vendredi 22 novembre 2024
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Valeurs effritées, convictions ébranlées

Un ami me disait que le Français, en général, était un être facilement exploitable. Ainsi, il suffisait de lui faire croire que les choses iront mieux alors que plus rien ne va, de le rassurer avec des fausses promesses pour continuer à l’exploiter.
C’est quand même incompréhensif, voire révoltant que les peuples qui ont connu un passé confortable refusent de se remettre en question et préfèrent fermer les yeux sur la réalité.
Souvent, des amis l’accusent de faire partie de ceux qui préfèrent continuer de vivre leur petite vie sans se préoccuper de l’avenir de leur pays. Il est vrai que je ne suis pas dans une situation difficile même si je constate une réelle dégradation de notre quotidien.
Oui, les choses ont changé sans que je m’en aperçoive ! Et ce sont nos enfants qui en payent les conséquences. Souvent je ne comprends plus mon présent qui est bien trop loin de mon passé et cela ne me réconforte pas.
Faut-il pour autant se révolter ou se sentir coupable d’une situation que je ne maîtrise pas ? Et en quoi serais-je responsable de cette situation économique désastreuse ?
Révoltée ? Oui, je le suis ! Mais, ce n’est pas pour autant que je me sens responsable de cette crise financière car, comme beaucoup de familles, j’ai travaillé dur pour obtenir ce que j’ai. J’ai connu, comme elles, des situations difficiles et pas uniquement sur le plan financier. Je sais comme il est pratiquement impossible de penser à autrui quand nous sommes nous-mêmes en grande difficulté.
Mais, d’un tempérament optimiste, je suis et reste positive dans les épreuves. Serait-ce cette trop grande confiance en moi qui m’empêcherait de voir la réalité ?
A moins que cela soit tout le contraire car comment faire pour trouver le juste milieu entre ceux qui fabulent, ceux qui pensent sincèrement ce qu’ils disent, ceux qui parlent pour se faire remarquer et ceux qui répètent bêtement ce qu’ils ont entendu ?
Les défaitistes accusent les optimistes de ne pas réagir et les optimistes les accusent d’être des perturbateurs. A force d’écouter un peu partout, je ne sais plus qui croire. Entre ceux qui se sentent lésés par la société, ceux qui défendent bec et ongle leurs biens et ceux qui appellent à la révolte : Que faire ? Que ou qui choisir ?
En supposant qu’il y ait un « ordre » qui dirige le monde ? En quoi serais-je responsable de cette supériorité qui nous exploite ? C’est bien beau de m’accuser de ne rien faire quand ces mêmes personnes ne font rien non plus de leur côté pour le changement qu’ils réclament.
Certes l’union fait la force, mais encore faut-il que cette force soit efficace afin de renverser ceux qui profiteraient du plus grand nombre. De plus, je refuse de m’engager sur des suppositions. Si je constate que notre pouvoir d’achat a baissé, il y a peut être d’autres raisons plus sensées que tous ces dires qui nous incitent à la révolte.
Mais si c’était eux qui avaient raison, cela voudrait dire que notre gouvernement est composé de mafieux qui s’organisent entre eux pour nous exploiter encore davantage. En qui puis-je avoir confiance ? Toute la question est là. Comment trouver le juste milieu ? A qui faire confiance ? Voilà deux questions essentielles auxquelles il est difficile de répondre à notre époque où la franchise et la sincérité sont des défauts et non des valeurs.
Ce monde marche sur la démagogie, l’égocentrisme, l’égoïsme… Les vrais repères ont disparu dans les relations humaines. Le juste milieu ? C’est selon mon intuition. A qui faire confiance ? A personne ! Je ne me fie qu’à mes convictions !
Encore faudrait-il être sûr qu’elles ont encore de la valeur aux yeux des autres. Sans compter que de nos jours, il est très difficile d’être sûr de ses convictions étant donné qu’elles ne sont plus d’actualité donc paraissent bien souvent non valables.
A quoi bon par exemple enseigner à nos enfants le patriotisme, le partage, la fidélité, la confiance réciproque alors que tout est l’inverse et que pour réussir il faut être ambitieux et n’éprouver aucun sentiment ?
Je ne serai jamais de ceux-là puisque j’ai besoin du bonheur des autres pour être heureuse mais trop souvent ce bonheur offert est un vilain calcul pour me soutirer de l’attention.
La méfiance gagne chaque jour de plus en plus de terrain dans mon cœur sur le terrain de la confiance envers les autres, la société. Mes belles convictions s’effritent peu à peu. Et pour rester ce que je suis, je me retire petit à petit de ce monde qui n’est déjà plus le mien. Et puis je pense que je mérite maintenant un peu de quiétude car jusqu’à présent j’ai toujours défendu mes valeurs et cela n’a pas été facile.
Je passe donc le flambeau aux plus jeunes sans rien espérer car, pour beaucoup, ils ne souhaitent que leur bonheur sans s’occuper de l’autre. Ils ne voient qu’eux, les autres ne comptent plus.
Peut-être y aura-t-il un sursaut de clairvoyance quand ils seront seuls face à des difficultés insurmontables qui les obligeront à demander de l’aide. Un économiste me dit que seule une guerre mondiale pourrait assainir ce climat délétère car, dans une certaine mesure, elle remet les pendules à zéro.
A cela je réponds que le prix des victimes sera bien trop élevé pour retrouver une stabilité précaire. Surtout que, au final, c’est l’homme qui est responsable de sa condition.
Sonia
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Djibril Coulibaly

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