samedi 23 novembre 2024
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PROPAGATION DU COVID-19 EN AFRIQUE : Des Etats visiblement désarmés face à la pandémie  

Quand on parle de COVIDUS-19 en Afrique, la plupart des experts (surtout ceux de l’ONU et de l’OMS) font montre d’un pessimiste déconcertant. Pour eux, le continent doit «se préparer au pire » parce que « la digue » ne tiendra pas longtemps. Et cela compte tenu de l’impossibilité de confiner une large majorité des populations, de la précarité du système de santé, de l’incapacité des gouvernements de prendre à temps les décisions politiques et socio-économiques idoines. Et pourtant même s’il est de plus en plus prouvé que la forte chaleur ne constitue pas un obstacle à la propagation du virus, le continent ne manque pas non plus d’atouts comme la jeunesse de sa population ou la faible densité dans certains centres urbains.

 

Perte de revenus, logements insalubres, absence d’aide de l’Etat… le confinement est brutal et inapplicable pour une population qui vit au jour le jour ! C’est le diagnostic des experts de l’ONU, de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS)… à propos de la menace que fait planer le COVID-19 sur l’Afrique. Et comme le disait au début du mois de mars dernier, Tedros Adhanom Ghebreyesus (Directeur général de l’OMS), le continent doit se préparer au pire car, pour beaucoup d’observateurs, la digue ne tiendra pas longtemps.

Et cela d’autant plus que dans « les pays où l’économie informelle joue un rôle crucial », il est difficile voire impossible de prendre des mesures sanitaires contre le Covid-19. Il est clair que, dans un contexte où la plupart des ménages ne vit qu’au jour le jour, le confinement risque de faire plus de victimes que le coronavirus lui-même sans une aide sociale accrue.

Ce qui n’est pas gagné d’avance car, même si les gouvernements mettent en place des mesures idoines, des fléaux répandus comme la corruption feront qu’elles ne bénéficieront pas à ceux qui en ont réellement besoin. Les gens seront alors obligés de contourner les mesures de confinement pour ne pas assister à une mort lente des membres de leurs familles. « Contre la faim, aucune amende n’empêchera les gens de sortir », avertissait un intervenant dans Libération (quotidien français) à propos des pays sous-développés.

« Comment peut-on, dans un tel contexte où la plupart de nos concitoyens donnent la popote avec les revenus de la veille, décréter sans préavis, un confinement général de longue durée ?», s’est récemment et pertinemment interrogé le chef de l’’Etat béninoise, Patrice Talon, en évoquant le risque « d’affamer tout le monde».

 

La jeunesse de la population comme obstacle naturel ?

Comme on peut le constater, la possibilité de calquer des mesures sur le modèle asiatique ou européen pour endiguer l’épidémie est loin d’être réaliste sur le continent, surtout en Afrique subsaharienne. C’est «un défi pour les mégalopoles africaines».

Dans un rapport publié le 30 mars 2020, la Fondation Mo Ibrahim, a rappelé que l’Afrique a «la plus faible capacité de réponse» à cette pandémie. C’est pourquoi, craint-elle, «si le virus se répand, les dégâts seront substantiels sur les citoyens et sur l’économie». Il faut alors reconnaître, à entendre certains experts, que les signes d’optimisme sont rares. Surtout qu’il n’est plus certain que la chaleur soit un barrage naturel au développement du Covid.

L’espoir repose donc sur la démographie dans une Afrique très jeune. L’âge médian est de moins de 20 ans et les plus de 65 ans, qui représentent la majorité des cas sévères, compte pour moins de 3 %. Malheureusement, «ces bonnes données» sont contrebalancées par des facteurs aggravants, notamment la forte présence de maladies pulmonaires comme la tuberculose ou de maladies endémiques, à commencer par le paludisme, qui affaiblissent l’organisme.

Et pourtant la planète, surtout l’Europe,  a intérêt à ce que la digue ne lâche pas en Afrique. Et comme l’écrivait la semaine dernière nos confrères de «Le Monde» (quotidien français) les grandes puissances et les organisations internationales ont une obligation d’aider le continent pour «lui et pour nous».

«Les Européens, sidérés par leur propre situation, doivent trouver les moyens d’épauler le continent voisin s’ils veulent éviter de subir les contrecoups d’un ébranlement sans précédent», a-t-il affirmé. «La maladie reviendra du sud vers le nord. Alors, c’est dans l’intérêt des pays du Nord de faire cet investissement massif en Afrique», a également averti Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.  Et d’insister, «plus il y aura de malades et plus le risque de mutation du virus est grand. Dès lors, tous les investissements faits sur un vaccin seront perdus et la maladie reviendra du sud vers le nord». L’aide qu’il attend pour le continent peut revêtir diverses formes comme l’annulation des dettes bilatérales et la suspension des remboursements dus au FMI…

L’ONU estime à 3 000 milliards de dollars la somme nécessaire, tant pour combattre l’épidémie que pour soutenir l’économie des pays en voie de développement. Face à de tels besoins, la mobilisation internationale est pour l’instant très loin du compte. En tout cas nos confrères de «Le Monde», comme de nombreux observateurs d’ailleurs, sont convaincus que «les pays développés ne sortiront pas du cauchemar si le virus continue de prospérer à leurs portes faute d’une solide coopération internationale». Autant s’investir à remédier «aux faiblesses des États africains» !

Moussa Bolly

LE MATIN

 

Le climat est-il un frein à la progression du Covid-19 ?

Cette question est omniprésente depuis le début de l’épidémie. Elle était le fondement du miracle sanitaire longtemps espéré dans des pays, notamment au Mali avant la découverte des premiers cas le 25 mars 2020.

L’idée est non seulement importante pour juger la progression du virus en Afrique, mais aussi pour envisager un été libérateur en Europe. On sait que la durée de vie de certains virus est réduite par la chaleur et les UV. Des études sont menées actuellement pour savoir si ce principe s’applique au coronavirus actuel.

Ainsi, une nouvelle étude menée par des chercheurs australiens et français des laboratoires d’épidémiologie Ausvet, tente de donner quelques éléments sur le sujet. Publiée mi-mars sur le site medRxiv (qui rassemble des publications non encore relues par la communauté scientifique), ces travaux indiquent que des températures extérieures situées entre 20 et 30 °C réduiraient l’agressivité du virus.

Mais, ont prévenu des spécialistes, «cette étude mériterait de passer par les canaux de relecture classique… Il y a plusieurs biais. Ne serait-ce que la période très courte sur laquelle a été mené l’étude et le faible nombre de cas analysés» !

M.B

Djibril Coulibaly

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