Prévue par l’article 5 de l’Accord pour la Paix et le Réconciliation et annoncée pour Mars 2017 par le président de la République à l’occasion de son adresse à la Nation du Nouvel An, la Conférence d’Entente Nationale (CENa), dont l’organisation a été confiée au Médiateur de la République entend débattre des problématiques existentielles de la République. Bien que la date exacte de sa tenue ne soit pas encore précise, nous vous proposons dans ce dossier, entre autres, la justification de la tenue de la Conférence d’Entente Nationale, ses objectifs, les résultats attendus et la méthodologie de sa préparation et de son organisation.
La Conférence d’Entente Nationale, selon ses Termes de Références, dont nous avons eu copie, tire sa justification de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. En effet, cet Accord, au titre des mesures destinées à instaurer la paix et la réconciliation nationale, énonce l’organisation d’une Conférence d’Entente Nationale. Ainsi, aux termes de l’article 5 de cet Accord, «la dimension sociopolitique des crises cycliques qui ont jalonné le septentrion malien nécessite un traitement politique. A cet égard, une Conférence d’Entente Nationale sera organisée durant la période intérimaire, avec le soutien du Comité de Suivi et sur la base d’une représentation équitable des parties, en vue de permettre un débat approfondi entre les composantes de la Nation malienne sur les causes profondes du conflit. Ce débat aura à prendre en charge, entre autres, la problématique de l’Azawad. Il devra dégager des éléments d’une solution devant permettre au Mali de transcender sa douloureuse épreuve, de valoriser la contribution de ses différentes composantes à l’identité du pays et de promouvoir une véritable réconciliation nationale. Une Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale sera élaborée sur une base consensuelle, en vue de prendre en charge les dimensions mémorielles, identitaires, et historiques de la crise malienne et de sceller son unité nationale et son intégrité territoriale».
C’est dans cette perspective que le Président de la République, a annoncé l’organisation de la dite Conférence d’Entente Nationale pour ce mois de mars 2017. La Conférence d’Entente Nationale permettra donc de débattre des problématiques existentielles de la République, de dégager des dynamiques consensuelles et de convenir des éléments fondamentaux constitutifs d’une Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale.
Construire une paix durable sur l’ensemble du territoire national
Toujours, selon les Termes de Références de la CENa, la paix est la condition essentielle pour qu’une communauté puisse vivre, travailler et prospérer. La situation qui prévaut aujourd’hui au Mali a porté un coup sérieux à la paix. La crise a affecté profondément la nation malienne. Ses conséquences ont occasionné de graves préjudices physiques et moraux chez centaines de milliers de citoyens maliens. Le rétablissent de la paix et de la sécurité est donc une exigence fondamentale. La construction d’une paix durable est une œuvre qui comporte divers paramètres liés à la sécurité qui doit être assurée par les forces nationales de défenses et de sécurité, une distribution saine de la justice qui renforce la confiance des citoyens dans les institutions et de l’Etat, à la satisfaction des besoins essentiels des populations à travers une meilleure offre de service public et la création de conditions favorables aux activités économiques.
La Conférence d’Entente Nationale offrira une bonne opportunité, dans le cadre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, de réfléchir sur les conditions concrètes de la paix et de proposer des mesures à prendre sur tous les plans, notamment judiciaires et humanitaires, pour consolider cette paix.
Raffermir l’unité nationale
La société malienne a toujours présenté un caractère multiethnique et dans ses valeurs fondamentales, il y a respect des différences. La vie commune multiséculaire des maliens est une source nourricière de leur conscience de l’appartenance commune à une même nation. La crise de 2012 a ébranlé le sentiment national et impacté sur les bases de l’unité nationale. Il s’agit maintenant de reconstruire ces bases et de les raffermir. Le principe de l’unité et de la diversité est le fil conducteur pour la recherche de solutions novatrices dans la dynamique de notre « vivre ensemble » notamment sur le plan de l’organisation et de la libre administration des collectivités territoriales et aussi sur le plan du traitement que la solidarité nationale se doit de réserver aux personnes et aux familles éprouvées par les méfaits de la crise.
