L’actualité socioéconomique à l’échelle nationale a trait à une bombe à retardement qui pourrait, si des mesures anticipées ne sont pas planifiées, provoquer des contestations populaires dans la capitale malienne.
Une chose est irréfutable. De nature, le Malien a le tempérament froid en termes de révolte. Il encaisse jusqu’à la gorge. Mais, la moindre goûte peut faire déborder très généralement le vase. C’est ce qui arrive souvent concernant les rares soulèvements populaires qui ont eu lieu au Mali. Et les choses s’enflamment en s’embrassant à l’intérieur du pays. Bref, sans être trop alarmiste, le lot des mécontents ne fait que s’agrandir aujourd’hui au Mali. Cela, considérablement et du jour au lendemain et dans tous les domaines. Même si l’attristement de certains de ces groupes s’est fondé sur le faux ou encore l’illégalité. Toutefois, faut-il noter que des gens «d’en bas» murmurent de leur déception et de contrariété de la situation socioéconomique.
En effet, le pouvoir d’achat n’existe plus au Mali. La dernière crise au pays a empiré les conditions de vie. Les gens vivent du jour au jour. Le Malien est contraint à la quête perpétuelle de son quotidien. Pour ce faire, certaines personnes se sont grouillées et se sont convertis dans l’informel dans l’illégalité totale.
En outre, le Citoyen «d’en bas» a moins de confiance aux autorités compétentes. Le fossé est de taille entre gouvernants et gouvernés. De telles sortes que les populations n’accordent plus d’importance aux promesses et engagements de leurs autorités. Cela, d’une part, à cause de la pauvreté généralisée et, de l’autre, suite à la mauvaise répartition des ressources du pays dont l’argent.
Malgré l’atmosphère délétère, l’Etat affirme son autorité. Il applique la loi et fait semblant d’ignorer toutes les réalités sociales. A cet effet, Mme le Gouverneur du District a fait déguerpir les commerçants et autres occupants de grandes artères de la ville de Bamako. Si l’action a été appréciée par plus d’un, à commencer par les plus hautes autorités administratives et politiques, force est de reconnaitre qu’elle risque de provoquer trop de frustrés et de victimes au sein du bas peuple. Ainsi, les déguerpis et leurs familles ne veulent pas pardonner la mesure moins populaire.
Par ailleurs, des populations de Bamako ne décolèrent pas contre le Régime d’IBK pour avoir permis l’interpellation de leur activiste chouchou, Ras bath. Ces dernières croient en une manipulation du gouvernement pour lui faire taire à propos des dossiers sensibles qu’il étale à la place publique. D’ailleurs, son interpellation par la Gendarmerie du Camp I a provoqué des violentes manifestations à travers la ville de Bamako dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 août 2016. Les Gendarmes ont été contraints de disperser des manifestants du niveau du Camp I par de jets de gaz lacrymogène. «Ils veulent empêcher Ras bath de démasquer leurs complots sur le dos du Peuple. Il faut qu’on lui libère… », fustige un manifestant à Darsalam, au niveau du Camp I, dès après son interpellation.
C’est dire que le feu couve sous la cendre. Des déceptions se multiplient. Et c’est dans presque tous les domaines socio-économiques. Pour ce faire, l’Etat malien est tenu à mesurer la portée et la tournure éventuelle que peuvent épouser ce genre de frustrations. IBK doit surtout savoir choisir le moment de ses actes et éviter de trop de mesures impopulaires. Comme le dit l’autre, ce n’est pas en un jour qu’on va réinstaurer l’autorité de l’Etat déjà en effritement irréversible.
Oumar Diakité : LE COMBAT