Il fait pratiquement plus de 5 ans que près de 18.000 agents des forces étrangères sont opérationnelles sur le territoire malien, précisément dans les Région du Nord et du Centre du pays. Cependant, le constat est déplorable avec le nombre croissant des victimes : 2100 morts de 2013 à 2018, chiffres avancés par l’opposition et 287 morts, selon le dernier Rapport trimestriel de l’ONU. Doit-on continuer à scander que ça va alors que c’est tout le contraire ? Parlons de la triste réalité…
En effet, le fait de continuer à vouloir soigner les apparences, faisant croire que tout va bien par des discours creux, aggrave la situation sécuritaire du pays. La situation sécuritaire devient de plus en plus grave. Avec 4500 Hommes de Barkhane, 13.289 Casques bleus, les FAMA et le G5 Sahel déjà en panne d’installation, l’insécurité ne fait que grandir au Mali.
Sur le plan géostratégique, Gao est devenu un lieu de concentration des forces armées nationales et étrangères, la première région militaire du pays. Mais qu’à cela ne tienne ; car, c’est aussi la Région où il y a trop d’infiltrations et d’attaques terroristes avec toute cette armada d’Hommes en uniformes. Ce qui annote, qu’il y a bien lieu de revoir les dispositifs militaires mis en place. Il faut savoir pourquoi avec toute cette présence massive de soldats lourdement équipés et financièrement coûteux ça ne va pas du tout. Des personnes parmi nos amis étrangers ne seraient-elles pas en complicité avec l’ennemi ? Idem pour certains barons tapis dans l’ombre à Bamako.
La crise interethnique généralisée dans le Centre du pays a aussi ses morts, ses blessés et ses milliers de déplacés. La fermeture de plus de 750 écoles pour des raisons d’insécurité. Gouverner, c’est d’être responsable et savoir prendre la bonne mesure, selon la conjoncture et à temps opportun. Mais, c’est ce qui fait cruellement défaut chez nos actuels Gouvernants en manque de culture de prévenir.
Les attaques terroristes, les rapts, les menaces se multiplient quotidiennement contre et les troupes étrangères et nos FAMA et les populations civiles avec leurs biens. Cette situation prouve à suffisance que les forces étrangères ont du pain sur la planche par rapport à la sécurisation de notre pays. Cela, conformément à leur mandat. De Mopti à Kidal en passant par les Tombouctou, Gao et autres Ménaka, la situation du pays, au plan sécuritaire, devient de plus en plus préoccupante. Ce qui a entraîné les velléités de création des groupes d’autodéfense par les communautés ethniques. Un phénomène tout à fait contraire à la politique nationale de la sécurisation des personnes et de leurs biens telle que définie par la Constitution en vigueur.
La MINUSMA : de la sécurisation à l’humanitaire
La Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), créée par la Résolution 2100 du Conseil de Sécurité, du 25 avril 2013, selon son mandat, sert à appuyer le processus de paix dans notre pays et effectuer un certain nombre de tâches d’ordre sécuritaire est aujourd’hui plutôt une force humanitaire que sécuritaire. Donc, contrairement à ce qui est prescrit dans la Résolution 2164 du 25 juin 2014 de l’ONU axée sur ses tâches prioritaires dont la sécurité, la stabilisation et la protection des populations civiles ainsi qu’à l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays, à la reconstruction du secteur de la sécurité, à la promotion et à la protection des Droits de l’Homme et à l’aide humanitaire. Quant à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, la réalité est connue de tous.
La Barkhane vue en force d’occupation et d’immobilisme
La vérité est amère. Mais elle ne crève pas les yeux. La force française Barkhane, installée dans notre pays depuis le début d’août 2014 pour faire barrage aux terroristes n’a pratiquement plus sa raison de rester au Mali. Cela, vu les revirements et le manque d’actions efficaces contre les Hommes d’Iyad Ag Ghali et complices qui règnent la terreur dans toutes les Régions du Nord.
Le G5 Sahel : de l’espoir au désespoir
Jusqu’à présent dans l’impossibilité totale de s’installer depuis sa constitution, la force conjointe sous-régionale du G5 Sahel a déjà prouvé ses limites pour assurer la sécurité de ses propres installations. La preuve ; les terroristes sont allés semer le bordel jusque dans son propre siège, jadis à Sévaré. Ce qui a conduit le transfert à Bamako, en quittant Mopti sur les pointes des pieds, ou, du moins, en prétextant que Bamako serait le centre idéal pour la formation et la qualification de ses troupes. Un aveu d’impuissance qui ne dit pas son nom. « Une force dénommée GS Sahel qui fuit le Sahel, pour s’installer à Bamako, loin du théâtre des opérations, est troublant et donne matière à réflexion », s’est indignée une internaute.
Donc, malgré tous les beaux discours, ces promesses singulières annoncées, lors des conférences dédiées à la mobilisation des fonds pour le financement du projet, rien n’est pour le moment rassurant face au phénomène de terrorisme, de banditisme et de trafic de drogues et d’armes sévissant dans le Grand Nord de notre pays.
Bref, vu les réalités du moment sur le terrain, et connaissant l’espoir que fondaient les populations sur l’arrivée de toute cette armada de troupes étrangères à la rescousse de notre pays, l’on est en droit de conclure que c’est «La montagne qui a accouché d’une souris». Finalement, ce fut un espoir déçu pour notre pays.
Seydou Konaté : LE COMBAT