Assurer la réconciliation nationale
La réconciliation, à l’échelle de la nation et au contexte que connait actuellement le Mali, implique toutes les parties du pays qui, à un moment donné, se sont retrouvées dans la situation de conflit. Bien que central, le problème du Nord qui, ne saurait se réduire à la seule question dite «Touareg », ne constitue pas la seule problématique de la réconciliation nationale. L’examen approfondi des facteurs favorisant la consolidation des bases de la réconciliation nationale devrait amener à une lecture assumée commune de notre histoire, une meilleure prise de conscience d’avoir en partage les mêmes espaces de vie. A ceux-ci, il faut ajouter le pardon national qui n’affecte pas la mémoire, la volonté ferme de vivre ensemble et l’engagement commun dans les nouveaux chemins de l’avenir.
La question, quelles mesures pratiques ou quels actes concrets, l’Etat devrait envisager pour prévenir le développement, dans la société, de tout sentiment d’exclusion ou de vengeance, a aussi son pesant d’or.
Réconcilier l’Etat avec la population
Toutes les problématiques liées aux questions de l’unité, de la paix et de la réconciliation dans notre pays interpellent fortement l’Etat dans ses obligations régaliennes vis-à-vis des citoyens maliens. Une réponse, à cette question capitale, quelle gouvernance pour un avenir dans la stabilité, la solidarité et la cohésion, doit aussi une place de choix.
Les objectifs de la CENa
Comme objectif, la conférence se fixe un débat approfondi entre les composantes de la Nation malienne sur les causes profondes du conflit. Cette Conférence permettra ainsi de traiter, entre autres, la problématique de question de l’Azawad. Le produit final qui est attendu de la Conférence d’Entente Nationale est la production d’une Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation. De façon spécifique, la Conférence permettra d’analyser les causes profondes des crises que le Mali connaît dans sa partie septentrionale et centrale et qui ont des répercussions sur la paix, l’unité et la réconciliation. Elle permettra aussi de débattre des contours mémoriels, politiques, géographiques, humaines, historiques et culturels de la question de l’Azawad et convenir d’une interprétation consensuelle du terme Azawad.
Résultats attendus
Au terme de la Conférence d’Entente Nationale, les composantes de la Nation seront impliquées dans le débat sur les causes profondes du conflit dans le pays et se sentiront, ainsi, concernés par les questions débattues. Les problématiques liées à la construction de la paix, au raffermissement de l’unité et à la mise en œuvre de la réconciliation nationale seront expliquées à l’ensemble des maliens.
Approche stratégique
La Conférence d’Entente Nationale doit être un espace d’échanges, de débats et de réflexions sur les problématiques de paix, d’unité et de réconciliation nationale. Elle devra donc se dérouler dans un cadre serein, avec une liberté totale d’expression, mais dans la discipline et dans les limites du cadre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Un document de travail offrira un cadre conceptuel et un guide pour les débats. Le contenu de ce document exposera les thèmes à débattre de façon aussi objective que possible. Sa substance intégrera les informations issues de la documentation pertinente existante ainsi que celles recueillies sur le terrain par des missions de sensibilisation et d’écoute organisées à cet effet.
Commission préparatoire
La Commission préparatoire de la Conférence d’Entente Nationale comprend 3 groupes techniques qui travaillent sous la supervision de son Président. Il s’agit du Groupe Analyse et Rédaction, du groupe Communication et Relations et celui chargé de l’Organisation et de la Logistique.
Ainsi, le groupe de travail « Analyse et Rédaction » est chargé de la collecte et de l’élaboration de toute la documentation nécessaire à la préparation et à la tenue de la Conférence d’Entente Nationale. A cet effet, il exploite toute documentation pertinente existante et procède, en tant que besoin, à toutes consultations en vue de recueillir sur le terrain des opinions et informations utiles. Le groupe est notamment chargé de produire un projet de terme de référence de la Conférence ainsi qu’un document de travail en vue des débats de la Conférence.
Quant au groupe de travail « Communication et Relations », il est chargé d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie et un plan de communication adaptés à l’objet de la Conférence et destiné à l’information de l’opinion publique nationale et internationale. Dans ce cadre, il entretient des relations de travail avec les médias et les communicateurs traditionnels et organise les consultations du Président de la Commission Préparatoire avec les différents acteurs concernés par le processus de la Conférence d’Ente Nationale.
Le groupe de travail « Organisation et Logistique » est chargé, en relation avec les structures et acteurs concernés, de concevoir et de mettre en œuvre toutes les diligences pratiques en vue de l’organisation et du bon déroulement de la Conférence d’Entente Nationale.
Alors, vivement une bonne organisation de cette Conférence pour l’Honneur et le Bonheur de tous les Maliens, du Nord au Sud et d’Est à l’Ouest.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com