En s’échappant des tiroirs du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation Mohamed Ag Erlaf, le projet de redécoupage administratif du territoire national qui faisait l’objet de pas mal de polémiques sur la scène politique et sociale de notre pays reste sans aucune suite. Cela, depuis la tenue des journées de concertations nationales. S’agissait-il d’un simple sondage populaire où le train de marche s’est finalement arrêté en cours du chemin ?
«L’autorité de l’État, c’est de tenir sa parole ».Cette déclaration autoritaire est du PM, Soumeylou Boubèye Maïga. Selon lui, la position de son Gouvernement par rapport au projet de réorganisation du territoire et celui de la loi dite d’entente nationale restera absolue.
En effet, rappelons que depuis la sortie d’environ 47 associations des Droits de l’Homme opposées au projet de la loi dite d’entente nationale à cause de son caractère promoteur d’impunité qui a produit un effet hostile aucune autre réaction n’a été constatée du côté des princes du jour. De son adoption en Conseil des Ministres, le 31 mai dernier, à nos jours, le projet de loi d’entente nationale qui prévoit l’exonération des poursuites pénales engagées ou envisagées contre les personnes ayant commis ou ayant été complices de crimes ou délits survenus dans le cadre des événements liés à la crise de 2012 n’a suscité aucune réaction concrète. La disposition s’applique, selon le contenu de ladite loi, à ceux qui sont censés arrêter les hostilités depuis la signature de l’Accord de paix, en juin 2015, et aussi en son Article 15 portant l’exonération des poursuites à toute personne déposant les armes dans un délai maximum de six mois à compter de l’entrée en vigueur du texte en question. Tout facteur qui, selon les associations contestataires, engendrera une société à nature de «jungle».
Quant au projet de redécoupage administratif du territoire national, le silence coupable du pseudo-«Stratège malien » et de son Ministre de l’Administration Territoriale sur ledit dossier veut-il dire que l’affaire est retournée dans le tiroir tel le syndrome de la fameuse histoire de la Révision Constitutionnelle ?
Sévèrement contesté par la classe politique et une bonne partie de la société civile pour de nombreuses incohérences notamment l’absence totale de la concertation sur la vision globale qui porte ce projet ainsi que sur ses modalités pratiques de mise en œuvre, la nouvelle répartition du territoire national dans une précipitation à faire adopter ce projet sans précédent pose un problème de fond.
Environ 20 Régions, 93 cercles et 10 communes pour Bamako, ce nouveau schéma administratif sur le plan territorial envisagé dans ce cadre par Mohamed Ag Erlaf ne semblerait plus qu’une question des vieux temps.
Les 20 Régions qui étaient prévues sont Kayes ,Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal,Toudénit, Ménaka, Dïola, Nioro, Koutiala, Kita, Nara, Badiangara, San, Douentza et Gourma.
Selon le Gouvernement , ce projet permettrait de prendre en compte certaines exigences d’ordre institutionnel, social et politique vu que le développement local en mode décentralisé et la crise multidimensionnelle de 2012 ont montré les limites de l’organisation actuelle du territoire à travers notamment :
– l’étendue de certaines Régions ;
– la non-effectivité de la création et de l’organisation des services publics suivant les trois niveaux de déconcentration;
– les difficultés pour les représentants de l’État d’assurer leur mission de contrôle dans leur ressort territorial ;
– l’augmentation et la complexité des questions politiques, économiques et sociales et les difficultés de conception de schémas opérationnels d’aménagement du territoire.
Si l’autorité d’un État s’affirme par la tenue de ses dires, alors pourquoi semer la polémique au plan politique et social avec de telles propositions de projets et ensuite disparaitre dans la nature ?
Seydou Konaté : LE COMBAT