vendredi 29 mars 2024
Accueil | Politique | LE MALI 57 ANS APRES L’INDEPENDANCE : Un Etat vidé de sa substance territoriale, une nation privée de son outil de défense

LE MALI 57 ANS APRES L’INDEPENDANCE : Un Etat vidé de sa substance territoriale, une nation privée de son outil de défense

Quel est l’événement qui a le plus détourné le Mali de la voie de l’émergence ouverte par les pères de l’indépendance ? Que reste-t-il de l’indépendance du Mali ? Que préconisez-vous pour remettre le Mali sur la voie de l’indépendance politique et économique ? Trois questions que nous avons posées à des personnalités maliennes dans le cadre d’un « Dossier Spécial 22-Septembre ». Elles ne sont pas toutes (personnalités) au rendez-vous pour une raison ou une autre. Mais, nous vous proposons ici l’analyse de celles qui nous ont apporté leur précieuse contribution sur l’indépendance du Mali. Ce que nous retenons de ces analyses, c’est que c’est un Etat vidé de sa substance territoriale et une nation privée de son outil de défense, qui va célébrer demain le 57e anniversaire de son accession à l’indépendance !

DIATROU DIAKITE, ECONOMISTE-CONSULTANT : L’indispensable sursaut patriotique pour la vraie indépendance Du 22 Septembre 1960 à aujourd’hui, l’événement qui a le plus détourné le Mali de la voie de l’émergence ouverte par les pères de l’indépendance est, sans conteste, le coup d’Etat du 19 novembre 1968. Que reste-t-il de l’indépendance ? Il reste, à notre peuple deux choses. Primo, la coquille d’un Etat vidé de sa substance territoriale, de son outil de défense, de son autorité par la généralisation de l’impunité et par la perte de la liberté d’action du gouvernement dans ses relations extérieures. Secundo, retrouver son esprit patriotique, sa résilience à toutes les tentatives de domination étrangère, en se pliant temporairement, mais sans jamais rompre dans les épreuves. Notre peuple a saigné dans les épreuves mais n’est pas mort et ne mourra point. Pour remettre le Mali sur la voie de l’indépendance politique et économique, il faut être vigilant. « On nous pardonnera d’être battus, mais jamais d’être surpris », disait Christian Harbulot, père du concept d’intelligence économique et cofondateur de l’École de Guerre Économique.
Les potentialités géostratégiques et géoéconomiques du Mali sont telles que le pays sera de plus en plus l’objet de convoitises, de bals masqués dans les relations internationales. Face aux menaces de partition du pays, de blocage de son développement, un sursaut patriotique est indispensable autour de plusieurs axes stratégiques et névralgiques. Ainsi, il est nécessaire de mettre en pratique les valeurs fondatrices de notre République à savoir notre devise (Un Peuple-Un But-Une Foi), symbole de l’unité de pensée et d’action de notre peuple ; l’hymne national dédié à la construction du Mali et de l’Afrique Nous devons également mettre nos valeurs ancestrales d’honneur et de dignité au cœur de notre pratique sociale. Cela remettra à l’heure la pendule éthique faisant de l’argent un moyen et non une fin. Eviter le conservatisme des armes, en nous réarmant culturellement, politiquement et économiquement à hauteur des enjeux et défis de développement dans un monde globalisé, un monde de science et de technologie. Nous devons aussi nous approprier, maitriser et appliquer la science et la technologie à notre production de biens et services pour satisfaire les besoins de la majorité de nos concitoyens. Dans l’Etude du réarmement économique du Mali, s’agissant du développement rural, j’écrivais en 2005 : Nous n’avancerons jamais au rythme du monde moderne si nous ne parvenons pas, en quelques décennies, à nous débarrasser de notre passé technologique. En effet, dans le village planétaire, n’oublions jamais que nous devons adopter les armes de l’adversaire ou inventer de nouvelles à hauteur des défis. « Le conservateur qui a entrepris la lutte pour préserver les armes est vaincu d’avance », dit le stratège. Tout cela restera lettre morte si les moyens, mais aussi et surtout les conditions nécessaires et suffisantes ne sont pas réunies. Il s’agit de se donner les moyens du développement du pays en valorisant par exemple les ressources humaines et l’existant économique… Il faut mettre en valeur nos ressources naturelles dans le cadre d’un développement durable. Il est aussi indispensable d’utiliser judicieusement les apports extérieurs pour accélérer le réarmement économique de notre pays. Les décideurs politiques et les leaders de la société civile doivent toujours avoir à l’esprit que le développement est lié à un leadership fort avec une vision claire de la stratégie et structures de sortie de la pauvreté ; une capacité d’incarner un Etat souverain au service du peuple. Et cela en réunissant les conditions de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du territoire ; de la croissance économique et l’équité dans la satisfaction des besoins du peuple. Ce qui implique de savoir et pouvoir rompre le cercle vicieux du sous-développement en concentrant les efforts sur les trois binômes qui sont la paix et la sécurité, l’équité et participation populaire aux actions de développement.
Croissance économique et développement humain durable vont de pair. L’accumulation de richesses sans vision et sans contrat social portés par une forte volonté politique est une machine aveugle et inégalitaire, d’où la nécessité d’une liaison dialectique entre croissance économique et satisfaction des besoins du peuple.
Triple réarmement culturel, politique et économique exige que soient soumis aux exigences de notre développement interne nos rapports avec l’extérieur. C’est l’une des conditions sine qua non pour rompre le cercle vicieux de l’ajustement structurel néolibéral sans fin. Les dirigeants du pays doivent comprendre qu’on ne sort pas d’un cercle vicieux, on le rompt. Et cela en privilégiant l’auto ajustement qui consiste à se ressaisir, à se remettre en cause sans contrainte extérieure et sans se renier ; à mobiliser toutes les ressources nationales et les affecter judicieusement au développement. Mais, ce choix nécessite un sursaut patriotique des forces vives du pays afin de mettre les intérêts du Mali au centre voire au-dessus de tout ! Et ce n’est pas cher payé si cela doit nous permettre de jouir pleinement de notre indépendance politique, économique et socioculturelle !
LE REFLET

Djibril Coulibaly

Voir aussi

ACQUISITION D’AVIONS DE COMBATS ET DE DRONE : Un nouveau cap franchi dans la quête de la souveraineté aérienne

    Le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, a remis jeudi dernier (16 …

Laisser un commentaire

Aller à la barre d’outils