Enlevé le 25 mars 2020 alors qu’il battait campagne dans le cercle de Niafunké pour les élections législatives, l’on est jusqu’à présent sans nouvelle de l’honorable Soumaila Cissé. Cette situation inédite commence à irriter véritablement les militants, cadres et sympathisants de son parti, l’URD,et même ses amis politiques du FSD, qui ne cachent plus leur colère vis-à-vis des autorités qui ne semblent pas faire assez pour la libération de Soumaila Cissé. L’heure est non seulement à la prière pour que Soumaila Cissé revienne sain et sauf, mais aussi et surtout, aux questionnements sur la bonne foi des autorités qui ne semblent pas fournir des efforts à hauteur de souhait pour obtenir la libération du chef de file de l’Opposition. IBK mesure-t-il la gravité, voireles conséquences de la détention prolongée de Soumaila Cissé, septuagénaire comme lui ? Qu’est-ce qui se cache derrière cette lenteur ?Les militants de l’URD et du FSD n’ont-ils pas d’autres moyens de pression sur le gouvernement ?
Une frange importante du peuple malien, toutes tendances politiques, toutes obédiences religieuses confondues, s’indigne aujourd’hui de la détention prolongée du chef de file de l’opposition, enlevé depuis le 25 mars 2020 à Niafunké par des terroristes. Cette situation très inconfortable pour notre pays et pour les nombreux fans et militants du parti de Soumaila Cissé, semble laisser indifférent les autorités maliennes, en tout cas à en juger par les actes posés jusque-là. Il a fallu attendre 72 heures après son enlèvement pour voir mettre en place, disons verbalement, un comité de crise dont le décret de nomination de son chef, qui se trouve être l’ancien Premier Ministre Ousmane Issoufi Maiga, n’a pas été signé jusque-là. Pourquoi cette lenteur ? Ne donne-t-on pas l’occasion aux détracteurs du Mali de rappeler le manque de rigueur de nos autorités ? En effet, de la mise en place de ce comité jusqu’à maintenant, les maliens n’ont vu aucun acte concret donnant l’espoir d’une libération imminente de Soumaila Cissé. Au point que le FSD et l’URD, la main dans la main, ont tenu une conférence de presse pour fustiger le comportement du gouvernement et exprimer leur ras-le bol face au statu quo.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU, l’UA, la CEDEAO et l’UEMOA n’ont pas caché leur préoccupation face à ce qu’elles ont qualifié de détention prolongée de Soumaila Cissé et ont instruit au gouvernement malien de tout mettre en œuvre pour la libération sans délai de l’Honorable Cissé. Le hic est que malgré tout ce cri de cœur, le gouvernement d’IBK ne semble bouger d’un iota. Ce comportement pour le moins incompréhensible des plus hautes autorités du Mali, ne manque pas de susciter beaucoup de réactions. Certains vont jusqu’à soupçonner les autorités d’être complices de son enlèvement. Beaucoup sont unanimes à dire que l’inertie du gouvernement ne pourrait avoir d’autres explications que sa volonté de voir garder longtemps le chef de file de l’Opposition, dans le seul but de l’humilier avant de le libérer. Sinon, plusieurs jours après la libération de tous les membres de sa délégation, il n y a pas de raison que Soumaila Cissé ne puisse pas retrouver sa liberté. Beaucoup d’observateurs lient la détention de Soumaila Cissé à son statut de principal opposant au régime, donc un homme très gênant qui a donné du fil à retordre à IBK, et pour lui faire payer sa farouche opposition le régime aurait fait le choix de traîner les pieds, afin de le voir souffrir. C’aurait été un député français, enlevé au Mali, toute la République se serait mise en branle pour le retrouver.
En somme, si IBK savait les conséquences de la détention prolongée du chef de file de l’Opposition, tant sur son régime que sur le Mali, il se débattra pour le faire libérer, car l’image du pays s’en trouve ternie.
Youssouf Sissoko