Pour une fois, Amadou Koufa, le fondateur du Front de Libération du Macina (FLM) brise l’omerta pour se faire entendre par qui de droit. Cette sortie est faite via un certain nombre de conditions que le djihadiste pose comme préalables à toute négociation avec les autorités de notre pays. Leur condition : le départ de la force française Barkhane, celui de la MINUSMA et, enfin, le Professeur Alioune Nouhoum Diallo comme seul interlocuteur avant toute discussion directe avec Bamako. Avant toute négociation avec le Gouvernement devant déboucher sur la paix, du moins au centre du pays, le prédicateur terroriste du Macina exige ces revendications qui devront être satisfaites.
Par l’intermédiaire de deux émissaires envoyés fin mai auprès du Professeur Alioune Nouhoum Diallo, ancien Président de l’Assemblée Nationale et surtout figure emblématique de la communauté peulh, Amadou Koufa a signifié à ce dernier qu’ils ont tous deux en commun le devoir de détester le mensonge et les menteurs. Et qu’ils peuvent, donc, discuter, raconte un témoin cité par le journal Monde Afrique.
Selon ce témoin, des tractations entre le Professeur Alioune Nouhoum Diallo et les messagers du djihadiste, Amadou Koufa, prédicateur peulh actif dans la Région de Mopti et figure de proue du mouvement qui a revendiqué depuis 2015 nombre d’attaques mortelles et d’attentats dans la zone, pose comme première condition à toute négociation avec le pouvoir central de Bamako le départ de l’opération «Barkhane». « Amadou Koufa estime que tant que Barkhane sera au Mali, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta ne pourra jamais appliquer les engagements qu’il prendra », détaille un bras droit d’Alioune Nouhoum Diallo cité par Le Monde Afrique.
Deuxième condition posée par le fondateur du FLM porte sur le départ, également, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). «Ce n’est pas surprenant, il a toujours réclamé le départ de toutes les forces étrangères, y compris les casques bleus. Il veut que les Maliens discutent entre eux sans intermédiaires ni témoins », détaille notre source.
Enfin, troisième préalable à toute négociation : dans la première phase des pourparlers avec Bamako, Amadou Koufa exige d’avoir comme interlocuteur le Professeur Alioune Nouhoum Diallo. Ce dernier a présidé, les 2 et 3 mai dernier, à Mopti, des assises destinées à contribuer au retour à la paix dans le centre du Mali.
En présence d’environ 180 participants, il a veillé à ce que des personnes se réclamant ouvertement d’Amadou Koufa s’expriment librement.
« C’est au moment de ces assises que l’amorce des négociations s’est produite. Il y avait clairement des Lieutenants d’Amadou Koufa dans l’assistance. Ils sont allés, sans doute, lui rapporter les propos du Professeur Nouhoum Diallo qui disait que si Koufa aime la vérité et déteste le mensonge, il doit se rapprocher de lui », avait analysé un participant à la rencontre de Mopti.
Sur le principe des discussions directes avec les groupes djihadistes, la position du pouvoir malien reste quelque peu floue. La plupart des participants à la Conférence d’entente nationale qui s’est tenue en mars dernier ici à Bamako avaient cru comprendre que le Gouvernement était ouvert aux négociations. Mais quelques jours après, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta avait balayé d’un revers de la main toute possibilité de discuter avec «les terroristes». C’est dire, donc, que la perche tendue par le prédicateur du Macina peut passer comme une lettre morte à la poste de Koulouba, à moins que l’opposition malienne et le Président du Haut Conseil Islamique, l’Imam Mahmoud Dicko, qui plaident pour des négociations avec Iyad Ag Ghali, arrivent à convaincre le Chef de l’Etat et ses partenaires étrangers sur cette nécessité.
Katito WADADA : LE COMBAT