La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, maintient toujours les sanctions contre le Mali, malgré la nomination d’un Président et d’un Premier ministre civils à la tête de la transition. Ne faudrait-il pas s’alarmer et même se révolter contre l’organisation sous régionale, après ces immenses efforts fournis par la junte ? La réponse est tout simplement non.
Il faudrait plutôt s’indigner de voir le CNSP prendre en otage le pays en refusant de céder ou de se soumettre aux injonctions de la CEDEAO. L’organisation sous régionale ne demande que la charte de la transition soit officiellement publiée pour que son contenu soit su, car Nana Akufo Addo, le Président en exercice de la CEDEAO et ses pairs demeurent intraitables sur le respect de leurs recommandations par la junte. L’organisation sous régionale dans ses mémorandums demande que les prérogatives du vice-président se limitent aux questions de défense et de sécurité, mais qu’il ne pourrait nullement remplacer le Président de la Transition en cas d’empêchement, de démission ou de vacance du pouvoir. L’autre demande est relative à la dissolution du CNSP. Sans la satisfaction de ces deux points non négociables pour la CEDEAO, les sanctions ne seront jamais levées et les maliens dans leur écrasante majorité en pâtiront davantage.
La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir entre le CNSP et la CEDEAO qui fait réellement souffrir les Maliens aujourd’hui ? La réponse est, sans ambages, le CNSP. Cette junte auteure du Coup d’Etat le plus élégant de notre histoire, ovationnée par la grande majorité des maliens pour les avoir débarrassé d’un régime corrompu, adulée pour son acte héroïque, est en passe de decevoir tout le monde à cause de ses prétentions. Le CNSP endosse la responsabilité de la non levée des sanctions contre le Mali. Les masques ne sont-ils pas véritablement tombés ? Assimi Goita et ses hommes ne sont-ils pas en train de trahir leur serment et surtout leurs engagements ? Ils ont promis dans leur première déclaration d’organiser une transition civile, mais ce qui se passe aujourd’hui est loin du premier schéma qu’ils ont proposé, c’est eux qui contrôlent, dirigent et orientent tout. Le Président et le Premier ministre ne sont que des marionnettes à leur service. En roulant tous leurs partenaires dans la farine, les membres du CNSP finiront par être seuls, donc vulnérables. Les militaires ont commencé d’abord par détruire leur allié naturel le M5 RFP, ensuite, ils ont voulu narguer la CEDEAO et enfin leurs prochaines victimes seront les deux têtes de l’exécutif, à savoir Bah N’Daw et Moctar Ouane.
En somme, la CEDEAO ne fléchira jamais malgré la pression d’une frange importante du peuple malien. Elle restera droite dans ses bottes jusqu’à la satisfaction totale de ses recommandations par la junte militaire. Le CNSP est désormais face à ses responsabilités et à l’histoire. Si tant est qu’Assimi Goita et ses hommes ont posé leur acte le 18 Août 2020 pour alléger la souffrance du peuple malien, alors il n y a pas de raison qu’ils ne se soumettent pas aux injonctions de la CEDEAO afin que les sanctions, qui sont aujourd’hui devenues des lourds fardeaux difficiles à supporter pour les maliens, puissent être levées.
Youssouf Sissoko