samedi 23 novembre 2024
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Des consultants russes de Wagner auraient été aperçus à Bamako: La France très méfiante soupçonne le  Kremlin 

 

Selon certaines sources, les consultants russes de Wagner étaient à Bamako il y a quelques semaines. Spécialisée dans la vente d’hélicoptères et la maintenance, la firme Russe Wagner semble piloter la politique  russe. C’est d’ailleurs pourquoi nombre d’observateurs annoncent le retour de la Russie dans ses anciennes relations avec le Mali au nom de la lutte antiterroriste. Impuissante face à la menace terroriste au Mali et dans la région du Sahel, notre pays sonde l’expertise russe en la matière.

En juin 2019, le ministre malien de la Défense, le général Ibrahim Dahirou Dembélé, a signé un accord de coopération militaire avec son homologue russe Sergueï Choïgou, dont le pays est sous sanctions économiques occidentales. Pour trouver une bouffée d’air, il se tourne vers l’Afrique où une opération de charme tous azimuts est engagée afin de conquérir l’Afrique pour des marchés et s’approvisionner en ressources naturelles. Si l’accord conclu entre Bamako et Kremlin semble très modeste, celui-ci constitue une passerelle pour Moscou, qui a déjà fait don au Mali de deux hélicoptères d’attaque MI-35 en 2017 et compte encore lui vendre deux autres appareils et lui fournir une assistance technique.

Il y a quelques semaines, une petite équipe du sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner, accusé de mercenariat et suspecté d’appartenir à un homme d’affaires proche du Kremlin, a séjourné à Bamako, a appris l’AFP auprès de deux sources sécuritaires distinctes en Afrique de l’Ouest.

Et, selon l’une de ces sources basées au Sahel, “ils vont arriver, ça y est”, la décision d’implanter une unité Wagner au Mali ayant, d’après elle, été entérinée lors du premier sommet Russie-Afrique à Sotchi, en octobre dernier. Alors que Moscou dément tout lien avec ce groupe, les consultants russes ont été aperçus ailleurs en Afrique: en Libye, on les dit alliés au maréchal Haftar. Dans le nord du Mozambique, ils combattraient avec l’armée une rébellion jihadiste et des médias occidentaux ont fait état d’une présence à Madagascar et au Soudan.

« Bientôt, il y aura des Russes qui vont venir travailler avec nous (…), nous assister techniquement dans certains domaines », a affirmé fin novembre devant les députés maliens le général Dembélé, sans plus de détail. « Lorsque les Russes seront là, au lieu d’envoyer les appareils chaque fois en Russie, ils seront là pour nous aider à les réparer et perfectionner nos pilotes ».

« On ne va pas mettre tout le Mali dans un seul sac et croiser les bras », a-t-il fait valoir pour justifier la conclusion de partenariats d’assistance militaire à la fois avec Paris et Moscou.

N’étant pas sur un terrain inconnu,  la Russie à l’époque de la Guerre Froide, l’Union soviétique entretenait des liens étroits avec Bamako. Dès son indépendance en 1961, l’ancienne colonie française se tourne vers le socialisme et conclut des accords de coopération avec l’URSS, qui équipe alors les forces armées maliennes.

Moscou, qui a également signé un accord de coopération avec le Burkina voisin en août 2018 et doit lui livrer deux hélicoptères, est désormais aux portes de l’Afrique de l’Ouest francophone.

Côté français, on met en garde contre une surinterprétation des liens ténus retissés entre Bamako et Moscou, qui relèveraient plutôt de l’affichage. Au Mali, on souhaite l’arrivée des forces russes  sans toute fois maitriser  l’ampleur de l’implantation russe dans d’autres pays comme la RCA”, abonde une source diplomatique occidentale à Bamako. Il convient de souligner; depuis que la présence russe se concrétise l’arrivée de l’armée et de dizaines de “conseillers militaires” russes en 2018 en Centrafrique une violente campagne de désinformation anti-française s’en est suivie. Ce qui

crée la méfiance en France surtout que le sentiment anti-français se propage de plus en plus à Bamako. “Nous soupçonnons les Russes d’encourager le sentiment anti-français” dans la bande sahélo-saharienne où sont déployés les militaires français, glisse un haut gradé.

Sur la scène politique interne, certains groupes d’opposition maliens militent depuis longtemps contre la présence de l’ancienne puissance coloniale et en faveur d’un rapprochement avec Moscou. Ce militantisme pro-russe est notamment porté par le “groupe des patriotes du Mali”, une organisation de la société civile. Cette présence semble mal vue du côté de Paris. La ministre française des Armées Florence Parly avait prudemment salué l’engagement de Moscou tout en s’interrogeant à demi-mot sur ses motivations profondes. “La France est prête à collaborer avec tous ceux qui souhaitent continuer à l’émergence de la paix et de la sécurité. Évidemment, il faut que ce soit un engagement de bonne foi, mais je n’ai pas de commentaire à faire là-dessus”, a-t-elle déclaré.

K. Komi LE COMBAT

 

 

Djibril Coulibaly

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