La crise sociopolitique au Mali est arrivée à un point sensible de son histoire. Plus que jamais, les différentes parties en crise ont désormais basculé dans une crise de confiance totale, mettant en cause l’espoir d’un dialogue. Annoncé le dimanche lors de son adresse à la nation, le dialogue entre IBK et le M5-RFP n’a pas eu lieu. Dicko et ses amis ont opposé un non catégorique pour une rencontre avec IBK censée se tenir hier, mardi 16 juin 2020.
Le pays est assis sur une poudrière. Personne ne peut le démentir même à Koulouba, les sceptiques sont désormais conscients que les dieux qui ont souvent prêché pour le régime IBK ne semblent plus dans la même dynamique.
En effet, le Président de la République avait annoncé dans son discours à la nation du 14 juin qu’il invitait les acteurs sociaux politiques à un dialogue. Lequel avait été entamé avec le cadre d’action, de médiation et de veille, des confessions religieuses et des organisations de la société civile avec le président pour trouver une solution à la crise. Le Président avait rencontré l’Imam Dicko et Choguel chez l’ancien président Moussa Traoré à la veille de l’adresse à la nation. Dicko lui avait conseillé de vite agir en s’adressant à la Nation sans faire autant de commentaires. Alors qu’une nouvelle rencontre était programmée entre eux hier mardi 16 juin 2020, celle-ci n’a pu tenir pour la simple raison que le Mouvement du 5 juin du Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a refusé de rencontrer le Président de la République.
Ce refus pour certains, émane du fait que le Président méprise la contestation populaire qui demande sa démission. C’est pourquoi il n’a rien proposé en termes de solution face aux difficultés éprouvantes, mais aussi des précédentes créées par la mauvaise gouvernance du pays. En clair, les forces patriotiques disent ne pas se retrouver dans ce Discours que d’aucuns jugent insuffisant au regard de la profondeur de la crise actuelle. Car, IBK serait dans son rôle de ses habitudes hollywoodiennes qui est de jouer avec les acteurs sociaux quand il y a contestation et de profiter d’une rencontre officielle pour braquer les cameras du Mali et du monde entier sur la scène afin de faire croire à une réconciliation.
Un refus qui met désormais la pression sur le locataire de Koulouba. Dans une telle situation, il fallait changer de discours pour donner confiance au M5-RFP, qui projette une manifestation ce vendredi 19 juin. C’est donc dans cette démarche, mais aussi de donner une réponse au cadre d’action de médiation et de veille, des confessions religieuses et des organisations de la société civile qui avait proposé une médiation que le Président s’est prononcé hier au CICB. Une seconde occasion en 72 heures pour le chef de l’état de saisir la perche tendue par l’Imam Dicko et ses amis à travers le conseil qui lui a été donné de s’adresser au peuple. Cela permettrait peut-être de désamorcer cette marche.
Malheureusement, le Président s’est contenté d’instruire au Chef du Gouvernement, de procéder à “l’application immédiate de l’article 39“ mettant fin à la crise scolaire. En réalité, il a remis les enseignants dans leur droit.
Le Chef de l’État a également annoncé entre autres, la formation d’un gouvernement d’union nationale et des consultations dans les prochains jours pour trouver les solutions en vue de mettre fin à la crise postélectorale.
Le Président de la République a informé l’assemblée que l’honorable Soumaila Cissé, Président de l’URD, est en vie et que la Commission travaille à sa libération.
Certes, cette rencontre, à l’instar de celles avec les confessions religieuses, la société civile, les familles fondatrices de Bamako, la majorité Présidentielle, les Chefs de tribus des Communautés du Nord, s’inscrit naturellement dans le cadre de l’apaisement du climat social, mais le dialogue ne peut se faire en l’absence des vrais acteurs de la crise.
En réalité, si certaines annonces ont été faites, il est clair que celles attendues par l’opinion ont été esquivées par le Président. Il s’agit de la polémique autour de la Cour Constitutionnelle et l’Assemblée Nationale “fabriquée“ des dernières législatives. Pour bon nombre d’observateurs, une deuxième sortie du Président sans aucune décision forte sur les deux institutions n’est qu’une occasion manquée de trop pour reprendre la situation en main ou simplement un manque de volonté. IBK est désormais face à l’épreuve de la bonne foi, car le peuple semble désormais l’avoir retiré sa confiance. Et il a désormais 48 heures pour tenter sa dernière tentative, auquel cas, il devra composer avec les humeurs de son peuple et leurs conséquences le vendredi prochain.
Bourama KEÏTA