C’est à peine que l’armée malienne a annoncé un vaste programme offensif à mener dans les jours à venir contre les Islamistes sévissant dans le Centre du pays, qu’une organisation se réclamant du groupe Etat islamique (EI) a assuré que l’ensemble des djihadistes du Sahel se « donnaient la main » contre la force conjointe du G5 Sahel. Du berger à la bergère, le groupe, dirigé par Adnan Abou Walid Sahraoui, se veut une union sacrée des djihadistes répondant au nom de « Etat islamique dans le Grand Sahara » (EIGS). Celui-ci se révèle un nouveau-né aux dents déjà bien trop longues puisqu’il a revendiqué, le vendredi dernier, une série d’attaques perpétrées, notamment, le jeudi dernier, contre la force française Barkhane dans Nord du Mali et celle qui a coûté la vie à quatre membres des forces spéciales américaines et quatre soldats nigériens, le 4 octobre 2017, sur le territoire nigérien.
Décidément, les djihadistes opérant dans le Sahel sont rompus au jeu de la riposte immédiate. On se rappelle qu’en début décembre dernier, ils avaient appelé à une union sacrée de leurs forces lorsque les dirigeants du G5 Sahel s’étaient réunis à Paris autour du Président français, E. MACRON, pour susciter auprès des partenaires potentiels le renflouement de la caisse nécessaire à leur force commune. C’est le même son de cloche qui a encore retenti chez les ennemis de la paix au Mali lorsque l’armée malienne a annoncé l’imminence d’une offensive visant à sécuriser la Région centrale du pays. Aussi, le lancement du fonds fiduciaire du G5 Sahel en début de la semaine dernière doit-elle être l’autre mobile ayant motivé cette nouvelle donne de l’EIGS.
Le groupe est actif dans la « zone des trois frontières », aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, sur laquelle se concentre la force conjointe du G5 Sahel. «Nous allons tout faire pour que le G5 Sahel ne s’installe pas dans cette zone », a déclaré le porte-parole, un proche de longue date d’Adnan Abou Walid Sahraoui qui s’est identifié comme « Amar », dans un entretien téléphonique dévoilé par l’AFP.
«Nos frères Iyad Ag Ghali et les autres moudjahidines défendent comme nous l’islam », a-t-il dit, en référence au Chef touareg malien du groupe Ansar Dine, à la tête du «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans », principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda et formée en 2017. «Pour combattre les mécréants, nous nous donnons la main », a ajouté le porte-parole, précisant que son groupe maintenait son allégeance à l’EI. «Nous allons continuer à lutter ensemble », a-t-il ajouté, cité par l’AFP.
Ces déclarations interviennent avant une nouvelle réunion, ce lundi, à Paris, des Ministres de la Défense des Etats membres du G5 Sahel et des pays donateurs dont la France. Elles confirment des informations récentes de sources sécuritaires et militaires occidentales faisant état d’une coopération renforcée sur le terrain entre divers groupes djihadistes du Sahel.
Dans son dernier Rapport trimestriel sur le Mali, le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, a jugé «extrêmement préoccupante » la situation dans le Nord et le Centre du pays ; « en particulier, dans les Régions de Mopti et de Ségou, où il y a eu davantage d’actes terroristes ou liés au terrorisme que dans l’ensemble des cinq Régions du Nord ».
Evoquant dans ce Rapport rendu public le 6 janvier, les Responsabilités respectives du «Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans » et de l’EIGS dans ces attaques, il a précisé que «la MINUSMA a reçu des informations selon lesquelles les deux groupes agissaient en parallèle et, probablement, en collaboration». Autant dire que le G5 Sahel qui devra être opérationnel, dès le mois de mars prochain a du pain sur la planche quand on sait que les djihadistes sont ainsi déterminés à leur tenir la dragée haute.
Katito WADADA : LE COMBAT