Les justiciables s’éloignent de plus en plus des judiciaires à cause de soupçons de corruption qui pèsent à tort ou à raison sur la justice malienne en général. Telle semble se résumer la situation actuelle qui prévaut à Kati où les victimes des spéculations foncières passent par dessus la Cour Suprême pour espérer avoir gain de cause auprès du Président de la République en personne. Cette donne vient confirmer le dernier Rapport d’Afrobaromètre selon lequel très peu de Maliens ont foi en leurs Tribunaux pour le règlement des litiges. Quoi de plus significatif pour dénoncer la corruption d’un appareil judiciaire que d’interpeller l’Exécutif en cas d’expropriation illicite de terres?
C’est à peine cet appareil judiciaire est pointé du doigt en plus de la police nationale comme faisant partie des institutions les plus corrompues au Mali, selon le Rapport publié, la semaine passée, par Afrobaromètre ; que le groupement des victimes de spéculations foncières dans le cercle de Kati ont une fois de plus signifié que le moment est arrivé pour lui de tourner dos à la justice malienne. Comme pour prouver que la proportion des populations faisant recours à la justice moderne au Mali est l’une des plus faibles de la Sous-région ouest-africaine tel contenu dans le Rapport d’Afrobaromètre, les expropriés de Kati se détournent du canal judiciaire. Ils trouvent en la personne du Chef de l’Etat le saint auquel ils doivent se vouer pour trouver leur salut : celui de se voir restituer leurs parcelles.
Retour sur la déchéance de la justice dans cette affaire
Des Agriculteurs, des propriétaires coutumiers sont dépossédés de leurs terres par de dangereux spéculateurs fonciers dans beaucoup de villages, dans le cercle de Kati, précisément à Sirakoro-Niaré et N’toubana.
Constitués en regroupement de victimes, ces infortunés ont alerté via une marche pacifique faite le 28 septembre 2017 le Ministre des Affaires Foncières et des Domaines de l’Etat, Me Mohamed Ali Bathily. Celui-ci a tranché le différend en faveur des villages en ordonnant la restitution des parcelles expropriées. Suite à cette décision du Ministre, le grand spéculateur foncier, un certain Hamady Kinty Bathily, qui détient plus de 1800 hectares à Sirakoro-Niaré seulement, et ses co-accusés ont saisi la Cour Suprême. Au grand dam des villageois, la Cour Suprême sort un verdict qui les dépossède de nouveau au profit des spéculateurs ; ceci, sans pour autant chercher à voir le dossier au niveau du Bureau des Domaines. La Cour Suprême venait ainsi d’annuler la décision du Ministre Bathily. Du coup, les Représentants des 16 communes et 62 villages de Kati ont réalisé qu’ils se devaient de porter l’affaire à un niveau supérieur. D’où le besoin de solliciter l’implication directe du Président de la République.
Selon Drissa Coulibaly, Harouna Niaré et Karonga Cissé qui sont au devant de la scène, si le Président IBK ne s’implique pas pour la restitution de leurs parcelles dans un bref délai, ils n’hésiteront pas de passer à l’organisation d’une autre marche, cette fois-ci à travers tout le Mali. «Nous demandons l’implication personnelle du Président de la République, El Hadj Ibrahim Boubacar Kéïta, pour nous remettre dans nos droits dans un bref délai au risque de nous voir organiser, le 14/12/2017, une marche de très grande envergure…», ont-ils prévenu. Affaire à suivre !
Katito WADADA : LE COMBAT