Après les révélations du rapport «dirty diesel » de l’organisation suisse Public Eye de septembre 2016, un autre rapport publié en juillet dernier par l’Inspection pour l’environnement humain et les transports des Pays-Bas pointe les exportateurs d’hydrocarbures vers le continent africain. Ce rapport note que l’essence et le diesel destinés pour l’Afrique de l’ouest sont mélangés à des produits chimiques dangereux pour la santé.
Le rapport publié par l’Inspection pour l’environnement humain et les transports des Pays-Bas, au mois de juillet dernier, précise que « les carburants destinés à l’Afrique de l’Ouest sont mélangés autant que possible ». Des produits tolérés par la législation de certains pays contiendraient une teneur en soufre 200 à 1 000 fois supérieure aux normes européennes.
Selon les sources, l’enquête a porté sur une quarantaine de bateaux-citernes à destination de l’Afrique de l’Ouest. Selon la police environnementale hollandaise, l’on note la présence de deux produits cancérigènes, à savoir le manganèse et le benzène. Ces deux substances sont connues pour favoriser dangereusement le développement de cancer chez l’Homme. D’autres produits interdits dans plusieurs pays du monde sont aussi présents dans ces hydrocarbures. Il faut préciser que les enquêtes qui ont permis l’élaboration de ce rapport donnent raison aux révélations de l’organisation suisse Public Eye de septembre 2016, qui fustigeaient la vente de carburants hautement toxiques en Afrique.
Pour certains, peut-être qu’un jour, l’Afrique de l’Ouest cessera d’être intoxiquée par de l’essence et du diesel émettant de grandes quantités de particules fines exportés par des géants du négoce sans scrupule. Mais, en attendant, c’est la fameuse «qualité africaine », comme disent les autres, des produits pétroliers de piètre qualité mélangés à des substances très chimiques.
En effet, en Afrique de l’Ouest, la composition de l’essence est loin des standards européens et représente même une menace pour ceux qui l’utilisent. Les compagnies n’hésitent pas, quand un chargement est à destination de l’Afrique de l’Ouest, à « créer » de l’essence avec des substances nocives pour l’environnement.
Néanmoins, plusieurs pays comme la Cote d’Ivoire ou le Nigeria essaient de mettre aux normes leurs raffineries et de réduire les teneurs en souffre de leurs carburants.
Il faut noter qu’environ 50 % des produits pétroliers exportés vers l’Afrique de l’ouest partent d’Amsterdam et Rotterdam, auxquels s’ajoute Anvers, selon l’ONU. Les mélanges étant effectués dans ces terminaux qui disposent de raffineries, les Pays Bas se sont donc emparés du problème.
Ce rapport d’enquête vient donc confirmer les résultats publiés par l’organisation non gouvernementale Suisse, Public Eye, deux ans plus tôt. Cela démontre que le « business de carburants toxiques » fonctionne à plein régime sans aucune retenue par les grands groupes pétroliers. En effet, ceux-ci tirent profit de la faiblesse des normes en vigueur en Afrique et ne se préoccupent pas des problématiques environnementales et sanitaires.
Face à ces groupes peu scrupuleux et ces normes laxistes, les carburants nocifs se répandent depuis des dizaines d’années partout en Afrique de l’Ouest sous forme notamment d’émissions polluantes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 7 millions de personnes meurent chaque année en Afrique des suites de pathologies provoquées par la pollution aux particules fines.
Malheureusement jusqu’à aujourd’hui, il n’y a rien d’illégal à exporter des carburants hautement soufrés. Bien que l’Afrique tente de réduire « la teneur en soufre autorisée » dans le diesel et à appliquer des standards internationaux, les mouvements restent timides et réticents d’un point de vue « économique ». Le gouvernement Européen ferme quant à lui les yeux sur ces pratiques qui profitent aux acteurs pétroliers. L’enquête réalisée aux Pays-Bas sera prochainement présentée devant le Parlement et certains cas pourront être néanmoins amenés devant la justice.
Dieudonné Tembely
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