Quatre pays africains totalisent à eux seuls la moitié des cas dans le monde. Si le coronavirus n’a pas freiné les efforts, l’argent manque à l’appel.
Les progrès dans la lutte contre le paludisme sont au point mort ces dernières années, met en garde l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lundi 30 novembre, et quelque 400 000 personnes sont mortes encore l’année dernière de la maladie.
L’OMS souligne que ce plateau est particulièrement notable en Afrique, le continent qui connaît le plus de cas de la maladie transmise par les moustiques femelles et le plus grand nombre de morts, selon le rapport que l’agence onusienne consacre à ce fléau chaque année.
En 2019, le nombre d’infections nouvelles tournait autour de 229 millions de personnes, un nombre qui est relativement stable ces quatre dernières années.
Après d’important progrès qui ont vu le nombre de morts chuter de 736 000 en 2000 à 411 000 en 2018 et 409 000 en 2019, l’OMS note qu’il faut « mieux cibler les interventions, de nouveau outils et plus de fonds pour changer la trajectoire globale de la maladie et arriver à atteindre des objectifs communs et agréés internationalement ».
Comme dans de nombreux autres domaines, l’agence note que la moitié seulement des fonds espérés, environ 3 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) sur les 5,6 milliards de dollars visés, ont été levés en 2019. « Le manque de fonds provoque des manques dans l’accès à des outils de lutte contre la malaria qui ont fait leurs preuves », insiste l’OMS et souligne que cela pose « un danger notable ».
Plutôt qu’une approche uniforme, les pays touchés ont commencé à mettre en œuvre des actions plus ciblées sur la base de données locales pour tenter de combattre la maladie.
Paludisme et Covid-19
Avec quelque 94 % du nombre de décès total (384 000 morts des suites du paludisme sur le continent africain en 2019), « il est temps pour les dirigeants à travers l’Afrique et dans le reste du monde de se mobiliser une fois de plus pour lutter contre le défi du paludisme », a demandé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus : « En agissant ensemble et en nous engageant à ne laisser personne en chemin, nous pouvons arriver à notre but commun : éradiquer le paludisme dans le monde. »
En 2019, quatre pays ont concentré près de la moitié de tous les cas dans le monde : le Nigeria (27 %), la République démocratique du Congo (12 %), l’Ouganda (5 %) et le Mozambique (4 %).
Contrairement à d’autres campagnes, l’OMS estime que les campagnes de prévention contre le paludisme n’ont pas été freinées par la pandémie de Covid-19 pour l’heure, mais l’agence juge que « le Covid-19 menace de dérailler plus avant nos efforts de vaincre le paludisme, et en particulier de traiter les malades, a déclaré Matshidiso Moeti, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. En dépit de l’impact dévastateur du Covid-19 sur les économies africaines, les partenaires internationaux et les pays doivent faire plus pour s’assurer que les ressources nécessaires sont disponibles pour développer les programmes anti-malaria qui font une telle différence dans la vie des gens. »
Même des perturbations faibles dans l’accès aux médicaments, de l’ordre de 10 %, auraient pour conséquence 19 000 morts supplémentaires, a calculé l’OMS.
Le rapport souligne par ailleurs que, depuis 2000, 21 pays avaient réussi à éradiquer le paludisme. L’Inde a affiché des résultats spectaculaires ces deux dernières années avec une baisse de 18 % des infections et de 20 % du nombre de morts. Plus impressionnant encore, les progrès des six pays arrosés par le Mékong en Asie du Sud-Est, qui sont sur la bonne voie pour atteindre leur objectif d’éradication de la maladie en 2030. Entre 2000 et 2019, ils ont réussi à faire baisser le nombre de cas de 90 %.