vendredi 22 novembre 2024
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Histoire de femmes : Quand l’amitié, le pouvoir, la trahison, l’amour et l’argent se heurtent !!!

(photo enlevée pour des raisons de sécurité) Je m’appelle Sata, jeteuse de cauris depuis dix-sept ans. J’ai été mariée pendant trois ans. Malheureusement mon mari m’a quitté parce qu’il ne supportait pas que je sache tout de lui. Il n’avait pas tort. Avec mes cauris, rien ne m’échappait. J’arrivais à tout savoir, même les secrets les plus enfouis. Excédé par mes multiples reproches, il m’a donc quitté en me laissant seule avec notre fille.

Je n’ai vraiment jamais désiré exercer ce métier. Il s’est imposé à moi quand j’ai eu l’âge de seize ans. J’étais alors en classe de 8ème. Une voix me demandait, chaque fois que j’étais dans la salle de classe, de sortir pour regagner la forêt. Lorsque je refusais d’obéir, je recevais des coups de fouet sans que je ne sache vraiment d’où ils provenaient. Et, quelques fois, le matin au réveil, je trouvais des cauris sur mon lit. Mes parents ont alors compris que c’était ma destinée car les génies m’empêchaient de poursuivre correctement les études… Avec les cauris, je peux tout savoir sur n’importe qui. L’avenir devient limpide à mes yeux.

Je suis capable de dire avec exactitude la date de naissance et même celle de la mort d’une personne que je ne connais pas ; et je résous aussi les problèmes de certaines personnes lorsque les génies m’y autorisent. La nouvelle de mes aptitudes à la voyance ne s’est pas fait attendre. Je recevais de plus en plus de visiteurs. Je consultais à deux cents francs. La plupart de mes clients étaient des femmes. Elles s’attachaient très vite à moi, car elles se rendaient vite compte que mes cauris ne mentaient pas.

Après dix-sept années de métier, et après avoir amassé beaucoup d’argent, je me sentais seule. Contrairement à ce que mes clients pensaient, j’avais, moi aussi, besoin qu’on s’occupe de moi. J’avais, autant qu’elles, besoin d’un homme attentionné et généreux. Mais elles ne se rendaient pas compte. Pour elles, j’étais, sauf une femme. Pourtant je n’étais pas vraiment différente d’elles. Je raffolais, moi aussi, de bijoux, de vêtements à la mode. Je voulais moi aussi avoir un amoureux dans ma vie.

Il m’arrivait de consulter quelques fois pour moi-même, mais mes génies ne me disaient presque rien. Ils me cachaient beaucoup de choses me concernant. Je me suis plusieurs fois rendue moi-même chez des confrères afin qu’ils me lisent mon avenir, mais c’était difficile pour eux d’y voir quelque chose.

Mes génies rendaient le travail impossible. Puis, un jour, Bintou une de mes clientes, est venue chez moi avec l’une de ses amies pour une consultation. Elle s’appelle Mariam. Dès le premier jet du cauris, j’ai dit à Mariam que je voyais de la trahison. J’ai aussi prédit qu’elle était très aimée des hommes. Mariam était mariée avec un homme riche nommé Mamoutou. Ce dernier travaillait dans une très grande entreprise de la place. Il faut aussi préciser que Mariam était très belle. Ma cliente et elle étaient très amies, et leurs maris étaient des collègues.

A la fin de la séance, Mariam a trouvé exact tout ce que je lui avais dit, et elle semblait convaincue que mes cauris disaient vrai. Après cette visite en compagnie de son amie, Mariam est revenue me voir seule, chez moi. Ce jour-là elle ne passa pas par quatre chemins pour me dire ceci : « Sata, je ne vais rien te cacher. Je ne croyais pas vraiment aux cauris avant de t’avoir rencontrée. Je suis convaincue aujourd’hui que les tiens ne mentent pas. J’ai un secret à te confier. Je suis mariée, c’est vrai. Mais mon mari ne me donne pas suffisamment d’argent. J’en veux plus car il est capable de m’en donner plus. Je l’aime et nous avons deux enfants, mais j’ai des amants. J’en ai deux qui me comblent sexuellement et financièrement. Mais à présent, je convoite un autre homme. Il m’a promis une voiture. Je veux cet homme. Et j’aimerais que tu m’aides. C’est le collègue de mon mari. Mais lui est plus riche que mon époux. Malheureusement, il est le mari de Bintou, ma copine qui m’a permise de rentrer en contact avec toi. Ne me juge pas s’il te plait. Notre milieu est ainsi. Il n’ya pas de sentiment ».

J’avoue ne pas avoir été choquée par les propos de Mariam car, dans ce métier, j’ai vu et entendu pire que cela. Les clientes sont incroyables. Je les côtoie tous les jours. J’en ai aidé plusieurs à réaliser leurs rêves, des plus nobles au moins sains. Je trouve quand même injuste qu’une femme, qui a un mari, convoite celui de son amie. Mon rôle n’est cependant pas de juger mes clients, mais plutôt de les aider, surtout qu’il me faut reconnaitre que je reçois beaucoup de cadeaux de la part de ceux d’entre eux qui sont satisfaits de mes prestations.

