Depuis quand manifester pour des élections transparentes et l’égal accès aux médias d’Etat est assimilable à tentative de déstabilisation d’un pays ? Depuis quand est-il permis d’assimiler des manifestants pacifiques à des rebelles ? Depuis quand manifester signifie être ennemi de son pays ?
Il est plus que temps qu’IBK, son Premier ministre et leurs griots comprennent enfin que la tactique qui consiste à déformer les faits, à lancer des accusations malicieuses et à porter le blâme sur autrui, à dénigrer, calomnier et diffamer dans le but de manipuler les masses, qui les ont portés au pouvoir, ne suffit plus à couvrir leurs insuffisances.
Le peuple n’est plus dupe, loin de là. Les manifestants du 2 juin ont prouvé au monde entier qu’ils étaient pacifiques mais déterminés à faire valoir leurs droits. La réaction pacifique de la foule face à l’agression brutale des forces de l’ordre doit être perçue par le pouvoir comme une opportunité de se ressaisir. Le pouvoir doit voir dans la maîtrise manifestée par la foule et ses leaders devant la brutalité des hommes en tenue une occasion de montrer pour une fois sa grandeur, en autorisant et en encadrant la marche du 8 juin. Et aussi de prouvé les intentions malicieuse de l’opposition, si c’est vraiment le cas.
Le gouverneur de Bamako devrait comprendre qu’il ne revient pas à un simple représentant de l’Etat, de surcroît non élu par le peuple, de priver ce même peuple de son droit constitutionnel de manifester. Enfin les forces de l’ordre doivent revenir à leur mission première de servir et de protéger le peuple, au lieu de se mettre au service d’un homme et de son clan pour essayer d’intimider les citoyens par une utilisation disproportionnée de la force.
Je n’ai personnellement pas participé à la marche du 2 juin pour la simple raison que je ne suis ni de la majorité, ni de l’opposition. Je n’ai pas encore choisi mon candidat, car aucun des prétendants n’a encore proposé de réponse aux questions que j’ai soulevées dans plusieurs de mes publications sur Facebook et dans le journal Le Confident et sur Maliweb et Malijet, qui sont de mon point de vue existentielles pour mon pays.
Mais j’étais dans les rues de Bamako les mains nues face aux forces de la mort en mars 91, déjà prêt à mourir pour entre autres droits, celui de manifester pacifiquement. Je n’hésiterai pas à aller grossir le rang des manifestants à l’avenir si le pouvoir persiste à vouloir priver mes concitoyens du droit que nous avons conquis au péril de notre vie de manifester librement et croyez-moi, je ne serai pas le seul.
Boubacar Dia