L’ancien Président de la Transition et celui de l’Assemblée Nationale, le Professeur Dioncounda Traoré, a été désigné par le chef de l’Etat comme son représentant dans le complexe conflit qui sévit au centre du Mali. Ce choix qui ne saurait souffrir de légitimité au regard de la stature de l’homme, est perçu par beaucoup de ressortissants de la région de Mopti comme celui du cœur et non de la raison. Nombreux sont les maliens en général et les ressortissants du centre en particulier qui avaient estimé que le choix de la raison devrait être Amadou Toumani Touré ou, à défaut, des cadres ressortissants de la région. Quels pourraient être les obstacles pour Dioncounda Traoré ?
Le centre du Mali est devenu une zone de conflit à connotation communautaire. Toutes les démarches, toutes les stratégies entreprises jusque-là ont échoué. C’est en tirant les leçons des échecs successifs dans la gestion de la crise au centre que le Président de la République a jugé bon de choisir l’ancien Président de la Transition, et compagnon de longue date, le Professeur Dioncounda Traoré, pour juguler ce conflit devenu un gros caillou dans la chaussure de nos autorités. Nul doute que les populations de Mopti ont une soif accrue de paix et de développement, mais la plupart d’entre eux s’interrogent, et à juste raison, si cette paix tant enviée est pour demain, à cause des politiques et des choix des autorités. Le Professeur Dioncounda Traoré, en dépit de sa carrure, ne semble pas être le mieux indiqué pour ce poste, selon beaucoup de ressortissants du centre et ils estiment que pour pouvoir réunir les communautés de cette région, il faudrait d’abord être un locuteur d’une de ses langues. C’est pourquoi, ils auraient préféré l’ancien Président de la République Amadou Toumani Touré, ATT à Dioncounda Traoré. ATT a-t-il été contacté ou bien a-t-il décliné une éventuelle offre que lui aurait faite le Président de la République ? Même si ATT aurait décliné l’offre, IBK aurait dû choisir d’autres cadres de la région, neutres, compétents et qui ont des connaissances parfaites de la zone.
A la question de savoir quels pourraient être les obstacles qui se dresseraient devant Dioncounda Traoré, la réponse serait la langue d’abord. Ne parlant pas aucune langue des communautés en conflit, il se ferait aider par un interprète s’il rencontrait certains patriarches ne comprenant pas Bambara ou français. Cet interprète traduira-t-il à convenance ? Ce qu’il faut même rappeler, c’est que sous la Transition, Dioncounda Traoré s’est interdit de parler Bambara pour ne pas heurter certaines susceptibilités. Un autre obstacle serait la non maîtrise de la zone par ce dernier. Le seul fait d’être Président d’une transition de 14 mois pourra-t-il permettre à quelqu’un de connaitre le vaste Mali ? Le troisième obstacle pour l’ancien Président de l’Assemblée Nationale du Mali serait son âge. A plus de 75 ans, Pr Dioncounda Traoré a-t-il encore l’énergie physique, voire mentale, nécessaire pour aller dans les coins et recoins de la région du centre afin de parler à tous les protagonistes du conflit.
En définitive, rien que par les trois obstacles énumérés, on pourrait en déduire que le choix de Dioncounda Traoré comme Haut représentant du chef de l’Etat dans la crise au centre du Mali n’est plus dû aux relations amicales et de camaraderies qu’il entretient avec IBK que sur la base d’un diagnostic et d’un sondage avec les ressortissants de la zone concernée. La structure de Dioncounda Traoré risque d’être une coquille vide avec la création d’un forum qui organisera une grande rencontre bientôt pour le même but.
Youssouf Sissoko