Après cette répression sanglante qui complique la médiation dans la crise malienne, le général Salif Traoré, l’ex-ministre de la Sécurité et de la Protection Civile dans un entretien accordé au journal français Le Point.fr, balaye d’un revers de main l’implication de la FORSAT dans les récentes tueries à Bamako. « Personne n’a vu la FORSAT », soutient-il.
Bien que n’étant pas en fonction, le général, Salif Traoré, un des pions essentiels du Président IBK a réagi aux accusations faites contre l’utilisation du FORSAT. « Bien que pas en fonction, je n’ai pas entendu qu’il y avait une attaque terroriste ou une menace terroriste attendue. C’est dans ce cas seulement que l’on aurait vu les éléments de la FORSAT. Il ne faut pas faire de confusion entre les unités. La FORSAT n’avait pas vocation à être là», a-t-il commenté.
Pour l’ancien ministre, dans l’atmosphère de tensions actuelle que connait le Mali, « l’infox » pourrait être utilisée pour justifier certains faits.
Après plusieurs attaques terroristes, notamment de Byblos, à Sévaré, en 2014, au restaurant la Terrasse ici à Bamako ensuite, à l’hôtel Radisson de Bamako enfin il a nécessité la mise sur pied d’une force spéciale pour combler les soucis de coordination a expliqué Salif Traoré ajoutant que c’est à ce moment que le concept de Force spéciale antiterroriste est né.
L’ancien ministre explique que cette force est utilisée quelque « rares fois » pour d’autres missions autres que celles de combattre les terroristes. « Elle a été utilisée dans la lutte contre le grand banditisme quand des nids criminogènes sont identifiés et que les informations indiquent qu’il y a des bandits armés et très dangereux », explique l’ancien ministre de la Sécurité précisant que toutes les forces, quelles qu’elles soient, « ne sont amenées à tirer que pour neutraliser s’il y a danger de mort pour protéger la vie de quelqu’un ou quand il n’y a pas d’autres moyens ».
À la question de savoir, « quelle autorité, en l’absence du ministre, a donné l’ordre à la FORSAT d’intervenir ? », le général Salif Traoré a fait savoir que « la FORSAT n’a pas à intervenir dans ce type de situation, sauf s’il y a une menace terroriste ».
N’étant pas en fonction, il dit n’avoir pas cru entendre parler d’une menace « d’attaque terroriste ou une menace terroriste ». « Il ne faut pas faire de confusion entre les unités. La FORSAT n’avait pas vocation à être là. Ses membres connaissent le protocole d’emploi. S’ils reçoivent un ordre illégal et l’exécutent, ils sont tenus pour responsables. Il faut savoir que ce sont des professionnels qui n’ont pas à faire du maintien de l’ordre », tente-t-il de justifier.
Pour Salif Traoré, cette force antiterroriste n’était pas aux manifestations du 10, 11 et 12 juillet qui ont enregistré des morts.
« Personne n’a vu la FORSAT. Les policiers, dans leur accoutrement, ont leur logo. S’ils avaient été là, on aurait vu plus d’images. Il y a plein d’unités qui sont cagoulées et portent des uniformes noirs. Le fait de mêler la FORSAT à ces événements, c’est juste un combat politique », fait-il l’avocat alors que le Premier ministre lui-même a demandé des explications au secrétaire général du ministère de la Défense.
Soutenant son argumentaire, le ministre affirme que ces accusations ont commencé à Sikasso il y a quelques mois où il était informé « d’une infiltration par un groupe terroriste qui voulait attaquer des objectifs majeurs : mairie, gouvernorat, commissariats ». C’est ainsi qu’il avait jugé utile « l’envoi d’une unité de la FORSAT à Sikasso pour y affirmer notre présence et montrer que nous pouvions riposter ».
Selon le Général, on parle d’une personne tuée par la FORSAT à Sikasso qui « n’a jamais été prouvé, même par la direction générale de la santé ». Pire, l’ancien ministre dit ne pas imaginer des gens (FORSAT) super entraînés et bien préparés tirer dans la foule avec comme résultat 11 morts. Pour lui, cette version ne tient pas.
À l’en croire, la lettre du Premier Ministre Boubou CISSÉ demandant pourtant des explications quant à l’emploi de la FORSAT dans ces événements…avait amené l’opinion a commencé à penser que c’était vrai. « C’est vraiment malheureux de mêler la FORSAT à des considérations politiciennes ou de bas niveau. Ce n’est pas bien et cela ne rend service à personne », a-t-il conclu.
Cette sortie au lieu d’apporter de l’eau au moulin, renforce l’opinion que ce général continue de diriger le ministère de la Sécurité même hors de la boîte. Sinon comment comprendre une telle prise de position face à ce qui a été vu et condamné par les Maliens.
Bourama Kéïta