Le gouvernement a pris une décision, pour une des rares fois, de suspendre l’exportation des céréales hors du Mali. Cette décision, disent les autorités, vise à sécuriser le ravitaillement des marchés nationaux. Si l’idée est de prévenir la crise alimentaire, les économistes préviennent les autorités de la transition sur les conséquences d’une telle décision sur l’économie du pays en rapport avec les partenaires de la sous-région.
Les autorités du pays ont demandé à la direction du commerce et de la concurrence de veiller au respect de cette décision publiée lundi 6 décembre 2021. Cette décision du gouvernement est saluée par des consommateurs. Toutefois, ceux-ci demandent aussi aux autorités de prendre des mesures pour contrôler les prix des denrées sur le marché. « C’est une bonne initiative », dit une ménagère. « Dans toute décision, il y a des inconvénients et des avantages. Pour moi, cette politique est plus avantageuse », indique un chef de ménage.
Sécurité du ravitaillement des marchés nationaux en produits locaux
L’exportation de la graine de coton, des tourteaux de coton, du mil, du maïs, du sorgho et du riz local est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre de ses activités à impact positif sur les conditions de vie des consommateurs, est un exercice de suivi du programme national de mise à niveau des circuits de distribution des produits de première nécessité et une exigence du gouvernement qui accorde une importance capitale non seulement à l’approvisionnement des marchés, mais aussi, et surtout au renforcement de la présence des productions nationales sur les marchés à travers une maitrise des prix. Il s’agira aussi de faire face à la contrebande, au gaspillage et au détournement des produits subventionnés.
Inquiétude des commerçants
Des commerçants se disent inquiets des conséquences de cette décision sur leurs chiffres d’affaires. « Les difficultés vont dépendre de la manière dont les autorités vont appliquer cette mesure. Sinon ça ne doit pas être un problème », affirment certains commerçants. Ils estiment que les céréales locales sont moins achetées dans le pays. Ces commerçants s’interrogent également, si « les produits provenant de l’extérieur pouvaient être importés vers le Mali ? »
« Les autres pays peuvent appliquer la même chose »
L’économiste Modibo Mao Makalou rappelle que la richesse nationale provient du commerce international. Il ajoute aussi que les autres pays peuvent également appliquer la même mesure, suite à cette décision du Mali. “C’est difficile de prévoir quel sera l’impact sur l’économie malienne si nous n’exportons pas et que nous fermons nos frontières ; les autres peuvent appliquer la réciprocité. Le Mali est déjà dépendant du commerce extérieur. 60% de notre produit intérieur brut sur notre richesse nationale proviennent du commerce international. Ce que nous vendons aux autres pays constitue environ 28%’’, a fait savoir l’économiste Makalou sur Studiotamani.com, et estime que nous devrions assurer la libre circulation des produits et des biens. Et à l’économiste de s’interroger; comment le Mali pourra-t-il contrôler ses frontières dans la mesure où plusieurs pays entourent notre pays?
Kevin KADOASSO LE COMBAT