Les neuf sages de la célébrissime Cour Constitutionnelle du Mali ont fini par distribuer des postes de députés aux partis politiques en réservant la part du lion au RPM, le parti du Président de la République. Les membres de l’Auguste Cour se sont tellement embourbés, car mus par la seule volonté de favoriser le parti d’IBK au détriment des autres, qu’ils ont finis par semer les germes de la discorde, de la chienlit dans un pays fortement ébranlé par des crises multiples. Bamako, Kati, Sikasso, Bougouni, Communes I, V et VI sont à feu depuis le jour de la proclamation des résultats définitifs.
C’est dans une atmosphère de totale confusion, marquée par des manifestations de protestation et de contestation des résultats du second tour du scrutin législatif que les députés de la 6ème mandature se sont fait enregistrés le mardi 5 mai 2020. Les 147 députés que compte l’Assemblée Nationale du Mali ont tous répondu présents pour recevoir leurs Kits et porter l’écharpe aux couleurs nationales. Si certains députés pourraient gaillardement et fièrement enjamber le perron de l’hémicycle, sans souffrir d’un manque de légitimité, d’autres par contre marcheront la tête baissée tout au long de leur mandat, car ils doivent leur présence à l’Assemblée Nationale à la Cour Constitutionnelle.
En effet, certains députés ne seront présents que parce que Manassa Dagnoko et les huit autres conseillers l’ont voulu, car ils auront fait preuve de laxisme, de légèreté et de paresse intellectuelle en commettant l’une des plus grosses bourdes de toute l’histoire de notre démocratie, celle d’attribuer des voix à des candidats pour les faire passer, alors qu’ils devraient être recalés.
Affichant leur ferme volonté d’aider coute que coute le parti présidentiel, les membres de la Cour Constitutionnelle ont mélangé torchons et serviettes, semant du coup une terrible confusion dans l’addition des voix obtenues par les différents candidats. Ils se sont tellement mélangés les pédales qu’ils n’ont même pas été capables de résoudre les plus petites équations d’addition ou de soustraction. Par leur bourde, des députés légitimement élus vont se trouver dehors et ceux qui avaient même avoué leur défaite répondront présents à l’hémicycle. Par la seule décision des membres de la Cour Constitutionnelle, certains partis ont vu leur nombre de députés réduit de moitié, comme d’autres, rejetés par les électeurs, se sont finalement taillé la part du lion en obtenant de la Cour Constitutionnelle ce qu’ils n’ont pas pu obtenir dans les urnes.
Encore une fois, la démocratie malienne vient de subir un véritable coup de massue par la faute de ceux qui devraient jouer le rôle de sentinelle ou de gardiens du temple. Manassa Dagnoko et ses huit collègues de la Cour Constitutionnelle répondront devant l’histoire et devant Dieu de leurs actes. Enfin, pour la quatrième fois, la Cour Constitutionnelle dirigée par Manassa Dagnoko, vient de semer l’instabilité dans le pays. Va-t-on assister à une autre crise postélectorale au Mali ?
Youssouf Sissoko