lundi 25 novembre 2024
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RENCONTRE EURO-MÉDITERRANÉENNE à SÉVILLE : Correspondance de Mass MBOUP (Bruxelles, de retour de Séville en Andalousie)

L’année 2019 a démarré sur les chapeaux de roue au Comité européen des régions (CdR), une institution basée à Bruxelles, à un jet de pierre du Parlement européen, et dont les membres sont des représentants élus au niveau local et régional à travers les 28 États membres de l’Union européenne. Un programme bien ciblé et diverses rencontres ont ainsi été initiés au cours des deux derniers mois, aussi bien au siège bruxellois que dans d’autres villes de l’espace européen. Point d’orgue de ces manifestations : la session plénière de l’Assemblée régionale et locale euro-méditerranéenne (ARLEM) organisée en fin février à Séville, capitale de l’Andalousie et une des plus importantes villes de l’Espagne.

C’est donc cette cité au passé prestigieux ouverte d’un côté sur la mer Méditerranée et de l’autre sur l’océan atlantique et en même temps proche du continent africain, qui a abrité les travaux de la 10ème session de l’ARLEM. Pour rappel, la précédente édition avait eu lieu en 2018 à Gizeh, ville ancienne de l’Égypte, lotie sur la rive gauche du Nil et bien connue pour ses célèbres pyramides.

Le climat étant relativement doux et clément en cette période de l’année, les organisateurs ont eu la bonne idée d’entamer la première journée par des moments de détente et d’excursions. Cela a permis aux membres de l’Assemblée ainsi qu’à leurs invités (une centaine en provenance notamment des pays du pourtour euro-méditerranéen) d’effectuer une immersion dans des lieux culturels et autres endroits incontournables qui font la particularité de Séville. Outre une visite d’étude au Business Park -un centre européen de recherche scientifique et d’innovation-, les délégations se sont également rendues à la Fondation des Trois Cultures de la Méditerranée. Occasion de s’imprégner de la substance de ce lieu d’excellence qui s’est donné pour vocation de promouvoir le dialogue, la paix et la coexistence entre les peuples et les cultures, dans l’ensemble du bassin méditerranéen, mais avec une ouverture sur le reste du monde.

Ces activités de loisir ont eu un impact positif sur l’ambiance générale, les participants ayant été préalablement… mis en condition et bien « oxygénés » avant d’entrer dans le vif du sujet. Au menu en ce Jour 1, deux groupes de travail constitués en ateliers parallèles pour réfléchir et échanger autour de thèmes d’actualité, entre autres sur la problématique de la migration en Méditerranée. Une occasion pour les panélistes de se pencher notamment sur le rôle que les villes et les régions peuvent jouer dans la gestion des flux migratoires et dans la manière de réguler ces flux. Ceci, moyennant la mise en place d’une politique efficace en matière d’asile et de migration au niveau des instances de l’Union européenne.

Les débats ont permis de mettre l’accent sur des volets importants (pas toujours abordés par les spécialistes et autres experts). Il s’agit notamment de l’accueil et de l’intégration des migrants. Il est à souligner que l’Andalousie a produit une feuille de route dans ce domaine, une démarche qui a été citée en exemple au cours des débats. Cela concerne également d’autres types de problèmes comme la scolarisation des enfants d’immigrés et autres mineurs non accompagnés, ou bien encore, l’inclusion sociale des migrants et leur accès au marché du travail ainsi qu’aux soins de santé. Dans la foulée, les intervenants ont souligné le rôle important de la coopération décentralisée et insisté sur la nécessité d’une plus grande implication de la Diaspora africaine dans la recherche de solutions à la crise migratoire, une crise qui reste préoccupante à la fois dans le pourtour euro-méditerranéen, mais aussi dans le continent africain. Sur toutes ces questions, les membres du panel -composés pour l’essentiel de représentants issus de l’Europe et du monde arabo-africain- ont émis des recommandations thématiques. L’objectif étant de faire en sorte que lesdites recommandations soient prises en compte lors de la session plénière de l’Assemblée au Jour 2. Objectif atteint.

ENJEUX D’UNE SESSION DE CONSOLIDATION DES ACQUIS  ET… RÉSOLUMENT TOURNÉE VERS L’AVENIR

Cette Plénière s’est ouverte dans le somptueux et non moins emblématique Palais de l’Alcazar situé tout près de la Cathédrale de Séville, lieu hautement symbolique notamment pour ce qu’il représente dans la mémoire collective ibéro-andalouse. C’est dans un cadre empreint de chaleur humaine et devant un public attentif que les débats ont été lancés. Avec les mots de bienvenue prononcés par les principaux représentants de la ville-hôte, le maire de Séville Juan Espadas, suivi du président de la Junta de Andalucia, Juan Manuel Moreno. Les co-présidents de l’ARLEM, Karl-Heinz Lambert, président du Comité européen des régions et Mouhamed Boudra maire d’Al Hoceima (représenté), ainsi que le Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée Nasser Kamel, ont à leur tour pris la parole, magnifiant au passage le choix porté sur la capitale andalouse pour abriter leurs travaux. Ensuite, on a eu droit à des discussions animées portant sur des thèmes d’intérêt majeurs. En particulier : les liens à la fois historiques et stratégiques entre l’ARLEM et l’Union pour la Méditerranée, sans toutefois oublier le continent africain (représenté notamment par Jean-Pierre Elong-Mbassi Secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique). L’Afrique : un continent vis-à-vis duquel un élan de solidarité et un partenariat fort semblent de plus en plus se développer.

Parmi les nombreux temps forts de cette session, l’on retiendra l’initiative originale que l’Assemblée a prise en faveur des jeunes et des femmes dans la région méditerranéenne : promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes. La volonté exprimée à travers cette initiative c’est ni plus ni moins de « passer des bonnes paroles à la concrétisation des projets ». Il s’agit, selon le président du Comité des régions M. Lambert, d’une part d’offrir de nouvelles opportunités voire des moyens d’action aux jeunes, tous âges et sexes confondus, et d’autre part de stimuler l’esprit d’entreprise en créant de nouveaux emplois. Cela, a-t-il souligné, participe du renforcement de l’intégration de la région, en relevant les défis qui se posent aux delà des frontières, telles que la migration et l’exclusion sociale.

C’est dans cet esprit que l’ARLEM a lancé le Prix de l’entrepreneuriat local des jeunes en Méditerranée. Ce prix a été décerné en marge de la Plénière de l’Assemblée à Zimmi Jdeed et Najway Altahir Mohamed Shukri. Deux jeunes Libyens, frère et soeur, ainsi récompensés pour avoir réussi, dans des conditions parfois difficiles vu le contexte socio-politique et économique dans leur pays, à mettre en place une entreprise de mode et de textile. Lancée il y a 3 ans depuis Tripoli, la société emploie une demi-douzaine de femmes qui s’adonnent à la couture de vêtements traditionnels. Le tout dans un environnement de travail décent.

Cette démarche d’appui et de soutien semble s’inscrire dans la nouvelle approche d’une institution dont les membres (autorités locales comme régionales) sont des Élus, ce qui leur confère une réelle légitimité à formuler des propositions pertinentes en tant qu’organe consultatif, et à entreprendre des actions concrètes. Non seulement pour faire avancer le partenariat euro-méditerranéen, mais aussi pour contribuer au rapprochement et à la bonne entente entre l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique. C’est peut-être là un des enseignements, et non des moindres, que l’on peut tirer de cette dixième session de l’ARLEM, sur les bords du Guadalquivir ■

Rédaction

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