Cela fait bien quelques mois que la course effrénée des autorités de la Transition vers une normalisation des institutions politiques a commencé. Un peu plus d’une année pour organiser une présidentielle libre, crédible et transparente avec l’adhésion de tous, et ce, en assurant la stabilité du bateau Mali plus que jamais livré aux flots incessants du terrorisme et de l’insécurité. Cependant, ce qui taraude l’esprit de plus d’un Malien, c’est surtout la foi qui anime les tenants du pouvoir actuel, même si, la dissolution officielle tant attendue du CNSP a été faite.
Dans les coulisses de la Transition, œuvre-t-on pour autre chose que pour le devenir à court et moyen du terme du pays ? Les tenants du pouvoir actuel sauront ou pourront-ils accomplir leur travail, sans se servir dans les maigres ressources de l’Etat, et mieux encore, sans chercher d’une manière ou d’une autre à s’installer durablement dans l’exercice du pouvoir pour les prochaines années ? Autant de questions qui pour l’instant restent sans réponses.
Surtout que, pour un pays aussi démuni que le Mali, l’on assisterait à des mesures dont l’utilité interpelle comme par exemple la mise en place d’un Conseil National de Transition ; l’organe législatif dont on se demande encore quel travail peut bien faire ses membres pour mériter un salaire de 1 500 000 F CFA par mois, selon Ben Le Cerveau. Il y a aussi la mise en place prochaine d’un organe chargé de la bonne organisation de l’élection présidentielle, en plus du CENI et du ministère en charge des Collectivités Territoriales.
Cependant, la dissolution du CNSP survenue en milieu de semaine a eu de quoi soulager ceux qui pensaient que les putschistes avaient une idée sombre en tête. Surtout que cette dissolution aura pris du temps à être une réalité. Rappelons aussi que le vice-président, président du désormais défunt CNSP, Assimi Goita, pouvait être le président de la Transition si ce dernier venait à être empêcher, selon un premier projet de la charte de la Transition. Une disposition assez vite abandonnée sur l’insistance des chefs d’Etat de l’espace CEDEAO.
Mais, il y a un détail qui prouve relativement que les ex putschistes devront s’éclipser de la scène politique après l’investiture du nouveau président de la République. Il s’agit de l’article 9 du Chapitre I du titre III de la charte de la Transition qui stipule que « le président et le vice-président de la Transition ne sont pas éligibles aux élections présidentielles et législatives qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition ». Idem pour les membres du gouvernement de la Transition selon ladite charte. Ce qui veut dire par exemple que le colonel Sadio Camara, ministre de la Défense et des Anciens Combattants et acteur phare du putsch ne peut être candidat au fauteuil présidentiel. Néanmoins, il semble que les membres du CNT ne soient pas frappés par une telle interdiction. Dans ce cas, le président de ce Conseil, Malick Diaw, serait-il le porte étendard de l’ex junte pour la présidentielle de 2022 ?
A Ajouter qu’avec la dissolution du CNSP, la révision de la charte devient inévitable. Car selon le dernier article de la charte, le CNSP demeure encore sur le papier seul entité autorisée à prendre « les mesures nécessaires au fonctionnement des pouvoirs publics, à la vie de la Nation, à la protection des citoyens et à la sauvegarde des libertés, ce jusqu’à la mise en place des organes de la transition ». De telles prérogatives devraient, en toute logique, revenir à la Présidence de la Transition.
Mais alors, tout irait pour le mieux ?
Des tractations seraient d’ores et déjà en cours en vue de la prochaine présidentielle. Donner des noms et tisser des hypothèses sur des supposés calculs politiques seraient bien présomptueux de notre part. Surtout que d’ici là, la route semble un peu longue. Toutefois, il paraitrait que Bamako aurait dans les jours à venir son propre « karamoko » à l’image d’un Bouyé Haidara à Nioro, qui aurait une mainmise assez considérable sur les considérations politiciennes et financières. Ce serait même déjà le cas, selon des indiscrétions. Autre bruit de couloir qui devra être confirmé ou infirmé, c’est que l’ « homme d’Alger », tel est son surnom dans une certaine presse, serait devenu l’homme de la junte pour la présidentielle. Ce même homme, personnalité hautement expérimenté des hautes sphères du pouvoir marcherait main dans la main avec le nouveau « Karamoko » supposé de Bamako.
D’ici la fin de l’année en cours, la lanterne du Malien lambda sera éclairée.
Ahmed M. Thiam