Les FAMa ont détruit deux colonnes de véhicules et de motos terroristes à Mondoro. Deux sites de regroupement des terroristes ont aussi été détruits. Cela fait suite à une attaque des GAT contre les FAMa dans la nuit du 1er mars 2020 aux environs de 22 heures. Au cours de cette opération, les FAMa déplorent 6 morts, 10 blessés et des engins endommagés.
Les frappes aériennes ont été déclenchées dans la nuit et ont permis de vite infliger d’importantes pertes humaines et matérielles chez les GAT.
Une mission est en cours sur zone pour les évaluations. L’attaque n’est pas revendiquée.
Réforme du franc CFA
Les députés français mal informés par leurs techniciens?
La Commission des finances de l’Assemblée nationale française s’est penchée, le 12 février, sur la réforme du franc CFA, annoncée fin décembre 2019. Mais une partie des explications que deux techniciens du Trésor et de la Banque de France ont données aux députés s’écartent des faits ou s’avèrent partielles.
Décryptage, par Fanny Pigeaud (journaliste) et Ndongo Samba Sylla (économiste).
Le 12 février 2020, la Commission des finances de l’Assemblée nationale française a consacré une séance de travail à la réforme du franc CFA, annoncée quelques semaines plus tôt, le 21 décembre 2019, par le président français Emmanuel Macron et son homologue de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara.
Créé en 1945 par le gouvernement provisoire français, le franc CFA est la dernière monnaie coloniale qui circule encore sur le continent africain. Placé, aujourd’hui encore, sous la tutelle politique et financière du gouvernement français, il est utilisé par 187 millions de personnes, réparties entre les six pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), et les huit pays formant l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). La réforme dont il est question concerne uniquement le franc CFA de l’UEMOA (une autre réforme est apparemment à l’étude pour le franc CFA de la CEMAC).
Pour expliquer aux députés les changements qui allaient être opérés et répondre à leurs questions, un cadre du Trésor français et un représentant de la Banque de France avaient été invités. La vidéo de cette réunion est accessible sur Internet.
Si cette séance a permis de formuler quelques rappels importants et d’apporter des précisions, une partie des explications que les deux techniciens ont données aux parlementaires s’écartent des faits ou s’avèrent très partielles. À l’évidence, très peu des députés présents semblaient outillés – ou préparés – pour traiter et comprendre cette question et ses enjeux.
Nous avons déjà écrit sur cette réforme (ici et là). Mais il nous a semblé utile de reprendre ce qui avait été dit à l’Assemblée nationale, et de faire le point, afin que les citoyens ordinaires et les responsables politiques français, européens et africains, soient informés le mieux possible, sachant que les parlements nationaux (africains et français) seront consultés pour la ratification du texte de cette réforme, probablement dans les mois à venir. La France devra aussi – si ce n’est déjà fait – aviser les autorités monétaires de la zone euro de la réforme envisagée (ces dernières encadrent la coopération monétaire entre la France et les pays de la zone franc en vertu de la décision du 23 novembre 1998 du Conseil de l’Union).
Dans un premier temps, nous allons reprendre les quelques éléments d’information utiles qui ont été communiqués aux députés pendant cette réunion. Dans un deuxième temps, nous reviendrons sur les propos qui nous semblent problématiques, voire très problématiques.
Partie 1 : Les informations et rappels utiles
Rien ne change
Les cadres du Trésor et de la Banque de France ont commencé par indiquer que la réforme laissait intacts des « éléments essentiels » du système CFA, à savoir la parité fixe avec l’euro et la « garantie de convertibilité illimitée » de la France. L’objectif a été avant tout de « sortir les irritants politiques », lesquels « ne sont pas nécessaires pour assurer la parité fixe et la garantie ».
Les « irritants politiques », ce sont le nom du franc CFA (devant être rebaptisé « eco »), la présence de représentants français dans les instances techniques de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et l’obligation pour la BCEAO de placer 50 % de ses réserves au Trésor français. Ce sont en effet les indices les plus visibles de la subordination des pays membres de l’UEMOA à la France.
Par leurs propos, les deux intervenants ont confirmé que la réforme qualifiée « d’historique » par MM. Macron et Ouattara ne… changeait rien au fond. On comprend bien qu’en supprimant les « irritants politiques », Paris espère mettre un terme aux nombreuses critiques sur le franc CFA, qui ont pris de plus en plus d’ampleur ces trois dernières années.
La France reste la patronne
Les deux orateurs ont donné des précisions sur la manière dont la France va assurer la « maîtrise de son risque », en tant que « garant ». « Maîtriser son risque » revient pour la France à définir les conditions de l’octroi de sa « garantie ».
