Nombreuses sont les femmes au Mali qui souffrent en silence, pleurent en cachette et, parfois, hurlent de toutes sortes de douleurs. Le cœur brisé, «la loi de l’humilité» les entraine vers une mort certaine. Car, la mélancolie, le chagrin, est une maladie qui tue lentement mais sûrement.
Pourquoi cette injustice?
Dans notre pays, les femmes sont isolées. Celles qui s’affichent ne sont généralement que des figurantes mises en avant par les hommes. Dans certains milieux, elles sont réduites à l’humiliation et à la subordination.
Pourtant, le monde a changé. Les sociétés aussi. De ce fait, pour une nouvelle vision du vivre ensemble et du respect d’autrui, ne devons-nous pas revoir les conceptions des coutumes d’une époque révolue ?
Avec le cliché de «l’être faible», les femmes plutôt résignées, sont convaincues de leur illégitimité dans la société et reste ainsi dans la passivité.
En effet, ce sentiment par l’incision, ancré, depuis le jeune âge, à la femme dans notre société, façonne déjà son futur.
Par exemple, la semaine dernière, le Ministre de la Justice, Me Mamadou Ismaël Konaté, à l’Imam Mahmoud Dicko, en ces termes: «Il n’est nullement question d’excision ; contrairement aux affirmations prêtées à Monsieur le Président du Haut Conseil Islamique par certains médias. Il est plutôt question de violences conjugales».
On peut comprendre que le Ministre de la Justice, se justifiant, précise ses intentions. Mais mettre en avant les violences faites aux femmes en se détournant du reste ; à savoir les violences faites aux petites filles, est tout simplement hallucinant.
Mais bon sang ! Il s’agit là de l’incision, de la mutilation génitale de l’enfant.
Autant les violences conjugales dans les foyers sont insupportables dans notre société, autant les incisions pratiquées sur les fillettes sont de graves atteintes à la dignité humaine, à l’intégrité et à la vie des femmes. Nous ne pouvons pas les dissocier.
Pourquoi, dans la conscience de nos décideurs, est-il si moins scandaleux de s’en prendre aux fillettes. Pourquoi les reléguer au second plan ?
Elles ne sont que des enfants sans défense.
L’incision ne-t-elle pas un drame qui doit sensibiliser l’opinion nationale?
Autant de questions qui méritent des réponses.
Manifestement, le Ministre de la Justice cherche à rester dans son fauteuil et le Président du Haut Conseil Islamique veut sauvegarder sa place de Leader religieux. Rien d’autre.
En fait, où se cachent les femmes politiques, les leaders femmes de la société civile ?
C’est notre débat, notre combat.
D’ailleurs, aujourd’hui, 8 Mars, nous célébrons la «journée internationale des Droits de la femme au Mali». Fort de constater que déplacé de son contexte, ce jour semble évoluer vers une « Journée de la femme » où la femme est réduite à une récupération marketing de l’évènement. Les sociétés textiles de la place, Batex, COMATEX et autres perçoivent cette journée comme un porte-monnaie plutôt qu’une représentation d’un genre discriminé dans la société. Eventuellement, certains hommes attentionnés offriront des cadeaux à leurs épouses. Du folklore, encore du folklore ; avec ces rencontres par-ci, par là, au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes des femmes.
Cette édition sur le thème «L’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution» n’aura d’aplomb que si les femmes sont totalement libres. Liberté vestimentaire, liberté de mœurs, liberté du corps et liberté d’expression.
De toute évidence, le sort de la femme malienne est resté précaire, non à cause de la Religion proprement dite, mais à cause des projets juridiques qui peinent à s’installer.
Tout compte fait, ne comptons pas trop sur ces dirigeants domptés par des individus qui n’arrêtent pas de les intimider, cette autre forme de violence…