Un Sommet extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO sur la situation sociopolitique au Mali a eu lieu, par vidéoconférence, hier lundi 28 septembre 2020.
Le président du Nigeria Muhammadu Buhari a estimé hier lors du sommet extraordinaire de la CEDEAO qu’il existait encore des « zones grises » à éclaircir au Mali, notamment concernant le vice-président, avant une levée des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Après avoir rencontré l’envoyé spécial de la CEDEAO au Mali Goodluck Jonathan, son prédécesseur à la tête du Nigeria, le président Buhari a indiqué dans un communiqué que, selon M. Jonathan, « les dirigeants militaires (maliens) doivent encore satisfaire à la demande de la CEDEAO d’un vice-président civil et préciser son rôle au sein du gouvernement ». Le poste de vice-président de la transition au Mali est occupé par le colonel Assimi Goïta, chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir le 18 août à Bamako en renversant le président Ibrahim Boubacar Keïta. Ceux de président et de Premier ministre de la transition sont occupés respectivement par Bah N’Daw, un ancien militaire à la retraite qui a prêté serment vendredi, et par Moctar Ouane, un civil, ancien ministre des Affaires étrangères, nommé dimanche. Le président nigérian a demandé à Goodluck Jonathan de présenter un rapport au président en exercice de la CEDEAO, le chef de l’État ghanéen Nana Akufo-Addo, « qui déterminera les prochaines étapes ». Selon M. Buhari, les dirigeants de la CEDEAO « devraient encore discuter des zones grises qui demeurent dans la situation politique au Mali » avant de décider de lever leurs sanctions. La CEDEAO, qui a imposé un embargo sur les flux commerciaux et financiers avec le Mali deux jours après le putsch, avait annoncé vendredi qu’elle lèverait ses sanctions « lorsqu’un Premier ministre civil sera nommé ». Ouvertement, inquiète face au risque d’une emprise durable des militaires sur le processus de transition, la CEDEAO a aussi exigé l’assurance que le vice-président, chargé des questions de défense et de sécurité, ne peut en aucun cas remplacer le président, ainsi que la dissolution de la junte. Elle réclame également la libération des personnalités arrêtées depuis le 18 août, dont l’ancien Premier ministre Boubou Cissé.
Plusieurs sujets d’ordre logique et la sincérité de la junte plombent la transition au Mali. Visiblement, le mali n’est pas au bout du tunnel concernant cet embargo. L’attitude des militaires ne rassure ni une bonne partie des Maliens ni la communauté internationale.
Bourama Kéïta