aient pas pris en compte la situation exceptionnelle dans laquelle se trouvent plusieurs millions d’enfants des zones de conflits ». Aussi, elle estime que pour les ressortissants de la région de Mopti, cette continuité pédagogique est une injustice envers certains de leurs frères et sœurs qui, depuis des années, sont privés de leur droit à l’éducation et seront privés de cette formation à distance à cause de l’insécurité, une chose que la plateforme a qualifiée d’« un apartheid éducatif » à l’encontre de ces écoliers de ces zones de conflits.
Aussi, la plateforme se dit « préoccupée par le sort réservé aux milliers d’enfants du centre et du nord, déplacés internes ou ceux restés malgré tout chez eux et pris au piège de l’insécurité de plus en plus meurtrière, privés du droit à l’école et à un habitat décent ». Avant d’inviter le Gouvernement du Mali et les partenaires à créer des conditions pour un retour volontaire et massif des enfants de ces zones d’insécurité dans leurs localités respectives et leur garantir l’accès à l’école.
Il est à rappeler que le président de l’AEEM, Moussa Niangaly n’est pas d’accord avec le pouvoir en place sur la question des cours en ligne, à fortiori un examen sur ces dits cours à distance.
Aïssétou Cissé