La capitale économique ivoirienne abrite les assises du 5esommet de l’Union Africaine et de l’Union Européenne. Au cours de la rencontre, il sera question de paix, de sécurité et aussi de migration des jeunes africains qui est en ce moment au centre de tous les débats. Selon les dernières statistiques de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), 3000 migrants africains ont disparu en Méditerranée depuis le début de l’année ; 164 000 sont arrivés par la mer en Europe, dont les trois quarts en Italie. Le chiffre est inférieur à celui de l’an dernier, mais les conditions de détention vont de mal en pire.
Le sommet qui prend fin aujourd’hui enregistre la présence de plusieurs dirigeants africains et européens dont les Présidents Ibrahim Boubacar Kéïta du Mali ; Alpha Condé de Guinée (Président en Exercice de l’UA) ; Alassane Ouattara de la Côte-d’Ivoire (pays hôte du Sommet) et Macron de la France. «Investir dans la jeunesse pour un avenir durable » est le thème central autour duquel les différents participants vont échanger. Un sujet qui sera sans doute en lien avec l’actualité qui prime en Afrique et un peu partout dans le monde. Depuis la diffusion de la vidéo de la chaîne américaine, CNN, qui met en exergue la vente aux enchères en Libye des migrants africains, la question de l’immigration ne cesse de susciter des réactions.
La rencontre se tient, donc, à un moment où la traite des êtres humains en Libye reste préoccupante. L’Union Européenne, pour éviter l’envahissement de son territoire par les exilés africains, traite, depuis des mois, avec certains Libyens pour contenir ces flux sur la Méditerranée. La méthode a servi, vu le constat fait par l’OIM. Le nombre de migrants arrivés en Europe par la mer a été plus que divisé par deux par rapport à l’an dernier. Depuis janvier 2017, 164.000 ont été recensés contre 348.600 en 2016. Mais leur manière de procéder est jugée « d’inhumaine » par des membres du Bureau des Nations-Unies aux Droits de l’Homme.
« Il y a ce discours de lutter contre les trafiquants, mais, en même temps, l’Union Européenne finance les garde-côtes libyens, dont on sait pertinemment – et l’ONU a pu le vérifier – qu’ils participent eux-mêmes au trafic. C’est quand même assez paradoxal de vouloir lutter contre les trafiquants sans tirer les conséquences sur où vont les fonds européens, où va l’aide technique et opérationnelle de l’UE auprès des Libyens qui, par ailleurs, placent les migrants et réfugiés dans des centres de détention où ils sont persécutés, torturés et parfois exécutés », explique à nos confrères de RFI Jean-François Dubost, Chargé de la Protection des populations pour Amnesty International France. Une thèse qui vient, donc, en soutien aux propos de la coalition internationale des migrants d’Europe qui dénonce la complicité de l’Occident dans cette affaire.
Cette rencontre de l’Europe et de l’Afrique serait ainsi l’occasion de situer les responsabilités afin que cette passivité face aux conditions de vie inhumaines des migrants africains puisse être rompue pour de bon.
Adama A. Haïdara : LE COMBAT