Dans son dernier rapport sur le Mali, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, demande le maintien sans réduction de leur nombre des Casques bleus de la mission de paix Minusma à la validité mise en cause par les États-Unis. « La présence de la mission demeure cruciale et son mandat pertinent, au vu de la complexité des défis », souligne-t-il dans ce document trimestriel récemment remis au Conseil de sécurité.
«Je recommande en conséquence que le mandat de la Minusma soit prolongé d’un an supplémentaire, jusqu’au 30 juin 2021 à son niveau (d’effectifs) actuel », ajoute-t-il. Le mandat de la Minusma (13.892 militaires et policiers déployés actuellement sur une force pouvant comprendre jusqu’à 15.000 personnes) expire le 30 juin. Le vote d’une résolution prolongeant la force est prévu le 29 juin. Depuis plus d’un an, les États-Unis, premier contributeur financier à l’ONU, mettent régulièrement en cause la validité de cette mission jugée inadaptée à la situation de violences qui continuent de prévaloir au Mali. En réclamant un consensus au Conseil de sécurité pour renouveler la mission, le chef de la diplomatie malienne, Tiébilé Dramé, a estimé mercredi à Bamako qu’elle était « essentielle à la stabilisation » du pays. «On attend beaucoup de la Minusma», a-t-il reconnu, a l’occasion de l’inauguration du nouveau QG de la Force conjointe G5-Sahel dans la capitale.
La Minusma est l’une des opérations de paix de l’ONU les plus coûteuses et meurtrières pour ses membres. Dans son rapport, Antonio Guterres souligne la nécessité d’accentuer le soutien logistique apportée par la Minusma à la Force G5-Sahel (5.000 militaires du Mali, Burkina Faso, Tchad, Niger et de Mauritanie). «Le G5-Sahel a besoin de soutien supplémentaire pour remplir son rôle contre l’extrémisme et le terrorisme dans la région du Sahel », écrit-il, alors que Washington refuse une implication plus forte de l’ONU pour aider cette force balbutiante qui a mené en mars sa première opération régionale, baptisée Sama. Concernant le Mali, il fait part de sa « profonde inquiétude » face à une « situation des droits humains (qui) continue de se détériorer, notamment dans le centre ».
« Les allégations de violations des droits humains contre des forces de défense et de sécurité doivent faire l’objet d’enquêtes et leurs responsables traduits en justice ». À Bamako, Tiébilé Dramé a fait valoir que « les gouvernements » de la région « n’encouragent pas les violations des droits humains. Et quand elles se produisent, des mesures appropriées sont prises pour y remédier », a-t-il assuré.
Antonio Guterres réclame aussi dans son rapport une accélération de l’application de l’accord de paix de 2015, avec davantage de décentralisation administrative, de développement économique et de présence policière territoriale dans le centre et le nord du Mali.
Komi