Les rumeurs de la démission du ministre des Sports avaient fait le tour de la capitale malienne toute cette semaine, sans être ni infirmées ni confirmées. Housseini Amion Guindo Alias Poulo est désormais dans l’œil du cyclone du régime pour n’avoir pas fait le jeu du pouvoir dans la crise qui secoue le football malien. Il se serait même opposé au candidat soutenu par le parti majoritaire et se serait insurgé contre sa mise à l’écart dans la gestion du différend qui oppose les deux camps de la FEMAFOOT. Face à ce mépris souverain des hautes autorités à l’égard du ministre des Sports, que lui reste-t-il enfin ?
Si cette démission venait à être confirmée, ce serait une de plus en quatre ans de gestion du régime IBK et illustrerait le pilotage à vue de la République par la Majorité actuelle. La question que beaucoup d’observateurs de la scène politique malienne se posent aujourd’hui est celle de savoir si le ministre Amion Guindo a le courage de l’ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly, ou l’audace de Racine Seydou Thiam. Tous les arguments semblent réunis pour qu’il rende le tablier pour préserver son honneur et sa dignité. En le faisant avec fracas avant qu’il ne soit mis à la porte comme Moussa Mara, il accréditerait la jeunesse d’une nouvelle confiance et aura l’estime de bon nombre de citoyens. Mais en s’accrochant à son poste de ministre et tous les avantages liés à cela, il finira comme tous ces jeunes qui ont troqué leur veste contre des strapontins.
Rappelons que depuis plus de deux ans, le football malien traverse une crise sans précédent due au radicalisme du Président sortant Boubacar Baba Diarra, qui a voulu gérer le Comité Exécutif de la FEMAFOOT comme le patrimoine d’un clan, en s’abritant derrière les textes de la FIFA interdisant toutes ingérences politiques dans le football. Donc, en voulant exercer la souveraineté du pays dans tous les domaines de la vie, les autorités ont, face à l’enlisement de la crise, dissout le Bureau fédéral et mis un comité transitoire. Cette situation ayant été mal perçue par la FIFA, la sanction ne s’est pas fait attendre, le Mali a été suspendu de toutes les compétitions. Sous la pression, l’Etat a capitulé en levant la décision de dissolution. En homme d’Etat, le ministre devrait démissionner ce jour, parce qu’il a été désavoué et humilié. Il est resté à cause d’un compromis consistant à organiser dans un bref délai l’Assemblée Générale de la FEMAFOOT pour renouveler le Bureau. Au lieu d’être le chef d’orchestre de cette Assemblée, le ministre des Sports a été tout simplement mis à l’écart. La réunion s’est tenue dans des conditions non transparentes et dans une totale humiliation du pays, car les protagonistes se sont adonnés à cœur joie à des injures et autres invectives sans éviter la mise en place de deux bureaux rivaux. Housseini Amion Guindo pourrait-il avoir meilleur argument pour démissionner que ce mépris ?
Président du parti qui s’est classé quatrième au sortir des dernières élections communales, qu’est la CODEM, le ministre des Sports fait partie aujourd’hui des jeunes leaders qui ont une certaine aura et peuvent faire basculer le vote en faveur d’un tel ou d’un tel. Alors pourquoi rase-t-il le mur ? Il est désormais entre l’audace et l’humiliation, à lui de choisir.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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