La campagne électorale en cours au Mali dans le scrutin devant se tenir le 29 juillet, enregistre de nombreux et de très beaux discours. Mais les déclarations ne sont pas que des ambitions démesurées, ça sort parfois de l’ordinaire. Le top 9.
1. « Je suis le candidat de tous les maliens et de tous les partis politiques ! »
L’on ne pourra s’empêcher de glousser si ces propos viennent de la seule cible commune de (presque) tous les 23 autres candidats à la présidentielle. Pour Ibrahim Boubacar Kéita, devant son staff de campagne courant week-end, il n’est pas le candidat « d’un seul clan », mais celui « de tous les Maliens et de tous les partis politiques ». En tant que président et candidat à sa propre succession, IBK est bien entendu le premier responsable et garant de la bonne organisation de ce scrutin, mais dire qu’il est le candidat de « tous les Maliens et de tous les partis politiques », cela relève de l’aberration. Beaucoup lui ont déjà pardonné le lapsus.
2. « L’accord de paix est bon »
Il semble avoir un bon programme avec des éléments convaincants qui ne laissent pas trop ses interlocuteurs balancer dans l’imaginaire. Mais, il manque quelque part de la cohérence dans le discours de Soumaïla Cissé qui reconnait finalement le « bien-fondé » de l’accord de paix. Ce machin qu’il a tant combattu et qu’il serait jusque-là en train de combattre encore si le mandat de son principal anniversaire politique (IBK) n’était pas arrivé à termes. En clair, à travers ce geste de reconnaissance de l’accord de paix, l’on est tenté de croire que Soumaïla Cissé manque de conviction réelle dans son combat politique. Il aurait dû limiter à des promesses de révision de l’accord de paix en vue d’y enlever « les germes de division du pays ».
3. « Je vais réviser l’accord de paix »
Si c’était possible, Soumaïla Cissé l’aurait promis au lieu de reconnaitre ce document qu’il a combattu dans le passé ! Le candidat Kalfa Sanogo promet de renégocier l’accord de paix. Mais dans quel autre sens si ce n’est d’accorder aux groupes armés ce qui leur a été refusé à Alger : l’indépendance totale de l’Azawad. Du moins, l’on comprend aisément par-là que Kalfa Sanogo n’a ni assisté et ne s’est non plus intéressé aux difficultés qui ont couronné l’élaboration et la signature de ce document.
4. « J’ai fait coucher mon père et ma mère »
C’est encore le présidant sortant Ibrahim Boubacar Kéita, candidat à sa propre succession. Lors du meeting de lancement de sa campagne courant week-end dernier, il n’a pas manqué de répondre à l’ensemble des critiques à lui faites ces dernières années par ses adversaires, et surtout les accusations de surfacturation : « Je n’ai pas détourné l’argent destiné à l’armée ». L’enthousiasme est là et devant un stade plein à craquer, IBK se sent requinqué et pète les plombs : « Je suis un enfant béni, ils (ses adversaires politiques) ont tout fait, mais n’ont pas pu. Je suis béni. J’ai fait coucher (dans la tombe) mon père et ma mère ». Du moins, si l’on pouvait laisser les morts se reposer en paix loin de la scène politique. Par ailleurs, IBK aurait pu s’abstenir de tenir de tels propos dilatoires s’il avait accepté de lire le discours à lui remis sur place par son staff de campagne. Ce qu’il a refusé.
5. 1,2 million d’emplois en 5 ans
L’offre est là, mais ça dépasse l’imaginaire. Le candidat de l’ADP/Maliba, Aliou Boubacar Diallo, promet de créer 1 million 200 000 emplois en 5 ans une fois élu président de la République. Faut-il le croire ? Pis, celui qui annonce l’offre semble déjà avoir prouvé ses limites dans le domaine de la création d’emplois. Comment ? Il a fallu l’intervention d’un tribunal en 2015 pour qu’Aliou Boubacar Diallo remette dans leurs droits 310 travailleurs qu’il avait abusivement licenciés de sa société minière Wassoul’Or. Les 310 travailleurs ont été licenciés en février 2015, soit 3 ans seulement après la création de la société minière Wassoul’Or. Durant son existence de trois ans, la société, au lieu d’en créer davantage, a été obligée d’en supprimer au mépris des textes. Alors, au regard de cette triste histoire, peut-ont encore compter sur Aliou B. Diallo au chapitre de la création d’emploi ?
6. « Du travail pour les Maliens ! »
Cheick Harouna Sankaré monte les enchères toujours au chapitre de la création d’emplois. Il ne donne pas de chiffres, mais promet de l’emploi pour les tous Maliens sans distinction de rang social. Faut-il lui rappeler par-là que le chômage est une réalité dans toutes les sociétés du monde, même dans les contrées les plus développées. De l’emploi pour tous les Maliens, ce n’est pas possible. Même dans les rêves.
7. Toujours attendue à Kidal
Kanté Djébou Ndiaye, seule femme dans la course pour la magistrature suprême, avait annoncé sa volonté de lancer sa campagne électorale à Kidal. Elle avait même indiqué la date du 9 Juillet. Mais, jusque-là celle qui dit avec fierté avoir été conseillère de l’ancien président centrafricain François Bozizé, peine à faire le déplacement historique qui lui aurait sans doute permis de créer la différence avec les 23 autres candidats. Occasion de signaler à l’opératrice qui dit avoir rejoint le pays il y a seulement deux mois (donc aucune adresse sur le terrain) que la campagne tend vers sa fin. Si le déplacement sur Kidal s’avère difficile, qu’elle fasse son lancement ailleurs, le Mali est vaste. Dieu veut ce que femme veut, ce n’est (peut-être) pas en politique.
8. « Je cours plus vite qu’IBK »
Ils le font tous en termes de compétences, de visions et d’ambitions pour le Mali, mais Yeah Samaké compte aussi sur l’aspect physique et sanitaire. C’est normal, il est costaud et tient bien sur des pieds fermes, mais aller à dire qu’il court plus vite que le président sortant IBK relève de l’ironie.
Lors d’une conférence de presse ce mardi, Yeah Samaké a indiqué que le président sortant IBK ne tient plus assez physiquement avec 73 ans et que lui, il va plus vite qu‘IBK : « IBK ne peut plus. Même moi si je devais compétir avec IBK sur un tarmac pour monter dans un avion, je serai le premier », a-t-il dit lors de cette conférence de presse et n’en rigolez surtout pas !
Et de rappeler au candidat du PACP que si la santé physique du président de la République comptait pour la gestion d’un pays, l’Algérie aurait longtemps disparu de sur la terre bleue.
9. Onze avions au parking.
Adieu le secret-défense ! Les Maliens savaient que leur armée avait désormais des avions, mais beaucoup ignoraient le nombre exact. C’est désormais 11 avions pour les FAMa et les 4 derniers en provenance du Brésil ont été réceptionnés cette semaine. Le président IBK dit que ça n’a rien de politique. Impossible d’y croire en cette période de campagne électorale et surtout quand le nombre du matériel militaire est exposé pour tenter de justifier le bilan d’un régime en fin de mandat. Ça sort de l’ordinaire ! Le secret-défense impose le silence, à condition que ce ne soit pas des avions de combats mais ceux destinés à repérer des manifestants comme cela a été récemment le cas à Kéniéba où les moyens de l’armée de l’air ont été employés pour arrêter des populations civiles.