Mariam comptais vraiment sur moi pour réaliser son vœu : avoir le mari de l’autre, son amie. J’ai donc jeté les cauris, et les esprits m’ont révélé que cela était possible, à condition que Mariam consente à faire quelques petits sacrifices. Mariam était très généreuse. J’ai donc fait parler les cauris, et elle a réalisé son vœu, surtout que le mari de son amie la voulait déjà. Je n’étais pas forcément pas d’accord, mais je n’avais pas le choix. Je devais surtout garder le secret, car dans mon domaine, le secret professionnel était de mise.

Mariam me rendait compte, par heure, de l’évolution de son aventure avec son nouvel amant qui la couvrait de cadeaux. Elle était heureuse et croyais en moi. J’étais devenue sa confidente. Elle me disait tout sans crainte. On se voyait même ailleurs, qu’à mon « cabinet ». On était devenue des vraies amies.

Je me contentais de l’écouter et de faire mon travail. Dans le fond je l’estimais. Puis un jour, Mariam m’a dit que son fils fêtait son anniversaire à son domicile. Elle a insisté pour que je sois présente ce jour-là. Je ne sortais pas beaucoup, mais je tenais tout de même à faire plaisir à Mariam. J’ai donc accepté son invitation. Selon elle, son mari avait beaucoup investi pour faire plaisir à leur fils. La fête s’annonçait grandiose.

Le jour J, je me suis présentée à la cérémonie. Très en beauté, avec un cadeau pour le fils de mon amie. Dès que j’ai fait mon apparition, un fait m’a marqué. Mariam en pleine discussion avec Bintou et elles riaient aux éclats. Je me disais intérieurement : « si tu savais ». Elles étaient surprises de me voir aussi bien habillée, et elles n’ont pas arrêté de me faire des compliments. C’est vrai que je sortais très peu, mais je savais me faire belle et ce jour-là, je mis le paquet. Au cours de la fête, mon regard s’est posé particulièrement sur un homme. Il était tellement beau que je l’avais remarqué tout de suite. Je crois d’ailleurs que je lui avais aussi tapé dans l’œil. Il me regardait intensément pendant toute la fête. Puis Mariam est arrivée et s’est adressée à l’homme : « papa, les invités sont là ». J’ai compris que c’était le mari de Mariam, celui qu’elle trompait à longueur de journée. Le cocu qui était si aveugle. Du coup, j’ai éprouvé pour lui pitié et compassion. «Comment pouvait-on tromper un si bel homme, riche de surcroit ?, me suis-je demandée.

Pendant toute la soirée, l’homme ne m’a pas quitté des yeux. A un moment donné, il est venu vers moi pour me demander si j’étais parente, amie ou collègue à son épouse. J’ai répondu : « amie ». Puis il m’a dit : « Bizarre, je connais toutes les copines de ma femme, mais pas vous. C’est quoi votre nom ? » J’ai répondu « Sata ». Pendant que nous parlions, Bintou nous à rejoint. Elle a dit à Mamoutou que j’étais une jeteuse de cauris très réputée dans ce domaine. Mamoutou a été très impressionné. Il n’a pas manqué de me dire qu’il n’avait jamais vu de jeteuse de cauris aussi jolie que moi. A la fin, il m’a manifesté le besoin de venir consulter chez moi.

Effectivement, deux jours après, Mamoutou est venu me voir. Je l’ai considéré comme tous les autres clients, bien que lui me faisait de l’effet. Il a été très satisfait de mes prestations. Puis il m’a posé plusieurs questions sur ma vie ; il voulait surtout savoir pourquoi je faisais un tel métier. Sans faux-fuyants, je lui ai tout raconté. Nous avons discutés pendant plusieurs heures. Après ce fameux jour, l’image du mari de ma cliente Mariam me hantait. Je le sentais et le voyais partout. Je le voulais. Et, comme s’il ressentait les même choses, il était devenu très régulier chez moi, mais certainement plus pour me voir que pour une consultation.

Nous sommes devenus très proches. Je voyais Mamoutou venir, mais je n’ai rein fait pour le repousser. Et ce qui devait arriver arriva. Nous sommes devenus amants. Bizarrement, je n’avais aucun remords vis à vis de Mariam. Peut-être à cause de ce que je savais la concernant. Elle l’a appris ; mais plutôt que de faire des tapages, elle est venue me le demander tranquillement. Je lui aie dit la vérité. Elle s’est mise à pleurer. Je lui ai juste dit : «Je n’ai rien fait de mystique pour qu’il s’intéresse à moi. La seule chose que je te demande, c’est de me laisser une petite place dans sa vie, car je compte bien être sa seconde épouse ».

Mariam, n’a rien pu faire pour empêcher cette union car elle avait peur que je raconte tout à son mari. De toute façon, je n’en avais pas le droit et je ne l’aurais pas fait. Par contre, aujourd’hui, je suis vraiment sa rivale. Mamoutou m’a épousée. J’ai certes été beaucoup critiquée, mais au fond de moi, je crois que j’aurais eu du mal à prendre à Mariam son mari, si je ne la savais pas si mauvaise épouse et mauvaise amie…

La rédaction Le Flambeau| lecombat.fr

Djibril Coulibaly

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