C’est une lapalissade que de dire que la mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation nationale en cours vient de subir un coup de fouet à la suite de son coup d’arrêt perceptible dans l’avant dernier trimestre de cette année 2016. Les efforts consentis par les acteurs nationaux pour donner un nouvel élan à l’application du compromis de mai et juin 2015 ne sont pas un fait de hasard. Ils sont plutôt corolaires au dernier Rapport du Secrétaire Général de l’ONU sur cette situation malienne.
Il avait été, en effet, clairement signifié dans ce document datant du 29 septembre dernier que «la MINUSMA ne sera pas en mesure de réaliser pleinement son mandat tant que les signataires de l’accord de paix ne s’engagent pas résolument dans sa mise en œuvre». Cette sommation ayant donné à ce Rapport très critique l’allure d’un rappel à l’ordre a, visiblement, poussé les autorités maliennes à accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix, surtout que leur responsabilité dans la dégradation de la situation est pointée du doigt par nombre de pays partenaires du Mali.
Pour prouver sa bonne foi, Bamako a signé à la faveur d’un Conseil des Ministres extraordinaire de mi-octobre dernier le décret portant nomination des autorités intérimaires. Dans la foulée, le Comité de suivi de l’accord de paix d’Alger (CSA) a tenu, à son tour, le 20 octobre, les travaux de sa 12e session. La mise en place des autorités intérimaires et l’opérationnalisation des patrouilles mixtes étaient justement les principaux sujets qui y ont été débattus. Il faut dire que le décret signé par le gouvernement a permis en grande partie de débloquer la situation. Le CSA a proposé le 10 novembre prochain comme date pour la mise en place des autorités intérimaires.
Quant aux patrouilles mixtes, elles sont annoncées pour le mois de décembre prochain. La proposition a été faite de mener les premières opérations à Gao. Ce qui est déjà chose faite dans cette cité des Askya où les populations affirment avoir vu dans la journée du samedi 22 octobre dernier un défilé de troupes composé des groupes armés d’autodéfense, les Famas, Barkhane et la MINUSMA.
Kowen Davids, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire Général des Nations-Unies, a indiqué, à l’occasion de la rencontre du CSA que les participants s’étaient accordés sur un chronogramme fixant le lancement des patrouilles mixtes à Gao avant de préparer celles des autres Régions du Nord. «On va également préparer le cantonnement. Nous commencerons avec 6000 combattants», a ajouté Kowen Davids. Autre signe que les choses évoluent dans le bon sens, l’initiative du gouvernement malien a été saluée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Dans une conférence de presse animée le 19 octobre, Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, a reconnu que le gouvernement avait pris des décisions courageuses dont la plus notoire a-t-il dit, est la désignation des membres des autorités intérimaires. «Pour nous, c’est quelque chose de notoire, c’est une avancée majeure. C’est le goulot d’étranglement qui existe depuis un certain temps», a-t-il ajouté. Il reste maintenant à espérer que rien ne vienne contrarier cette nouvelle dynamique, surtout que nul n’ignore qu’une éventuelle autre rupture ne tient qu’à un fil.
Katito WADADA : LE COMBAT