Dans la nuit du mardi 17 mars au mercredi, un communiqué de la Session Extraordinaire du Conseil Supérieur de la Défense Nationale fait état de suspension jusqu’à nouvel ordre, des vols commerciaux en provenance des pays touchés du coronavirus à compter du jeudi 19 mars. Du coup, c’est la panique. Dans la foulée, tous les voyageurs qui étaient sur le vol du jeudi ou du vendredi commencent à s’inquiéter. Partiront, partiront pas ? Tôt le matin du jeudi 19, ces Maliens qui avaient tous leurs billets réservés pour des dates différentes se sont retrouvés à l’Aéroport Charles-De-Gaulle de Paris devant l’entrée des guichets d’Air France pour être plus éclairés sur la situation puisque la veille, des messages d’annulations sont tombés dans leurs boites e-mail disant que « les vols sont annulés ». C’est tout ! Pas autre chose.
Se regroupant en une petite assemblée, ils ont eu des discussions houleuses, vu les nouvelles qui ne rassuraient guère. D’autant plus que ce jour-là, il y avait des vols à destination du Burkina-Fasso et de la Cote d’Ivoire. Et le Mali, aucun. C’était indigeste. Ils ont eu le sentiment d’être délaissés par leur propre pays. D’aucuns accusent le gouvernement de les avoir abandonnés, d’autres par contre le soutiennent en disant que la décision de fermer les frontières aériennes était responsable. En tout cas, c’était l’incompréhension. Les personnels d’Air France, avec professionnalisme, ont pu savoir dialoguer et écouter tout un chacun, avec patience. Ensuite, ils disent avoir compris les problèmes et feront tout pour faire monter l’information à leurs hiérarchies. Idem pourles policiers de l’aéroport qui faisaient la ronde. Ils ont échangé avec le groupe de passagers et ont promis à leur tour d’en parler à leurs supérieurs. Façon de faire descendre la température ? Peut-être.
En fin de compte, les esprits se sont dans l’ensemble calmés. Résigné, et peu rassuré, tout ce petit monde s’est disloqué, chacun son côté, avec un petit pincement d’amertume. Et voilà que quelques heures plus tard, de bouche en oreille, l’écho d’un vol le 19 vendredi fait le tour de Paris. Vrai ou faux ? Après tout, il fautvérifier. Quelques coups de fil pour en savoir plus et Air France confirme le vol du vendredi 20 mars que certainsignorants n’ont pas eu la décence d’approuver, allant même à donner à ce vol le nom d’« Air Coronavirus ». Absurde !
Mais ce que ces gens ignorent, le gouvernement a aussi des responsabilités envers ces passagers qui sont tous maliens. Pas un seul homme blanc dans cet avion, pour ainsi dire. Tous les passagers étaient des Maliens à cent pour cent. Parmi ces voyageurs, il y avait ceux qui sont en mission, ceux qui suivent des traitements. Plus encore, des hommes d’affaires qui risquent de tout perdre s’ils sont confinés dans les hôtels à Paris. Ceux qui travaillent au Mali aussi peuvent être licenciés par leurs employeurs. Qui va leur venir en aide ? Pas un gouvernement qui se cherche !
Les abandonner pour combien de temps ? Personne ne peut le dire. Entre temps, qui payera leurs frais d’hôtels, et comment vont-ils se nourrir quand on sait que sortir pour aller retirer de l’argent dans un bureau de change comme Western Union ou autres est interdit ?
Alors il faut savoir raison gardée !
Par ailleurs, il faut reconnaitre que le gouvernement ne peut pas tout faire en ces moments tragiques de crises sanitaires mondiales. Chacun doit s’y mettre.
À ces personnes qui croient tout savoir, nous dirons, au lieu de gueuler et dire du n’importe quoi sur la transmission du coronavirus, pourquoi ne pas poser de vrais actes de civismes en sensibilisant les arrivants ? Ce qui pourrait honorer vos petites personnes et qui, après tout, ira encore au-delà de cela, faire la fierté de notre pays, le Mali. Mais, soyez-en sûr, cette fierté pour son pays ne s’achète pas à coup de brouhaha.
On n’est pas des bœufs !
Ces passagers arrivent bien d’un pays touché par le coronavirus, on n’en disconvient pas ! Mais, ce sont des personnes qui déjà dans un désarroi inouï sont quelque part un peu déboussolé. Toutefois, ils sauraient rassurer en voyant d’autres Maliens, des frères et des sœurs venues les accueillir même craintivement. Après cela, les faire comprendre, tout d’abord, avec tact que l’isolement de 15 jours est un acte de patriotisme qu’ils peuvent témoigner pour leur pays étant donné qu’ils viennent d’une zone à risque. Et que le confinement soit nécessaire pour protéger non seulement leurs familles, mais aussi toute la population malienne. Ensuite, donner les consignes à respecter qui sûrement seront prises en compte dans un respect mutuel, car ces Maliens venus d’ailleurs savent mieux que quiconque, la dangerosité de cette maladie. Ce que le gouvernement attend de vous, de nous, c’est un « RÉVEIL DE CONSCIENCE » vis-à-vis de cette maladie inconnue, invisible, indolore et très dangereuse.
En somme, nous sommes tous fils de ce pays. Personne n’est plus malien que l’autre et lorsque des tragédies pareilles nous frappent, nous devons être solidaires et faire en sorte qu’ensemble nous cherchons des issues comme dans une très grande famille. Mais de grâce, ce n’est pas en répugnant d’autres Maliens comme la merde qu’on pourrait résoudre un problème. Ce qui est arrivé le vendredi 20 mars lorsque des Maliens à bord d’un vol en provenance de Paris nommé « Air Coronavirus », par quelques individus qui se croient plus maliens, est pathétique et humiliant. Ça fâche !!!
Au fait, pour votre information, tout l’équipage de ce vol en question était des bénévoles pour qui veut comprendre !
LE FOUINEUR