Ils ont expliqué que cette « maîtrise du risque » passera « par d’autres moyens » que ceux utilisés jusqu’ici (dont la présence des représentants de la France dans les instances et la centralisation de la moitié des réserves au Trésor français), évoquant « des questions de reporting, de dialogue en cas d’approche des crises ». Ils ont ajouté : « Nous avons travaillé avec la BCEAO sur un cadre de reporting sur des éléments d’informations financières, les évolutions monétaires, l’évolution des réserves, nous permettant d’avoir le même niveau d’informations qu’avant et un canal de dialogue pour que, quand on s’approche d’une situation où la garantie de l’État pourrait être appelée, on puisse faire valoir notre point de vue sur la restauration des grands équilibres ».
C’est encore la confirmation que rien ne change : le Trésor français va continuer à avoir un droit de regard/exercer un contrôle sur les activités de la BCEAO et de ses pays membres.
Soulignons que les deux techniciens ne semblent pas être sur la même longueur d’onde que le ministre français de l’économie Bruno Le Maire, qui déclarait le 28 janvier dernier devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale : « Le cordon ombilical qui reliait encore les pays membres de la zone du franc CFA, devenu l’eco, au Trésor français se trouve ainsi coupé ». Á moins qu’il ne s’agisse d’un revirement dans la communication de Bercy.
Les pays africains devront ratifier le texte préparé par la France
Lors de cette séance, il a été précisé que le nouvel accord conclu entre l’UEMOA et le ministère français des finances devrait être ratifié par le parlement français et celui de chacun des huit États membres de l’UEMOA. « Nous travaillons sur le projet de loi de ratification, ça prendra quelques mois pour que le texte soit soumis aux parlements. L’idée est d’aller vite ». Sont aussi en préparation les « textes secondaires d’application », dont la « convention de garantie » pour les modalités techniques concernant la « garantie de convertibilité illimitée ». Á noter : ni l’UEMOA ni le ministère français de l’économie et des finances n’ont jusqu’à présent jugé utile de rendre public l’accord qu’ils ont signé le 21 décembre 2020, juste après l’annonce de la réforme.
Lorsque nous avons demandé, début janvier, au ministère de l’économie et des finances, s’il était possible d’obtenir ce texte, on nous a répondu : « Le texte n’est pas public pour le moment. Le Trésor n’a toujours pas de délai de publication. »
L’eco CEDEAO n’est pas pour demain
Les invités des parlementaires ont soutenu que la France était « favorable à une intégration régionale » en Afrique de l’Ouest. Mais ils ont aussi dit à plusieurs reprises que la monnaie unique de la CEDEAO était une perspective de « très très très long terme ».
Rappelons que la CEDEAO est une organisation régionale qui rassemble les quinze pays de l’Afrique de l’Ouest dont ceux de l’UEMOA. Elle a un projet de monnaie unique qui remonte à 1983. En juin 2019, elle a décidé de donner à cette future monnaie le nom eco (diminutif d’ECOWAS, traduction anglaise du sigle CEDEAO).
Les deux experts ont reconnu que, depuis l’annonce de MM. Macron et Ouattara, le nom « eco » « renvoie à deux réalités différentes » : l’eco de la CEDEAO et l’eco, nouveau nom choisi pour le franc CFA de l’UEMOA. Ils n’ont toutefois pas fait allusion aux critiques émises par plusieurs pays de la CEDEAO au sujet de la réforme du franc CFA. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du Nigéria, du Ghana, de la Guinée, de la Gambie, de la Sierra Leone et du Liberia ont exprimé, le 16 janvier 2020, leur inquiétude à propos de la décision de l’UEMOA de rebaptiser le franc CFA avec le nom retenu pour la monnaie unique de la CEDEAO ; ce qui ne correspond pas à la feuille de route de la CEDEAO.
De l’avis du représentant du Trésor français, la mise en place rapide d’une monnaie unique régionale ne semble pas être une urgence pour les pays africains dont « le Nigéria qui n’a pas l’air pressé » et « les pays de l’UEMOA qui n’ont pas l’air non plus particulièrement pressés de passer à une union monétaire à quinze ». Ce qui suggère, selon lui, que la parité fixe du franc CFA avec l’euro va durer encore quelque temps. « Il est possible, probable » que l’intégration monétaire en Afrique de l’Ouest « se fera par agrégation progressive de certains pays qui pourraient avoir un intérêt à rejoindre l’UEMOA », a-t-il conclu. Une vision qui n’est pas conforme non plus à la feuille de route de la CEDEAO.
A SUIVRE
PAR FANNY PIGEAUD
Médiapart