Vous tarderez sans nul doute à faire le lien entre l’acquisition d’eau potable et un parti politique. Mais en suivant cette petite enquête de votre hebdo, vous comprendrez aisément qu’au Mali, beaucoup crient à l’injustice mais ils sont les premiers injustes.
Les faits remontent à quelques années pendant les premières heures de l’installation de la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep), jadis intégrée à l’Energie du Mali. Pour une plus grande distribution en eau potable, l’Etat malien avait octroyé un grand espace à la Somagep pour y loger ses installations permettant de servir de l’eau à tous les habitants de la Commune I.
Nous sommes dans les années 2000. Et pendant cette période, les habitants de la Commune I n’étaient pas nombreux et du coup, l’on assistait très peu à la pénurie d’eau. Avec le peuplement, car certains quartiers ont vu le jour, l’on assistera petit à petit à une rareté de l’eau. Mais c’était mal compter sur le sale caractère de certains élus de l’Union pour la République et la démocratie (URD) de la Commune I qui ont, d’un coté vendu l’espace devant servir à l’accroissement de la centrale et de l’autre coté faire un jardin d’enfants.
Oui, c’est bien sous la houlette d’un élu URD que la Commune I est confrontée à un manque criard d’eau, car il n’y a plus un lopin de terre pour agrandir la centrale. Pour l’heure, nous taisons le nom de l’élu pour la simple raison que nous n’arrivons pas à être en contact avec lui, à cause de son agenda chargé. Est-ce pour la vente des parcelles encore ?
Pour un cadre de la Somagep qui a requis l’anonymat, « l’élu qui a vendu l’espace et s’est approprié de certains est perçu comme un messie dans le quartier, car il s’est bâti une fortune avec l’argent des parcelles vendues et a installé un château d’eau chez lui. La population ignore qu’il est la cause principale de ce problème. Elle ignore que c’est lui qui prive toute une commune d’eau potable. Si la Commune I n’a qu’une seule centrale c’est à cause de l’attitude de cet élu de l’URD qui était chargé des affaires domaniales en son temps ».
La preuve, dans les parages, nous avons voulu en savoir plus sur la solidarité de l’élu. Fatoumata Diarra, une femme d’une soixantaine d’années, est aux anges : « Le monsieur qui nous donne de l’eau ici a un bon cœur. Pendant que les robinets sont coupés dans les parages, c’est lui seul qui nous ouvre sa porte gratuitement afin qu’on trouve de l’eau potable ».
Cette interlocutrice ignore que c’est l’homme en question qui est à la base de cette pénurie d’eau. Lorsque nous lui avons demandé si elle savait que c’est à cause de l’élu qu’ils sont privés d’eau, elle a répondu que c’est la faute au gouvernement qui n’arrive pas à satisfaire la population.
Aujourd’hui, un tour à la centrale, et la déception est immense. Plus d’une vingtaine de maisons est construite sur l’espace de la Somagep. Pis, la bande de vidange de cette partie abrite aujourd’hui la construction d’une autre ex-candidate sur la liste URD de la Commune. Mme Diarra Batoma, puisque c’est d’elle qu’il s’agit avait dans un premier temps aménagé l’endroit pour en faire un espace vert. Après avoir trompé la vigilance des populations, elle a fini par construire des magasins. N’essayez surtout pas de lui fait savoir qu’elle occupe un espace public.
Comme le ridicule ne tue plus au Mali, ces parcelles ont été vendues sans orthodoxie. La vente n’a pas nécessité l’implication de la mairie, mais quelques personnalités de la mairie connues pour leur coup bas et leur amour pour la chose publique, s’insurge un autre élu de la mairie de la Commune I qui semble être au courant de toute la magouille qui a entouré la vente de ces parcelles. Par solidarité, il n’a pas voulu en dire plus mais nous assure que c’est un dossier sensible qui mérite qu’on en parle parce que les vrais auteurs doivent être punis.
Ainsi, nous pouvons dire aujourd’hui que le parti URD, à travers cet élu de la Commune I, freine le développement local, car parmi les ressources qui contribuent à l’essor des activités humaines, l’eau arrive en première position.
Nous y reviendrons !
Abdourahmane Doucouré LA SIRENE