L’armée malienne a célébré, hier mercredi 20 janvier 2021, son 60e anniversaire. Cette fête nationale se tient à un moment où les forces de défense se donnent les moyens contre les groupes terroristes qui sévissent dans les régions du Nord et du Centre. À cette occasion comme de tradition, le président de la transition malien Bah N’Daw a fait un discours dans lequel, il a renouvelé « la gratitude » de son pays aux armées étrangères, engagées dans la guerre contre les djihadistes. Une manifestation est programmée à Bamako pour le départ de l’armée française.
« Je voudrais renouveler la gratitude de notre pays envers la communauté internationale dont les armées sont à nos côtés et dont les soldats risquent leur vie pour la libération de notre pays », a déclaré M. N’Daw dans un discours sur la télévision nationale, à l’occasion du 60e anniversaire de l’armée malienne. Cet anniversaire est célébré dans une atmosphère de division sur la question de la présence militaire sur le sol malien. C’est pourquoi, pendant que l’anniversaire se déroulait, une manifestation contre la présence militaire française au Mali est également prévue le même jour à Bamako, à l’appel d’un collectif formé d’organisations de la société civile, de partis politiques et soutenus par certains membres de Conseil National de transition.
Dans son discours, Bah N’Daw a appelé à une « alliance sacrée » autour de l’armée malienne, qui célèbre son “60e anniversaire (qui) s’inscrit dans un contexte particulièrement éprouvant pour notre pays qui est en guerre depuis bientôt dix ans » contre les djihadistes.
Dix points sont à retenir dans ce discours du président de la transition. Il s’agit de la défense et sécurité, la Défense Opérationnelle du Territoire, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger, l’amélioration des conditions de travail et de vie des militaires ainsi que le renforcement du partenariat au plan bilatéral et multilatéral entre autres.
Le président a annoncé plusieurs projets. À savoir la création d’une Fondation pour la Solidarité qui est devenue l’outil de gestion de la politique sociale en faveur des militaires, de leurs familles et de leurs ayants droit ; l’accélération de la réforme du secteur de la sécurité ; l’assistance aux populations civiles à travers les actions civilo-militaires ; le renforcement des capacités opérationnelles des troupes ; le renforcement du partenariat avec les forces étrangères : Barkhane, EUTM, EUCAP, G5 Sahel, MINUSMA ; le renforcement de l’application stricte du Droit International Humanitaire, la mise en place d’une stratégie de relance du volet Défense et sécurité de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger (APR) ; l’adoption en cours d’une deuxième Loi de Programmation Militaire (LOPM 2) en vue de consolider les acquis de la première LOPM ; l’acquisition de certains matériels majeurs et la réalisation d’infrastructures prioritaires et l’intensification des opérations de lutte contre le terrorisme, de sécurisation et de protection des populations et de leurs biens.
Faut-il le dire, ce discours reste un bon projet d’organisation et de structuration de l’armée malienne. Mais la question que l’on peut se poser est de savoir; quelle image peut-on se faire de l’armée malienne ? Car, le pays fait face à une insécurité sans précédent avec la perte de contrôle sur plusieurs pans du territoire national.
Si après 60 ans, un pays qui se dit être indépendant n’est pas en mesure de garantir sa sécurité du moins, sur une grande partie, et que le président doit renouveler « la gratitude » de son pays aux armées étrangères, engagées dans la guerre contre les djihadistes, cela doit interpeler la conscience collective afin que chaque citoyen malien puisse méditer sur la conduite à tenir chaque fois qu’il lui revient de prendre une décision dans l’intérêt national.
Au regard des 60 ans de FAMa, il y a beaucoup à dire et même redire sur tous les plans. Que cela soit en lien avec l’organisation, l’engagement, la tactique militaire ou la structuration de l’armée malienne elle-même, beaucoup de choses sont à refaire et à penser. La crise multidimensionnelle que traverse le Mali depuis 2012, n’est pas que sécuritaire certes, mais l’incapacité de rebondir pour reprendre les territoires sous contrôle des terroristes prouve que notre pays a du chemin à faire. D’ailleurs, c’est ce qui explique la présence des forces étrangères et manifestations contre ces forces que l’on connait. En somme, après 60 ans, tout est à repenser au point militaire.
Bourama Kéïta