L’imbroglio politico-militaire né en octobre dernier de la mort de 11 militaires maliens dans un raid, mené par la force française Barkhane à Abeibara, a fini par faire sortir le Président IBK de sa réserve. Dans un entretien avec le magazine Jeune Afrique, le Chef de l’État tranche en faveur d’une bavure. Il s’aligne ainsi sur la position du Ministère de la Défense et rejette, du coup, la version de Paris selon laquelle ces militaires tués étaient des soldats qui avaient fait défection pour les rangs des Islamistes.
Pour rappel, lorsque le Département de Tiéna Coulibaly sortait un communiqué dans lequel il était écrit que des «militaires maliens, détenus par des terroristes, ont trouvé la mort» dans l’opération du 23 octobre ; l’État-major des forces armées françaises avait avancé le lendemain sa version des faits en affirmant que les militaires morts étaient des djihadistes. La contradiction est demeurée telle jusqu’à la sortie du Président IBK le samedi dernier. Selon IBK, les soldats maliens tués fin octobre lors d’un raid de la force française Barkhane contre un groupe djihadiste dans le Nord du pays étaient « bien des otages », malgré les doutes émis par Paris.
«Il s’agissait bel et bien d’otages des terroristes et il ne faudrait pas qu’il y ait là-dessus la moindre ambigüité entre nos amis français et nous», a souligné le Chef de l’État dans cet entretien paru hier dimanche. «C’est un fait regrettable, qui peut, hélas, survenir dans ce type d’opérations. On doit l’admettre et ne pas chercher d’autres raisons qui n’existent pas», a-t-il ajouté.
Cette opération menée par Barkhane dans la nuit du 23 au 24 octobre, près d’Abeibara (Nord-est) contre un groupe affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) s’était soldée, selon l’État-major Général français par la mort de 15 djihadistes. Mais, pour le Ministère malien de la Défense, 11 militaires maliens prisonniers des djihadistes se trouvaient parmi les victimes du raid.
L’État-major Général français avait lui assuré qu’à « aucun moment » la présence de soldats maliens dans ce camp d’entraînement n’avait été établie. Et des sources françaises avaient ajouté que s’ils étaient présents dans le camp, ces militaires avaient du être retournés par les Islamistes.
Paris a, par ailleurs, rendu publics, jeudi dernier, les résultats d’une enquête concernant un autre incident au Mali, remontant à novembre 2016, au cours duquel des soldats de Barkhane avaient tué un « guetteur » qui s’était révélé être un mineur.
«Le décès de ce mineur est regrettable», a admis la porte-parole du Ministère français des Armées, Valérie Lecasble, mais «l’enquête n’a relevé aucune faute individuelle ou collective dans l’usage de la force».
L’Armée française n’a jamais précisé l’âge de la jeune victime, qui n’aurait eu que 10 ans et gardait des ânes, selon le magazine Jeune Afrique.
La force Barkhane avait attaqué «un groupe de guetteurs agissant pour le compte d’un groupe armé organisé à caractère terroriste», qui «échangeaient des informations relatives à un convoi logistique de l’Armée française approchant du secteur afin de permettre à des poseurs d’engins explosifs improvisés de tuer des soldats français», a expliqué la Porte-parole.
L’un des guetteurs tués dans l’intervention de Barkhane «s’est avéré être un mineur», mais «dans le contexte opérationnel d’alors, il apparaissait légitime de faire cesser une intention hostile», a-t-elle fait valoir.
Katito WADADA : LE COMBAT