Impliqués dans une rocambolesque affaire d’escroquerie portant sur plusieurs millions de francs CFA, Moulaye Traoré et Lamine Diarra ont été arrêtés par les éléments de la section recherche de la Brigade d’Investigation Judiciaire (BIJ) et placés sous mandat de dépôt. Les deux hommes seraient probablement membres d’un vaste réseau d’arnaque.
En effet tout a commencé, au mois de mai 2017. Salif Sidibé, commerçant grossiste basé à Kouatiala où il représentante l’huile de consommation dénommée ‘’Savor’’ produite au Burkina Faso, reçoit le 11 mai un appel venant d’un contact Malitel. L’homme au bout du fil se présente à lui comme un de ses vieux clients et passe une commande de 1 000 bidons d’huile de 20 litres. Laquelle commande sera revue à la baisse et passe de 1000 à 5 00 bidons d’huile à la demande du client qui évoque un souci d’argent de dernière minute. Le marché ayant été conclu pour une somme globale de 7 millions 875 mille FCFA, le client identifié aux initiales D.D demande au commerçant, Salif Sidibé, si toutefois celui-ci dispose d’un compte à la BIM afin qu’il puisse effectuer le virement. Mais n’ayant pas de compte à la BIM, le commerçant lui donne son numéro de compte BNDA. Et après le virement la marchandise devrait être acheminée à Ségou où le client D.D dit résider. Après avoir déposé l’argent dans le compte du commerçant, Salif Sidibé, le client lui envoie à travers le réseau social ‘’viber’’ le reçu confirmant le virement de la somme de 7 millions 875 mille FCFA comme convenu. Habitué à ces genres d’opération, l’opérateur économique n’a pas douté un seul instant que l’homme qui s’est présenté comme un bon client, n’est en fait qu’un escroc de grand chemin. Sans vérifier son compte, il charge les 500 bidons d’huile ‘’Savor’’ dans un camion pour l’acheminer à Dialakorobougou, localité située à quelques kilomètres de Banguinéda, où la marchandise devrait être récupérée par un émissaire inconnu indiqué par le client. Celui-ci est mis en contact avec le chauffeur. Et comme convenu le camion est arrivé tard dans la nuit aux environs de 2 heures du matin à Dialakorobougou où les 5 00 bidons d’huile ont été déchargés dans un magasin. Pour confirmer l’effectivité de la livraison de la marchandise à la destination indiquée, Salif Sidibé appelle son client dans la matinée du lendemain. Mais son téléphone était sur répondeur. Après quelques tentatives sans succès, il demande à son chauffeur de retourner sur les lieux pour s’assurer si toutefois la marchandise livrée est toujours sur place. Négatif ! D’après le gardien des lieux, elle a été enlevée vers 5 heures du matin, soit 3 heures après avoir été déchargée. L’opérateur économique commence alors à s’inquiéter et s’interroge sur un éventuel cas d’arnaque. Mais il n’avait pas à présent la possibilité de vérifier son compte bancaire pour s’en assurer. Car toute l’opération a été expressément effectuée en week-end. Après avoir passé une nuit blanche, Salif Sidibé ordonne, le lundi à son agent comptable de vérifier son compte pour constater la dernière opération de dépôt d’argent. Grosse déception ! Le constat fait par l’agent comptable est très amère, voire même trop. Car au lieu de 7 millions 875 mille FCFA, le client escroc n’a déposé qu’un petit billet de 10 000FCFA. Et a ensuite scanné le reçu de virement dont il a modifié les chiffres pour l’envoyer à l’opérateur économique, Salif Sidibé qui y a naïvement cru. L’homme réalise enfin qu’il s’est fait arnaquer à hauteur de 7 875 000FCFA sans compter les frais de transport de la marchandise de Koutiala à Bamako. N’ayant plus que ses yeux pour pleurer, il saisit la Brigade d’Investigation Judiciaire de la police nationale, dont les prouesses sont connues en la matière.
Inspol Derrick aux trousses des escrocs
Aussitôt l’inspecteur principal de police, Mohamed Haïdara alias Derrick, chef de la section recherche de la BIJ ouvre une enquête. Avec son équipe composée de plusieurs jeunes dynamiques rompus à la tâche, Derrick investigue durant plusieurs semaines. C’est ainsi que comme un fait du hasard, un autre individu contacte le 11 août dernier, Saliou Koita, commerçant et cousin de Salif Sidibé, celui-là même qui avait été arnaqué en mois de mai. Avec le même mode opératoire, l’intéressé passe une commande de 300 bidons d’huile ‘’Savor’’ avec Saliou Koita. Le marché est rapidement conclu. Et aussi bizarre que cela puisse paraitre, comme le cas précédent, l’intéressé répondant du nom de Moulaye Traoré, demande à Saliou Koita s’il dispose d’un compte bancaire à la BIM. Celui-ci répond par l’affirmatif et lui communique le numéro de son compte bancaire. Aussitôt l’homme effectue un dépôt de 10 000FCFA, scanne le reçu de versement sur lequel il porte le montant réel des 300 bidons d’huile soit 4 millions 500 mille FCFA.
Entre temps, Saliou Koita qui était déjà au courant du même piège dans lequel son cousin, Salif Sidibé est tombé alerte ce dernier qui à son tour alerte la police.
Ainsi, le jeune inspecteur de police, Mohamed Haïdara, élabore son plan d’opération et prépare sa troupe composée d’hommes aguerris pour mettre en échec la bande d’escrocs.
Cette fois-ci la marchandise devrait être livrée à Niamana. Mais le point de rendez-vous sera changé à la dernière minute par le client nommé Moulaye Traoré qui contacte le chauffeur et lui donne rendez-vous au rond point de la Tour d’Afrique situé à Faladiè et non plus à Niamana. Quelques éléments de la police embarquent dans le camion transportant la marchandise qui arrive vers 20 heures sur les lieux indiqués. Quelques minutes après, Moulaye Traoré pointe son nez, seul à moto et demande au chauffeur de le suivre. Il bifurque et prend le chemin menant à Sirakoro, derrière les 1008 logements de Yirimadio. Arrivé à l’endroit indiqué le temps que le gardien n’ouvre le portail les policiers de la BIJ mettent les grappins sur Moulaye Traoré et interpelle Lamine Diarra le vigile, suspecté d’être complice. Celui-ci a avoué avoir pris la somme de 40 000FCFA en guise de deux mois de caution pour la location du magasin.D’après les enquêtes, le nommé Moulaye Traoré appartient à un vaste réseau d’escroquerie dont les autres membres sont toujours recherchés. Mais pour l’instant le lien n’est pas encore établi entre la première opération d’arnaque et la seconde. Affaire à suivre !!! Abel Sangaré LE SURSAUT
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